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Richard Arlove, CEO d’Abax Corporate Services (ABAX): «Ebola a affecté le business international lié à l’Afrique»

27 novembre 2014, 15:36

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Richard Arlove, CEO d’Abax Corporate Services (ABAX): «Ebola a affecté le business international lié à l’Afrique»

En raison des relations d’ABAX avec l’Afrique, elle n’a pas hésité à organiser une collecte de fonds à l’intention de Médecins Sans Frontières. L’ONG est engagée dans le combat contre l’épidémie Ebola en Afrique de l’Ouest. Richard Arlove, CEO de l'entreprise, nous en parle.

 

À quoi attribuez-vous la nature des relations établies par ABAX avec l’Afrique au point de se sentir interpellée par les dégâts causés par le virus Ebola?

Les relations que nous avons tissées avec le continent africain sont tributaires de notre vocation en tant que société opérant dans le secteur des services financiers. Vocation qui consiste à aider les sociétés multinationales et les fonds d’investissement à structurer leur business. Et ce, dans leur démarche à utiliser correctement le centre financier mauricien pour optimiser leurs investissements dans plusieurs pays africains incluant ceux en Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que nous sommes en contact permanent avec le business africain.

 

Cet intérêt pour le secteur mauricien des services financiers s’est-il renforcé ou ralenti depuis ces dernières années ?

Le centre financier mauricien est de plus en plus prisé par des entreprises internationales et des fonds d’investissement. Ces sociétés qui ont leur siège hors del’Afrique utilisent le centre financier mauricien pour la mise à exécution des projets d’investissement sur le continent. D’autre part, de plus en plus de businessmen africains désireux de vendre leurs produits sur le continent ou dans une région spécifique ont recours aux sociétés de gestion du secteur financier mauricien pour structurer leur projet d’investissement. Cette filière recèle les potentiels requis pour permettre à la plateforme financière mauricienne d’apporter de la valeur à la décision d’investissement de ces businessmen.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé pour organiser une collecte de fonds destinée à Médecins Sans Frontières qui est à l’avant-plan du combat contre le virus Ebola en Afrique?

Sur le plan socio-économique et politique, Maurice a des liens très prononcés avec l’Afrique. Aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest fait face à une épidémie sans précédent, la plus meurtrière depuis la découverte d’Ebola en 1976. Le statut de cette épidémie a été souligné par l’Organisation mondiale de la santé qui la qualifie d’urgence de santé publique de portée mondiale.

 

Il est donc important que nous, Mauriciens, fassions preuve de solidarité et apportions notre contribution pour contenir la propagation de ce virus. En tant qu’entreprise mauricienne active en Afrique, nous avons le devoir d’être aussi présents quand le continent a besoin de nous. Si les dispositions nécessaires pour protéger nos frontières ont été prises par les autorités mauriciennes, les populations des pays touchés souffrent toujours et ont besoin de notre aide. D’où la nécessité de nous associer à cette cause afin d’endiguer la propagation de cette épidémie.

 

Les dégâts causés par le virus Ebola dans les pays de l’Afrique de l’Ouest ont-ils eu des répercussions sur l’économie mauricienne plus particulièrement dans le secteur mauricien des services financiers ?

Le surgissement mais surtout la propagation de l’épidémie mortelle d’Ebola a provoqué une forme de ralentissement, voire une hésitation, à investir ou à effectuer certains investissements dans certaines régions d’Afrique qui sont ou qui pourront être touchées par les effets de cette épidémie. Des conférences internationales qui avaient été programmées dans certains pays proches des pays affectés, notamment la Côte d’Ivoire, ont été annulées.

 

Les travaux de l’Africa CEO Forum qui devaient se tenir à Abidjan au début de 2015 se feront désormais en Europe. Plusieurs conférenciers ou businessmen qui devaient se rendre dans ces pays-là ont tout simplement annulé leur déplacement. De très importants clients d’ABAX originaires du Nigeria ont dû annuler leur  voyage sur Maurice du fait qu’à certains moments, les personnes en provenance du Nigeria ou ayant transité dans ce pays ne pouvaient  pas entrer à Maurice. Cette interdiction a frappé d’autres pays tels le Sénégal ou encore la Côte d’Ivoire. Le business international qui a trait à l’Afrique est affecté dans ce sens-là.

 

Quelle va être, selon vous, la durée de l’incertitude qu’entretient l’épidémie mortelle Ebola ?

Très honnêtement, je pense que cela ne va pas durer. Nous sommes en train de voir des signes très positifs qui donnent à penser que le combat contre le virus Ebola commenceà porter les fruits escomptés. Au Liberia par exemple, il ressort que des 250 lits d’un hôpital géré par Médecins Sans Frontières entièrement occupés au moment où l’épidémie a surgi, seulement une trentainele sont aujourd’hui. Les communautés locales commencent à comprendre ce qu’il faut faire pour faire reculer et pour contenir les risques associés à ce virus. Aujourd’hui, les cas de maladie provoquée par le virus Ebola semblent être très localisés sur ces trois pays que sont le Sierra Leone, le Liberia et la Guinée. Petit à petit, de plus en plus d’efforts déployés pour contenir les effets du virus Ebola vont contribuer à assainir la situation.

 

De ce fait, je pense que dans les semaines à venir, la maladie va prendre moins d’ampleur et va être concentrée plus à l’intérieur de ces pays et dans les régions des plus insalubres où il y a moins de soins. Ce qui va permettre aux activités économiques et sociales de reprendre comme c’était le cas avant l’éclatement de la maladie.

 

Vu que certains des clients d’ABAX opèrent dans les régions affectées par Ebola, votre société a-t-elle été contrainte de revoir son plan d’action ou sa stratégie ?

Nous sommes déjà implantés au Kenya et en Afrique du Sud et avons un projet de nous installer dans d’autres villes africaines. Nous avions et nous avons toujours l’ambition de nous implanter dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest notamment au Nigeria, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Lorsque les dégâts provoqués par la fièvre Ebola ont pris des proportions alarmantes, nous avons dû revoir notre calendrier d’implantation en Afrique.

 

Il était évident que si jamais l’épidémie se répandait dans les pays avoisinants, il serait inapproprié que nous prenions d’importantes décisions stratégiques en faisant abstraction des répercussions de l’épidémie sur les économies de ces pays. On a dû attendre. En conséquence, nous avons annulé tous les déplacements vers les pays à risque depuis cinq mois. La semaine dernière, nous avons réalisé notre première mission en Afrique de l’Ouest. Nous sommes partis au Ghana. Nous partirons bientôt en Côte d’Ivoire comme nous avons l’habitude de le faire.