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2015, une année de défis multiples

1 janvier 2015, 12:06

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2015, une année de défis multiples

La crise financière en Russie et les relents de Guerre froide autour de l'Ukraine, l'essor des djihadistes de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest dont le bilan frôle désormais les 8.000 morts: les sujets brûlants de l'actualité internationale de 2014 vont se prolonger cette année.

 

"Normalement, au terme d'une année comme celle que nous venons de vivre, nous pourrions nous attendre à ce que les choses se calment un peu, mais aucun de ces problèmes n'a été réglé et leurs causes ne disparaîtront pas", souligne John Bassett, ancien responsable de l'agence britannique de renseignement électronique GCHQ aujourd'hui chercheur associé à l'université d'Oxford.

 

Dans un rapport publié en juin, l'Institut de l'économie et de la paix, qui tente de mesurer l'équilibre mondial entre guerre et paix, indiquait que la situation s'était détériorée dans le monde pour la septième année consécutive.

 

En novembre, le même centre d'étude et de recherche a montré que les décès liés à des attaques de groupes armés avaient bondi de 60%, à un niveau jamais vu.

 

"Le spectre des défis devant nous est inhabituellement étendu", note Kathleen Hicks, ex-membre de l'administration américaine aujourd'hui au Center for Strategic and International Studies.

 

Cinq pays principalement expliquent l'impressionnante progression du nombre des victimes d'attaques armées et d'attentats: L'IRAK ET LA SYRIE, dont des territoires entiers sont depuis l'été dernier sous la coupe des djihadistes de l'Etat islamique; L'AFGHANISTAN, où les taliban entendent bien exploiter la fin de la mission de combat des forces étrangères qui y étaient déployées depuis treize ans; LE PAKISTAN et LE NIGERIA, où l'armée semble impuissante à enrayer les assauts des islamistes de Boko Haram dans le nord-est du pays.

 

LA LIBYE, où deux administrations rivales se disputent légitimité et pouvoir, pourrait venir s'ajouter à cette liste: plus de trois ans après la chute et la mort de Mouammar Kadhafi, le pays plonge dans le chaos et se transforme en un "trou noir".

 

"Aujourd'hui, chacun en convient, ce qui se passe en Libye ce n'est ni plus ni moins, sur fond de chaos politique et sécuritaire, que la résurgence d'un sanctuaire terroriste dans l'environnement immédiat du continent européen", a déclaré mercredi le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a passé le réveillon à N'Djamena avec les soldats français de l'opération Barkhane, le dispositif antiterroriste mis en place l'été dernier dans la bande sahélo-saharienne.

 

"Ce serait donc une erreur profonde pour la communauté internationale que de rester passive face au développement d'un tel foyer de terrorisme au coeur de la Méditerranée, il ne faut pas l'accepter; l'ensemble des acteurs doit se mobiliser", a-t-il ajouté. (voir )

 

Cette explosion de violences et cette multiplication des fronts surviennent à un moment où les capacités de réponse militaire des Occidentaux sont entamées par les restrictions des budgets consacrés à la défense.

 

En EUROPE, les regards sont tournés vers LA RUSSIE qui a annexé en mars la Crimée après un référendum d'autodétermination condamné par Kiev et la majeure partie de la communauté internationale et est accusée d'attiser l'insurrection séparatiste dans l'est de l'Ukraine.

 

Certains responsables politiques espèrent que les difficultés économiques de la Russie, qui se prépare à une récession d'ampleur en 2015 accentuée par les chutes des cours mondiaux du pétrole et du rouble, limiteront les ambitions de Vladimir Poutine. D'autres redoutent à l'inverse que cette mauvaise conjoncture économique le rendent encore plus imprévisible.

 

LA CHINE continue elle d'affirmer sa puissance militaire. Pékin a réitéré ses revendications territoriales en mer de Chine du Sud, dont les fonds regorgent probablement de pétrole et de gaz. Ces aspirations se heurtent à celles du sultanat de Brunei, de la Malaisie, des Philippines, du Vietnam et de Taiwan.

 

En mer de Chine orientale, c'est face au Japon que la Chine se retrouve en confrontation sur la possession d'un chapelet d'îlots, les îles Senkaku pour Tokyo, Diaoyou pour Pékin.

 

La multiplication des fronts sur lesquels les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, sont mobilisées pourrait inciter d'autres Etats, dans d'autres régions du monde, à pousser leurs pions. Diplomates et analystes pensent notamment à LA CORÉE DU NORD, qui s'est retrouvée dans les derniers jours de 2014 à la une de l'actualité mondiale après avoir été accusée par Washington d'être responsable du piratage informatique dont a été victime le studio hollywoodien Sony Pictures Entertainment.

 

"Le piratage récent de Sony a mis en lumière la vulnérabilité de l'Occident face à la menace croissante posée par les cyber-attaques", relève Alastair Newton, analyste politique chez Nomura.

 

Le régime de Pyongyang a démenti toute implication dans l'affaire et son dirigeant, Kim Jong-un, dans son message du Nouvel an, vient d'affirmer qu'il ne voyait "pas de raison" de rejeter une reprise du dialogue avec la Corée du Sud.

 

Au MOYEN-ORIENT, les négociations sur le programme nucléaire de L'IRAN sont censées aboutir d'ici à la mi-juin.

 

Un accord entre Téhéran et les puissances du P5+1, qui regroupe les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et l'Allemagne, plus de douze ans après le début de la crise, serait historique et de nature à réintégrer la puissance chiite dans un jeu diplomatique normal.

 

Mais quelle serait alors la réaction d'ISRAËL, qui considère que la république islamique veut se doter de la bombe atomique et qu'un tel développement ferait courir un danger mortel pour son existence ?

 

En IRAK et en SYRIE, la coalition militaire mise en place par les Etats-Unis va poursuivre ses frappes contre l'Etat islamique.

 

Contrer la progression du groupe armé d'Abou Bakr al Baghdadi est un objectif partagé par les Occidentaux, les Etats du Golfe, la Turquie, la Russie et la Chine. Pour autant, cet ennemi commun n'a pas permis en parallèle un rapprochement de leurs positions divergentes sur le sort du président syrien Bachar al Assad.

 

Sur un tout autre front, en AFRIQUE DE L'OUEST, les premiers mois de l'année devraient être cruciaux dans le combat engagé contre un ennemi d'un autre genre: le virus Ebola.

 

L'épidémie hors du commun qui fait rage depuis un an en GUINÉE, au LIBERIA et en SIERRA LEONE a fait plus de 7.900 morts sur un total dépassant les désormais les 20.000 cas, d'après le dernier bilan communiqué mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La situation demeure particulièrement préoccupante en Sierra Leone.

 

"Nous devons nous tenir prêt à un effort soutenu sans doute pendant toute l'année 2015", a prévenu la semaine dernière le Pr Peter Piot, directeur de l'Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de Londres qui faisait partie de l'équipe qui a isolé le virus pour la première fois en 1976.

 

"Des centres de traitement ont à présent été établis en Sierra Leone, où on ne voit plus des gens mourir dans les rues", a-t-il ajouté. Mais il juge que la mise au point d'un vaccin est aujourd'hui essentielle.