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Ramgoolam soumet sa démission au Président de la République

13 décembre 2014, 18:44

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Ramgoolam soumet sa démission au Président de la République

Après 9 ans au pouvoir, Navin Ramgoolam a soumis sa démission au président de la République aujourd’hui samedi 13 décembre, peu après 18 heures. Cela suite à sa cuisante défaite lors des dernières élections.

 

La démission du leader du Parti travailliste sera suivie de plusieurs autres occupant des postes de haute responsabilité, dont celle de plusieurs nominés politiques. Sont concernés Amédée Darga, Chairman de Enterprise Mauritius, Dan Callikan, directeur de la MBC, Khushal Lobine, Chairman de la SICOM et Serge Petit, Chief Executive Officer de Airports of Mauritius Company Ltd. Selon certaines sources, le Président de la République, Kailash Purryag pourrait aussi claquer la porte du Château de Réduit.

 

Le Premier ministre entrant sir Anerood Jugnauth devrait, lui, soumettre les noms des nouveaux membres du Conseil des ministres au Président et prêter serment. Une des principales tâches incombant au gouvernement : préparation du prochain budget.

 

Le 10 décembre, Navin Ramgoolam a été battu à plate couture, évincé de la course politique par trois néophytes, à savoir Soodesh Callichurn, Sanjeev Teeluckdharry et Sharvanand Ramkaun. Pourtant, l’idée de la défaite ne lui avait jamais traversé l’esprit, tant Navin Ramgoolam, qui a été élu en tête de liste à cinq reprises (1991, 1995, 2000, 2005, 2010) à Pamplemousses-Triolet (n° 5),  était convaincu de la fidélité de son électorat, le jour du scrutin et même le jour du dépouillement. Car un candidat qui flaire la défaite ne passe pas autant de temps au centre de dépouillement. Or, il a passé trois heures et demie au Droopnath Ramphul State College jeudi, s’assurant que le dépouillement se faisait dans les meilleures conditions qui soient.

 

Pourquoi le Premier ministre sortant a-t-il chuté ? Aux yeux de Vivekanand Bhoyroo, proche de Navin Ramgoolam, ce dernier a été «trahi» par son électorat plus particulièrement par ceux qu’il a pourtant aidés. «Ceux qui ont beaucoup reçu de Navin Ramgoolam n’ont pas voté pour lui», soutient-il.

 

Toutefois, d’autres ont une tout autre explication. Dev Sobarrun, celui qui a créé le Ravived Council. Selon lui, le Premier ministre sortant s’en remettait trop à ses conseillers. «Quand on voulait le rencontrer, il fallait toujours passer par ses conseillers et toutes les lettres qui lui étaient adressées devaient passer par sir Bhinod Bacha.» Une erreur selon notre interlocuteur.

 

C’est aussi le point de vue de Nandeo Sewpaul, qui a été candidat indépendant au n°5. «Sans doute que, comme moi, plusieurs habitants de Triolet ont été déçus par son refus de les rencontrer».

 

Navin Ramgoolam a lui-même reconnu qu’il y a eu «certains manquements» et il a affirmé qu’il mettrait en place une structure en vue d’être plus près de son électorat. «Mo bizin zwenn zot pli souvan», avait-il dit.

 

Un autre facteur a pesé encore plus lourd dans la balance. Il s’agit du taux de chômage. Dans cette circonscription, surtout dans le village de Triolet, un grand nombre de jeunes diplômés ne trouvent pas d’emploi à la mesure de leurs qualifications. Ce qui aurait poussé une bonne partie de l’électorat à le sanctionner.

 

Il y a aussi sans doute l’usure du pouvoir. Ayant occupé le fauteuil de Premier ministre pendant neuf années et demie consécutives,  Navin Ramgoolam a fait plus de mécontents que d’heureux. Avant lui, sir Anerood Jugnauth avait connu le même sort (en 1995) et plus tôt, sir Seewoosagur, avait été emporté par un vent de changement en 1982, après être resté trop longtemps au pouvoir.

 

Mais ce ne sont pas là les seuls facteurs à avoir fait du tort à Navin Ramgoolam. Le restaurant du pandit Sungkur de même que les terrains accordés à bail à la famille Woochit ont fait couler beaucoup d’encre. Et même dans le camp des travaillistes, ils ne sont qu’une poignée de «petits copains» à avoir autant bénéficié de ses largesses. Les relations Soornack-Ramgoolam sont aussi mal digérées par l’ensemble des Mauriciens, surtout par l’électorat des régions rurales. Ces relations ont beaucoup contribué à la chute de Navin Ramgoolam, surtout après la parution des photos de la soirée montrant le Premier ministre dansant avec la femme d’affaires.

 

Mais la cerise sur le gâteau aura sans doute été le projet de seconde République. Un projet rejeté par une grande majorité des électeurs, dont ceux de la circonscription n°5. Présenter Paul Bérenger comme le futur Premier ministre n’a pas été accepté par les électeurs des régions rurales. Il est du reste à noter qu’à chaque fois que Paul Bérenger a été présenté comme Premier ministre (en 1983, 2005, 2010 et 2014), il s’est retrouvé sur le siège de leader de l’opposition. Il ne faut toutefois pas minimiser l’impact de la campagne agressive de l’alliance Lepep sur le terrain.

 

Résultat : Navin Ramgoolam n’a pu échapper à la défaite. Saura-t-il tirer les leçons qui s’imposent et rebondir ? Seul l’avenir le dira.