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Education: la ministre Dookun-Luchoomun évoque les changements à venir

12 janvier 2015, 15:21

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Education: la ministre Dookun-Luchoomun évoque les changements à venir

Pour cette rentrée, ils sont 12 782 nouveaux écoliers à intégrer les écoles primaires, tandis qu’environ 14 000 collégiens seront admis en Form I. Cependant, beaucoup parmi eux ne savent pas encore que le secteur éducatif mauricien se trouve actuellement dans une phase transitoire.

 

Le Nine-Year Schooling, la disparition du Certificate of Primary Education (CPE) et de l’Enhancement Programme (EP) dans le primaire, ou encore le lancement de nouvelles matières dans le secondaire… Autant de questions qui prêtent à confusion dans la tête des élèves et des parents.

 

L’express a tenté d’apporter des éléments de réponse et de dissiper le flou à travers un entretien avec la ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et des Ressources humaines, Leela Devi Dookun-Luchoomun. Cette dernière ne souhaite pas dévoiler complètement ses projets, mais a bien voulu donner un aperçu des changements à venir.

 

Le contenu du cursus

 

Le primaire connaîtra plusieurs changements. Le contenu du cursus scolaire sera «léger mais intéressant». Il sera revu de façon à ce que les écoliers reçoivent une éducation complète. «Il est important de s’assurer que les élèves ne reçoivent pas qu’une éducation académique. Ils devraient pouvoir développer tous leurs talents à l’école», fait ressortir la ministre.

 

Concrètement, l’accent sera mis sur les valeurs morales, annonce-t-elle, mais également sur la créativité ou les talents artistiques qui mèneront à l’épanouissement de chaque enfant. «Dans les jours à venir, nous ajouterons des Core Values qui seront introduites au cursus. Notamment le patriotisme, l’honnêteté et la discipline. L’enseignement des valeurs sera une priorité», annonce Leela Devi Dookun-Luchoomun.

 

Par ailleurs, le cursus du primaire sera allégé, de façon à ce que les enfants puissent apprendre différemment. Par exemple, les leçons ne seront pas apprises uniquement dans les manuels scolaires, mais aussi à travers des sorties, des pièces de théâtre et d’autres moyens créatifs. Et tout cela sera fait pendant les heures de classe, d’où la disparition de l’EP.

 

Au secondaire, l’Histoire, en tant que matière, sera lancée dès que le nouveau cursus sera complété . L’Entrepreneurship Education sera maintenu.

 

Le Nine-Year Schooling

 

«Le ministre précédent avait parlé du Nine-Year Schooling mais jusqu’à présent, rien de concret n’a été fait. C’est maintenant que le travail commence», souligne Leela Devi Dookun-Luchoomun. Le projet étant toujours à un stade rudimentaire, la ministre de l’Éducation en décrit les grandes lignes. «Pour que les élèves passent du primaire au secondaire, la régionalisation est importante», avance-t-elle. Selon elle, la régionalisation, qui avait commencé sous le régime MSM-MMM à partir des années 2000, a déjà porté ses fruits.

 

Nous apprenons que des Junior Secondary Schools et des Upper Secondary Schools seront créées. La première catégorie de collèges accueillerait des élèves de la Form I à la Form III, et la seconde catégorie accueillerait des élèves de la FIV jusqu’en HSC.

 

«Ce sont des possibilités. Étant donné que ce n’est que maintenant que nous commençons à travailler dessus, il m’est impossible de donner des éléments définitifs à ce stade et encore moins de dire quand exactement ce sera mis sur pied», précise Leela Devi Dookun- Luchoomun.

 

Le cas du CPE

 

Durant la campagne électorale, les deux principaux blocs politiques étaient sur la même longueur d’onde en ce qui concerne les examens du CPE : ceux-ci étaient condamnés à disparaître. Où en sont les choses aujourd’hui? Leela Devi Dookun-Luchoomun souligne que le CPE deviendra plutôt une «évaluation» lorsque le Nine-Year Schooling sera mis en pratique. «Le CPE ne sera pas un examen aussi compétitif qu’il l’est maintenant. Cependant, à la fin de la sixième, une épreuve sera nécessaire pour passer du primaire au secondaire.»

