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Une grenade des gendarmes aurait tué Rémi Fraisse

28 octobre 2014, 21:56

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Une grenade des gendarmes aurait tué Rémi Fraisse
Rémi Fraisse, 21 ans, retrouvé mort dans la nuit de samedi à dimanche sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), a sans doute été victime d'une grenade offensive, a déclaré mardi le procureur de la République d'Albi, Claude Dérens.
 
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a aussitôt annoncé la suspension de l'utilisation de ces grenades dans l'attente des résultats d'une inspection sur leurs conditions d'utilisation lors d'opérations de maintien de l'ordre.
 
"Sans attendre les résultats de cette enquête (...), j'ai décidé de suspendre l'utilisation de ces grenades offensives", a-t-il dit à la presse, tout en réitérant son soutien aux forces de l'ordre.
 
Le procureur de la République d'Albi avait auparavant souligné que la police scientifique avait retrouvé des "traces de TNT" sur certains scellés des effets du jeune homme, a-t-il précisé Claude Dérens lors d'une conférence de presse.
 
"Ces résultats même partiels orientent l'enquête de façon significative puisque la mise en oeuvre d'un explosif militaire de type grenade offensive semble acquise", a dit Claude Dérens.
 
"Le TNT figure en effet dans la composition des charges des grenades lacrymogènes offensives utilisées par les gendarmes", a-t-il ajouté, précisant que l'on ne pouvait "exclure le tir d'une grenade de la redoute où ces derniers s'étaient retranchés" ce soir-là.
 
Le corps de Rémi Fraisse avait été retrouvé dans la nuit de samedi à dimanche après des affrontements violents entre des opposants au projet de barrage et les forces de l'ordre à l'issue d'une manifestation pacifique à proximité du chantier.
 
Claude Dérens a annoncé qu'il se dessaisissait de l'enquête au profit du parquet de Toulouse, le code de procédure pénale imposant "la compétence de la juridiction militaire", à savoir le pôle de l'instruction de Toulouse.
 
VIVE POLÉMIQUE ENTRE LES VERTS ET GOUVERNEMENT
 
Avant cette décision, la famille de Rémi Fraisse entendait déposer plainte pour homicide volontaire "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique", et violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, annoncé son avocat.
 
Cette plainte doit "permettre à un juge d'instruction indépendant de faire toute la lumière sur les circonstances du décès", avait dit Me Arié Alimi sur France Info et RMC.
 
Les écologistes, Cécile Duflot et José Bové en tête, s'en sont pris violemment au gouvernement, critiquant le mutisme de l'exécutif au sujet de la mort du jeune homme et le rôle des forces de l'ordre et Bernard Cazeneuve.
 
Un peu plus tard, François Hollande et son Premier ministre Manuel Valls ont appelé à l'apaisement, insistant sur leur "compassion" envers la famille, tout en demandant aux responsables politiques de faire preuve de retenue.
 
Plusieurs manifestations destinées à rendre hommage au jeune militant tué avaient donné lieu lundi à de nouveaux affrontement avec les forces de l'ordre, en particulier à Nantes.
 
A son tour, Bernard Cazeneuve a exprimé dans l'après-midi sa compassion envers la famille, annonçant une prochaine inspection administrative pour "déterminer la chaîne de commandement" sur le terrain et "corriger ce qui doit l'être".
 
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