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Kee Chong Li Kwong Wing, porte-parole économique du MMM: «Cette élection sera la plus sectaire de l’histoire de Maurice»

5 décembre 2014, 14:00

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Kee Chong Li Kwong Wing, porte-parole économique du MMM: «Cette élection sera la plus sectaire de l’histoire de Maurice»
Il se dit en faveur de la lutte des classes, non pour la lutte des races. Ce qui est là un des fondements du parti du coeur. Déçu par les déclarations de Navin Ramgoolam sur Paul Bérenger ainsi que par celles de Rajesh Bhagwan à son encontre, le député sortant du n° 20 se livre aussi sur sa non-investiture.
 
Êtes-vous toujours un disciple de Confucius ?
Oui… Pourquoi ?
 
 
Sur le livret de la fondation de votre mère, il est écrit qu’il faut apprendre à un homme à pêcher afin qu’il puisse continuer à manger…
 
(Rires). Je ne sais pas qui a initié Navin Ramgoolam à la pêche. Quand on analyse ses propos, ses intentions vis-à-vis du MMM sont clairement malveillantes. Quand il dit avoir pêché un requin, c’est qu’il va le tuer. Ses propos font mal aux militants et leur rappellent qu’il disait que sa mission était d’en finir avec le MMM.
 
 
C’est son message dans le clip «Vire Mam»…
 
Les militants n’ont pas à aller visionner le clip du Mouvement socialiste militant pour se souvenir. Leurs blessures sont encore ouvertes. D’où le malaise chez les militants coaltar. Ce qui explique pourquoi l’alliance PTr-MMM a beaucoup de mal à les attirer à ses meetings.
 
 
Comment un vieux militant qui a été le porteparole économique du MMM à l’Assemblée nationale s’est-il retrouvé sans ticket ?
 
Je suis moi-même dans l’incompréhension la plus totale. Je n’ai toujours pas compris ces calculs qui soi-disant relèvent de la realpolitik. Je n’ai jamais eu la langue dans ma poche et je ne cacherai pas que j’ai le coeur gros. Quand je rencontre les militants, surtout ceux qui n’attendent rien de moi, ils me disent qu’ils avaient placé leur espoir en moi, que je pouvais faire beaucoup de choses pour le pays. Je me suis alors senti blessé. Humilié.
 
 
Qu’est-ce qui vous a été promis après qu’on a décidé de ne pas vous offrir d’investiture ?
 
Je ne vois pas les choses dans cette perspective. Il vous faut réaliser que les deux leaders de l’Alliance de l’Unité et de la Modernité ont estimé qu’il n’y avait pas de place pour moi dans une course de Formule 1. En contrepartie, ils veulent bien me laisser le volant d’une grosse Rolls-Royce…
 
 
Celle que vous avez bienveillamment acceptée, selon les dires de Rajesh Bhagwan ? Est-ce la Banque de Maurice ? La State Bank ?
Li irrelevant sa ! Tout le monde sait qu’un poste de haute responsabilité d’une des plus grandes institutions financières m’a été offert… Les déclarations de mon ancien colistier sont très blessantes. Rajesh Bhagwan parle de mon cas avec légèreté alors qu’il arrive difficilement à expliquer à nos mandants pourquoi le Tigre est hors course. 
 
Il est en train d’insulter nos mandants quand il fait croire que tou dimoun roder bout. Quand il dit qu’il a
accepté cette alliance à cause des militants, c’est clair qu’il est en train de les prendre, après tant d’années dans l’opposition, pour des assoiffés de privilèges.
 
 
N’est-ce pas le package de cinq ans de Primeministership à Paul Bérenger qui est vendu aux militants ?
 
À travers Bérenger comme futur chef de gouvernement, c’est la porte ouverte pou catch-up tou seki pann kapav gayne à cause de l’accaparement de Ramgoolam après tant d’années de règne. On fait miroiter l’appât du gain aux pauvres militants crédules !
 
 
Finalement, en vous écoutant, comment fonctionne l’alliance PTr-MMM ?
 
Il faut reconnaître qu’elle a beaucoup de difficultés à faire monter la mayonnaise. Le militant est un être à part. Il est guidé par des convictions. Je suis un militant de la première heure. J’en ai connu beaucoup qui étaient prêts à met zot licou lor biyo. À sacrifier leurs familles. À perdre leur emploi. À faire une croix sur une promotion pour des principes. Et non pas à rod enn bout…
 
 
Ne serez-vous donc pas à la Place du Quai pour avoir la bénédiction de la statue de sir Seewoosagur Ramgoolam ?
 
Quand je pense aux années de braise, aux réunions illégales que Paul a animées avec les dockers et d’autres employés à la Place du Quai, je me dis que l’endroit n’est pas approprié. On doit le respect à ceux qui étaient venus l’écouter et qui avaient été licenciés. Même sir Seewoosagur ne donnerait pas sa bénédiction à la foule.
 