 

Afin de permettre à un plus grand nombre d’élèves de réussir cette «évaluation», la ministre indique qu’elle a l’intention d’instaurer au plus vite le Remedial Work (travaux de rattrapage pour les élèves présentant des difficultés), et ce, dès le Standard I. «Si l’on identifie déjà les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage à ce stade, l’on arrivera à les récupérer et ils n’auront pas de difficulté à compléter leur scolarité.»

 

Leela Devi Dookun-Luchoomun ajoute que la compétition est importante, mais à un autre niveau, plus tard, et non dans le cycle primaire. Selon nos renseignements, les contrôles continus compteront également pour ces examens.

 

Les leçons particulières

 

Dans le primaire comme dans le secondaire, les leçons particulières font polémique. Certains parlent même d’école parallèle. Devrait-on les limiter ? La ministre de l’Education est d’avis que l’espace alloué aux leçons particulières a pris d’importantes proportions. Elle estime qu’aussi longtemps qu’on pratiquera des examens compétitifs, les parents continueront à exercer une pression pour que leurs enfants prennent des leçons particulières. «Je suis d’avis qu’il faut contrôler les leçons particulières mais pour faire cela, il faudra rencontrer les parties concernées et les parents», précise-t-elle.

 

Absentéisme dans le secondaire

 

Chaque année, à partir du troisième trimestre, le taux d’absentéisme tourne autour de 30 % à 50 % dans les collèges pour les Upper Secondary Classes. Arrivé à la fin du deuxième trimestre, le taux d’absentéisme atteint les 80 % dans les collèges nationaux. Que compte faire le ministère de l’Éducation pour remédier à ce problème ?

 

«Il va falloir plus de contrôle dans les écoles. Les membres de la direction de ces collèges devront prendre leurs responsabilités», répond Leela Devi Dookun-Luchoomun. Et d’ajouter qu’elle compte bien rencontrer les élèves du secondaire pour leur demander les raisons exactes de leur absence. «Il faut savoir s’ils ne viennent pas à l’école ou s’ils s’absentent de certaines classes en particulier. C’est après avoir pris connaissance des root causes que je pourrai agir», souligne-t-elle.

 

Cambridge ou baccalauréat ?

 

Plusieurs professionnels de l’éducation estiment que Cambridge est dépassé et que le pays devrait se tourner vers le baccalauréat, qui prône une éducation plus ouverte et complète. Leela Devi Dookun-Luchoomun déclare qu’elle n’est pas contre une éventuelle adoption du système de baccalauréat. Toutefois, changer tout un système, «cela ne se fait pas du jour au lendemain»

.

Entre-temps, elle propose une meilleure collaboration avec Cambridge, ainsi que de nouveaux projets et examens. «Il faut que nous apprenions de Singapour, de l’approche de ce pays avec Cambridge. Nous devons savoir taper du pied et venir avec de nouvelles requêtes. Cambridge ne peut pas refuser.»

 

Les institutions supérieures

 

Les controverses dans le secteur de l’enseignement supérieur ont donné lieu à plusieurs questions. Étant donné que le coût des études universitaires dans les pays européens est presque prohibitif, les Mauriciens espèrent obtenir une éducation de qualité au pays. D.Y Patil, EIILM University… Autant d’institutions qui, au final, octroient des certificats non reconnus. Quelles sont les garanties pour les étudiants mauriciens ?

 

«Je peux affirmer qu’un grand nettoyage est en train d’être effectué dans ce secteur. Déjà, l’on a objecté à ce que D.Y. Patil recrute des élèves et EIILM devra, je pense, fermer ses portes», indique la ministre. Elle ajoute qu’une équipe composée de professionnels anglais travaille actuellement sur un exercice d’audit complet des établissements d’enseignement supérieur.

 

Qu’en est-il de la qualité de l’éducation, quand on sait que pour certains cours, le niveau, dans des universités publiques par exemple, laisse à désirer car on privilégierait la quantité plutôt que la qualité? «C’est choquant, mais l’audit va prendre en considération tous ces aspects, y compris le niveau d’études», explique-t-elle. Leela Devi Dookun-Luchoomun soutient qu’il va falloir très vite «se ressaisir» dans ce secteur, car il y va de la réputation du pays.