Publicité

Perte de contrat: l’angoisse des licenciés de Securiclean

5 novembre 2014, 10:07

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Perte de contrat: l’angoisse des licenciés de Securiclean
Une centaine d’employés de l’entreprise Securiclean, dont certains comptent plus de 20 ans de service, sont dans le désarroi le plus complet depuis qu’ils ont reçu leur préavis de licenciement, le 27 octobre. Cette affaire a pour toile de fond la perte du contrat de nettoyage par Securiclean du tronçon Baie-aux-Tortues–Grand-Baie. Et bien qu’une bataille légale soit en cours, le Central Procurement Board (CPB) a alloué le contrat à une compagnie concurrente.
 
 
Cela fait 19 ans que Priscilla Allate, 49 ans, mère de trois enfants et habitant Pointe-aux-Piments, est employée chez Securiclean. Jusque-là, elle avait pu se fier à son mari, maçon de son état. Mais lorsque les responsables de chantiers se sont mis à faire les difficiles à l’égard des Mauriciens, préférant embaucher des étrangers, l’emploi est devenu rare pour son conjoint. Elle a dû y pallier. Ce poste à Securiclean est donc tombé à pic. 
 
 
C’est aussi le cas pour Gérard Ami, 60 ans, père de quatre enfants, qui habite le même village que Priscilla. Lui compte 25 ans de service. «Avan sa, mo ti pe travay kom kliner impe partou. Pa ti kapav fer lot zafer parski pa finn kapav al lekol. Ler monn rant Securiclean ki monn gagn stabilite.»
 
 
Pourtant, le métier d’éboueur est difficile et demande que l’on soit déjà à pied d’oeuvre à 5 heures, six jours sur sept, à vider plus de 500 poubelles de particuliers, de bureaux et d’établissements hôteliers. «Beaucoup n’auraient pas pu exercer ce métier qui consiste à enlever des détritus de toutes sortes, y compris des cadavres de chiens, de chats et de rats.» Et c’est sans compter l’indifférence de ceux à qui ils rendent service.
 
 
En sus d’apprécier leur travail, tous deux aiment l’esprit de camaraderie qui règne entre les employés et leurs chefs. «Nounn touzour ena lantant ek patron ek zot inn touzour korpere.»
 
 
C’est un coup de massue que les deux ont pris sur la tête avec ce préavis de licenciement d’un mois. Il n’y a pas que les éboueurs qui sont concernés mais aussi le personnel administratif et technique. «Mazinn ou : lepok lanwel ek lane, ou bizin al rod enn lot travay ek rekomans a zero! Kot ou pou al rod sa ?» se demande Gérard. Priscilla pense que son âge jouera contre elle. «Mo dan enn sok. Somey mo pa pe gagne aswar telma latet fermal. Sa laz ki mo ena la, kisannla pou rod anplway mwa ?»
 
 
Le pire est qu’ils sont obligés d’attendre un mois avant d’aller chercher un autre boulot. «Pa kone kot pou danse ! CPB pa ti bizin alwe kontra avan lakour transe. Se enn inzistis sa. Nou le regagn nou travay.» Ils ne sont pas intéressés à aller frapper aux portes des députés de leur circonscription. «Nou pa konn zafer al get depite nou. Se enn inzistis e fode pa ferm konpani-la. Se nou zanfan ki pou soufer.»
 
 
Samedi, ces licenciés ont participé à une marche pacifique organisée à leur intention par Jean-Noël Sandian, président de l’Association citoyens de l’Ouest et du Sud. S’il faut faire une grève de la faim pour obtenir justice, disent-ils, ils n’hésiteront pas. Ils lancent un appel aux autorités pour qu’elles s’intéressent au cas de l’entreprise Securiclean et qu’elles tranchent «de façon juste».