 
Votre leader demande d’oublier le passé, de regarder vers l’avenir. Que voyez-vous devant vous ?
 
Dans n’importe quelle circonstance, l’avenir est en danger. Cette élection sera une des plus sectaires, peut-être la plus communale de l’histoire du pays. Au lieu de prendre un nouveau départ, chaque groupe ethnique est en train de s’assurer que ses acquis seront préservés aux dépens de l’autre. Il me semble que nul ne se soucie d’unir les Mauriciens. Que toute la population soit traitée sur un pied d’égalité, afin de bâtir un pays fort. C’est ce qui est nécessaire avec une crise économique des plus graves qui nous guette.
 
 
Unité et Modernité serait donc un slogan creux ?
 
Est-ce que nous avons réussi à mobiliser les jeunes autour d’un projet qui va faire éclore leurs talents, leur fougue, leur énergie ? Il y a tellement de passe-droit, de favoritisme et de népotisme que beaucoup de jeunes ont perdu espoir dans l’avenir. Ils n’ont même plus d’espoir tout court. Quand je déambule dans ma circonscription, je m’aperçois que de nombreuses familles ont davantage d’enfants à l’étranger qu’au pays. Ils n’ont pas trouvé leur place ici. Et leurs parents leur conseillent de ne pas rentrer.
 
 
Pourquoi avez-vous choisi de briser le silence maintenant ?
 
Depuis quelque temps, tout le monde veut ki mo explik mo ka. Ils étaient étonnés de mon stoïcisme car ils connaissent mon tempérament. Mais quand de parfaits inconnus de la classe laborieuse en quête de justice sociale, d’égalité de chances et qui veulent réussir leur vie de manière honnête m’ont questionné en se disant tristes de ma non-candidature, je me suis dit que si je restais silencieux, c’était trahir les raisons pour lesquelles je suis entré en politique. Et les principes sacrés sur lesquels le MMM a été fondé. Ceux de la lutte des classes. Et non des races. J’ai écouté beaucoup d’interventions à la radio et lu les posts sur Facebook de citoyens que je ne connais pas.
 
 
Si je ne réagissais pas, je n’allais pas être en paix avec ma conscience. Je n’ai rien demandé en faisant de la politique. Je me suis jeté dans l’arène à 60 ans, après une riche carrière dans les secteurs public et privé. J’ai bâti une entreprise florissante et tous mes enfants sont des professionnels établis à l’étranger. Je ne voulais que mettre mes compétences et mon expérience au service du pays.
 
 
Vous en pensez quoi, de l’alliance PTr-MMM ?
 
Tout accord, en business comme en politique, doit avant tout être basé sur la confiance mutuelle entre partenaires. Les militants de coeur ne peuvent encaisser des insultes et des humiliations de manière continue. Surtout quand ce n’est pas innocent. Comment cela va être dans un éventuel gouvernement ? 
 
 
Ramgoolam et Bérenger vont-ils remporter ces élections ?
 
Tout dépend de ce que vont faire les militants… Je les laisse à leur conscience.
 
 
Êtes-vous de ceux qui pensent que le MMM va mieux faire que le PTr ?
 
Mo pa pou dir sa. Monn fi ni donn repons. Enn militan pu kone ki li ena pu fer. Sirtou si li pa enn roder bout.
 
 
Voter bloc ?
 
Zot kone, kuma mwa, ki ena pu fer…
 
 
Vous allez vous rendre au comité central tout à l’heure ?
 
Pourquoi ? Ai-je commis un crime pour avoir dit ce que je pense ? Je reste un militant jaloux de ses valeurs. Je demande aux militants de rester sincères à leurs principes.
 
 
Vous êtes devenu partisan d’Ivan Collendavelloo ?
 
Je regrette qu’il ait quitté le MMM sans avoir discuté de sa démarche avec d’autres camarades du parti. Même le leader nous dit que s’il avait insisté, ça aurait pu changer la donne.
 
 
La démocratie existe-t-elle toujours au MMM ?
 
C’est la démocratie du parti. La pesanteur de l’histoire d’un combat a son effet sur tous les militants. Indistinctement. Bérenger n’a pas toujours raison. Il arrive même qu’il fasse des erreurs. On l’aime beaucoup. C’est cela le problème.
 
 
Comment cela va-t-il se jouer au n°2 ?
 
C’est la première fois que je vois mes coreligionnaires aussi remontés. Sylvio Tang refuse de retirer sa candidature malgré les appels personnels du Premier ministre. Il tient tête pour une question de dignité et d’honneur aux yeux des siens.
 
 
Que ferez-vous pour votre honneur ?
 
Mo pe koze, non ? Al kompran aster.