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Marc Ravalomanana n’a pas été arrêté mais «mis en sécurité», selon le président

15 octobre 2014, 09:00

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Marc Ravalomanana n’a pas été arrêté mais «mis en sécurité», selon le président

MUSCLÉE. Ce mot résume l’intervention des forces de l’ordre pour appréhender Marc Ravalomanana, ancien Président à sa résidence à Faravohitra, lundi, aux alentours de 14 heures. Après une escale de plus de deux heures au camp Ratsimandrava à Andrefan’Ambohijanahary, l’ancien chef d’État, de retour d’exil d’Afrique du Sud, a été assigné à résidence surveillée dans un endroit gardé secret.

 

Certaines indiscrétions indiquent néanmoins, qu’il a été emmené hors de la région Analamanga. Lors d’une conférence de presse, lundi, au palais d’Iavoloha, Hery Rajaonarimampianina, président de la République a martelé qu’il n’est pas question d’«arrestation ni d’emprisonnement» et que l’ancien exilé d’Afrique du Sud a été appréhendé «pour sa protection personnelle et pour la sécurité publique.» Il a toutefois esquivé les questions sur le sort de son prédécesseur.

 

La manière dont l’ancien Président a été interpellé introduit pourtant le doute sur les explications du locataire d’Iavoloha. Six pick-up dont quatre transportant des éléments du Groupe de sécurité et d’intervention spéciale (GSIS) de la gendarmerie nationale et deux autres des membres du Service antigang de la police nationale ont forcé les grilles de la résidence de l’ancien Chef d’État, lundi, armes à la main.

 

Contrairement aux craintes de la plupart, après près de six ans d’exil, Marc Ravalomanana est rentré à Madagascar sur la pointe des pieds, sans heurt. Mais tout de même accueilli dans la liesse par ses partisans, venus en masse à Faravohitra, bien qu’ils aient visiblement été pris de court par ce retour surprise. En parlant de souci de la sécurité publique, les dires du président Rajaonarimampianina laissent toutefois entendre que la présence au pays de son prédécesseur menace l’ordre public et, de surcroît, la stabilité du régime. «Il n’y a aucune menace (…)» a-t-il cependant, rétorqué. Son discours pourrait pourtant trahir une certaine crainte. Se référant à la rencontre de Marc Ravalomanana avec la presse dans la matinée de lundi, le Président Rajaonarimampianina a déclaré que «ses propos (…) illustrent (…) l’absence de considération à l’endroit du choix du peuple. Il n’a pas hésité à pousser ce dernier à verser dans l’illégalité.»

 

Devant la presse lundi, Marc Ravalomanana a fustigé le régime, laissant entendre qu’il a acquis la reconnaissance, notamment internationale, mais non la légitimité. Enchaînant dans son élan que «j’ai quitté le pays en étant évincé du pouvoir. Maintenant que je suis là, c’est au peuple de voir. (…) Cela n’attendra pas nécessairement 2018, comme je l’ai dit, c’est au peuple de voir.»

 

Les autorités, elles aussi, affirment avoir été prises au dépourvu par le retour de Marc Ravalomanana. Un retour en catimini qui n’est résolument pas du goût du Chef de l’État. En affirmant ne pas avoir été mis au courant de ce retour, ce dernier a tonné qu’il a toujours assuré que le rapatriement de Marc Ravalomanana «doit obligatoirement figurer dans le processus de réconciliation nationale et uniquement dans ce cadre.»

 

Certains analystes estiment cependant que les événements de lundi après-midi risquent de tronquer le processus de réconciliation. Ils avancent que la réaction de l’État risque de l’enfoncer un peu plus dans la mésestime de l’opinion et au contraire pourrait attirer la sympathie de cette dernière envers Marc Ravalomanana. Ce retour au pays sans accord des autorités pourrait être calculé. Et ses paroles pourraient ne pas avoir été lancées au hasard...