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Ces Anglais qui réclament leur part du Morne

31 août 2014, 09:11

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Ces Anglais qui réclament leur part du Morne

«An dot mo, zot pe dir bizwin deklasifye montayn la», a martelé Edley Chimon au cours d’une réunion hier. Le président du Le Morne Heritage Trust Fund (LMHTF) sonne le rappel après que les partenaires anglais de la société Mauritian Property  Partnerships (MPP) ont adressé un épais dossier à charge à l’Unesco, contestant la  validité du dossier d’inscription du Morne. Il a vivement critiqué cette démarche, qui bénéficie de l’expertise du cabinet juridique international Hogan Lovells.

 

> Edley Chimon appellant à la mobilisation
au cours d'une réunion à Rose-Hill hier.

MPP a, pour partenaire local, la société Morne Brabant IRS et son directeur, Bertrand Giraud. Enumérant les points saillants du dossier, Edley Chimon s'est attardé sur les allégations de manquements au dossier d’inscription du Morne.

 

Le dossier rappelle que MPP, avec son projet de villas IRS, avait déjà reçu une Letter of Intent grâce aux bons soins du Dr George Abungu, un expert de l’Unesco. Avant que la situation ne soit renversée sur les conseils de François Odendaal, expert indépendant sud-africain travaillant lui aussi pour l’Unesco, et cheville ouvrière de la rédaction du dossier d’inscription du Morne. L’État avait alors décidé de geler les développements fonciers dans cette région. «Le dossier met en doute les compétences d’Odendaal», affirme Edley Chimon.

 

Il a allégué que le propriétaire terrien concerné, «pa le rann later gouvernman. Il veut accaparer des terrains pour construire une soixantaine de villas au Morne. Vous savez, le Morne est devenu patrimoine mondial sur la base de la résistance des esclaves marrons. Mo dir nou bizin mobilize».

 

 

Si pour l’heure l’Unesco n’a pas demandé d’explications à la partie mauricienne, Edley Chimon affirme que le dossier des Anglais a eu l’effet d’une bombe, mobilisant différents services de l’État en vue d’une réplique.

 

Sollicité, Bertrand Giraud explique la démarche de MPP et de son directeur Thomas Gosling. «Nous avons toujours dit que le dossier d’inscription du Morne s’est fait au détriment des propriétaires terriens. Après des tentatives de négociations infructueuses, nos partenaires britanniques ont commandé une étude auprès des experts qui se sont occupés de l’inscription du Cradle of Mankind (NdlR : site sud-africain classé patrimoine mondial, où ont été trouvés certains des plus vieux fossiles humains) pour mettre en évidence les vices de procédure».

 

 En parallèle, l’affaire de réclamation de dédommagement de Rs 1,8 milliard, «après la décision du gouvernement de reprendre 550 arpents au Morne», suit son cours, précise Bertrand Giraud. Il affirme que sa famille a fait l’acquisition d’un premier lot de terres au Morne en 1877. «La plus grosse partie des acquisitions s’est faite autour de 1906. Si les autorités considèrent que nous avons volé des terres, il y a des procédures légales pour obtenir réparation», conclut-il.

 

La saga des villas

 

Dès 2005, la Société Morne Brabant (SMB) avait proposé un projet IRS pour la construction de 110 villas, réduites éventuellement à 65. Le projet comprenait aussi la construction d’un hôtel dont le nombre de chambres était passé de 100 à 35. Un investissement chiffré à Rs 5 milliards à l’époque. SMB avait obtenu sa Letter of intent du Board of Investment début 2006. Un projet, qui selon Bertrand Giraud devait se faire uniquement sur des terres privées au Morne. Par la suite, un échange de terres a eu lieu entre SMB et l’Etat. Ce qui a donné lieu au cas entré en cour pour des  dédommagements de Rs 1,8 milliard. Ce différend concerne une superficie de 367 arpents en toute propriété. Annexé à cela, une parcelle de 140 arpents de terres utilisées comme pâturage (perpetual grazing lands). Ces terres ont été échangées contre 167 arpents, à l’époque où les autorités avaient décidé de reprendre les baux pour les pâturages.