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Au moins 50 blessés dans des heurts entre policiers et manifestants à Islamabad

31 août 2014, 11:51

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Au moins 50 blessés dans des heurts entre policiers et manifestants à Islamabad
Des milliers de partisans des opposants Imran Khan, ex-joueur de cricket reconverti en homme politique nationaliste, et Tahir ul-Qadri, un chef religieux établi au Canada, campent depuis le 15 août dans la capitale pakistanaise pour exiger la démission de M. Sharif.
 
Tard dans la soirée de samedi, les deux opposants ont été encore un peu plus loin dans leur mouvement de contestation, appelant leurs partisans, réunis devant le Parlement, à se rendre à la résidence officielle du Premier ministre, située un peu plus loin sur l'avenue de la Constitution.
 
Quelque 25.000 manifestants se sont mis en marche. Une partie d'entre eux ont déployé une grue mobile afin de déplacer les conteneurs géants qui bloquaient l'accès à la résidence, située non loin de "l'enclave diplomatique", zone sécurisée où sont établies les principales ambassades, dont celles de France et des États-Unis.
 
Devant l'afflux de manifestants, dont certains munis de bâtons ou de lance-pierres selon un correspondant de l'AFP, la police pakistanaise a eu recours au gaz lacrymogène et à des balles en caoutchouc.
 
C'était la première fois que les forces de l'ordre utilisaient du gaz et des balles de ce type depuis le début de la fronde antigouvernementale. Des manifestants ont aussi attaqué les bureaux de la chaîne de télévision privée Geo, considérée favorable au gouvernement dans ce conflit.
 
"Les manifestants ont voulu envahir des édifices qui sont des symboles de l'Etat. Nous avons répondu à leur tentative et allons continuer de le faire en utilisant toute la force nécessaire. Il en va de notre devoir", a déclaré à l'AFP le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif. Mais ce sont bien des policiers et non les militaires qui ont usé de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, selon les témoins.
 
Selon des sources hospitalières, les violences ont fait au moins un mort, un homme victime d'une attaque cardiaque, et plus de 400 blessés dont près de 80 policiers, une soixantaine de femmes et cinq enfants. La plupart des blessés civils ont été atteints par des balles en caoutchouc, a indiqué Wasim Khawaja, porte-parole de l'hôpital universitaire d'Islamabad.
 
Tôt dimanche, les affrontements se sont propagés à Lahore, capitale de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays. Selon un journaliste de l'AFP sur place, des partisans d'Imran Khan y ont notamment incendié des pneus et bloqué des routes dans certains quartiers de la ville alors que la police a tenté de disperser la foule à l'aide, encore une fois, de gaz lacrymogène.
 
- Les raisons de la colère -
 
Invoquant l'article 245 de la Constitution, le gouvernement avait demandé il y a deux semaines à l'armée de protéger les bâtiments stratégiques dans le centre de la capitale, incluant la résidence officielle du Premier ministre.
Mais dans un pays à l'histoire jalonnée de coups d'État, plusieurs analystes soupçonnent les opposants Khan et Qadri d'être téléguidés par les militaires afin d'affaiblir M. Sharif, voire de provoquer un chaos qui forcerait une intervention musclée de l'armée.
 
Selon ces analystes, l'armée reproche à Nawaz Sharif d'avoir trop attendu avant de déclencher, en juin, une opération militaire contre les fiefs talibans dans la zone tribale du Waziristan du Nord, sa tentative de rapprochement avec l'Inde rivale et le procès pour "haute trahison" intenté au général Pervez Musharraf, une première dans l'histoire du Pakistan.
 
De leur côté, MM. Khan et Qadri accusent Nawaz Sharif d'avoir bénéficié de fraudes massives pendant les législatives de mai 2013 ayant porté sa Ligue Musulmane (PML-N) à la tête d'un gouvernement majoritaire.
Les observateurs internationaux avaient pourtant jugé crédible ce scrutin, qui avait permis la première vraie transition démocratique de l'histoire du "pays des purs", tout en faisant état d'irrégularités éparses.
 
Face à l'impasse dans laquelle se trouvent les deux opposants et le gouvernement, l'armée s'était imposée jeudi soir en tant qu'arbitre, mais cette médiation n'a manifestement pas permis de calmer la situation.
 
Malgré la fronde, le gouvernement a annoncé qu'il n'était "aucunement question" que le Premier ministre Sharif démissionne. D'ailleurs, ce dernier jouit d'un fort appui dans la population qui reste en grande partie sceptique face à la démarche des opposants Qadri et Khan.