Depuis qu'il est bébé, Coco (surnommé Oeuf) a grandi auprès des Trolls. Ces gentilles créatures, revêtues chacune d'une boîte en carton, vivent dans les sous-sols de Cheesebridge, une ville huppée. La nuit venue, elles sortent pour glaner des objets qui sont transformés en machines et autres inventions dans leur abri. Malheureusement, ces créatures sont rapidement prises en chasse par Archibald Chasseur, un exterminateur et sa bande d’acolytes. En effet, ce dernier a fait croire aux habitants que les Trolls sont de vils créatures qui kidnappent les enfants. En réalité, il veut les capturer pour les contraindre à travailler pour lui. Ainsi, en sus du peuple, l'exterminateur échafaude un plan et conclut un marché avec un des membres influent de la ville. S'il parvient à réduire la population des Trolls à  néant, il devra recevoir un chapeau blanc, symbole de privilège au sein de la communauté et d’accès aux grands crus de la fromagerie! Alors que les Trolls disparaissent l'un après l'autre, le jeune garçon n'a autre choix que de sortir de l'ombre pour affronter les méchants. Dans sa mission, il se fait aider par Winnie, une jeune fille des plus espiègles. Et l'aventure commence...

Trolls en boite(Les Boxtrolls), est une belle oeuvre d'animation réalisée par Graham Annable et Anthony Stacchi (Coraline, 2009, Les Rebelles de la Forêt, 2005, Les Rebelles de la Forêt 3, 2010). Non pas par rapport à l’esthétique des créations mais bien le contraire. En effet, le film se distingue pour son originalité, une touche signée Laika Entertainment. Techniquement, l'entreprise emploie trois atouts majeurs dans sa créativité : l'animation traditionnelle, la stop-motion et l'apparence des plus atypiques des personnages. Les cinéastes avaient d'ailleurs marqué le coup avec Coraline en 2009 en captivant les cinéphiles avec ces ingrédients. Et bien visiblement un succès en cache un autre puisque les Boxtrolls viennent «emboîter» le pas de la réussite.

Revenons-en à ces créatures cantonnées à leur boîte à tout faire! L'accessoire revêt un véritable symbolisme dans le film. Habit mais aussi abri, bouclier, leurre ou encore échappatoire, il y a plus d'un tour dans la boite! Un autre symbole est la couleur. Le jour où Cheeseridge savoure la vie (et le fromage), et la nuit où elle se mure dans le silence, craignant des attaques des «trolls», diabolisés par l'exterminateur. Il y a aussi les chapeaux qui donnent le ton. Le blanc en guise de prestige et le rouge porté par l'équipe de Chasseur. Ce qui plaît c'est la faculté de construire une belle fable truffée de multiples morales. Comme l’amitié qui lie l'enfant et les trolls, la solidarité envers ces créatures, devenues sa famille, le courage de sortir de sa tanière pour affronter les méchants et ainsi sauver les siens. Faisons ici une petite parenthèse avec ces histoires ayant bercé notre enfance, notamment Mowgli ou encore Tarzan.

Trolls en boiteévoque également un thème peu exploré en animation : l'avarice. L’appât du gain est ainsi le moteur primaire de Chasseur tandis que Pinot Gris lui veut à tout prix préserver sa notoriété et ses précieux fromages, icônes de supériorité hiérarchique. Outre ces caractéristiques réalistes, n'oublions pas que comme il s'agit d'un film d'animation, l'humour est au rendez-vous évidemment. On s'amuse avec l’incompréhensible dialecte que bafouillent les Trolls ou encore de Coco qui se déguise en humain, ignorant qu'il est est... déjà un! Et comment ne pas croquer les petites mises en bouche gustatives de Chasseur qui s’entête à savourer du cheddar (en attendant les grands crus) alors qu'il y est complètement allergique! Une belle prestation artistique qui change des clichés classiques du monde féerique. Le film, sorti aux États-Unis depuis le 26 septembre, sera projeté en France prochainement. Notons également que Trolls en boîte a reçu deux nominations cette année, à savoir celle du Festival du cinéma américain de Deauville et la Mostra de Venise 2014.

Film d'animation de  Graham Annable et Anthony Stacchi

Avec les voix originales de Isaac Hempstead, Elle Fanning, Ben Kinsley

Durée : 1 h 36