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Pailles: un agent politique rouge s’attire la colère des habitants

17 août 2014, 17:33

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Pailles: un agent politique rouge s’attire la colère des habitants

Cité Jonction, à Pailles, est en pleine ébullition. Cette petite localité, où vivent environ 75 familles, est d’habitude plutôt tranquille. Mais le mardi 12 août, plusieurs de ces familles sont descendues dans la rue pour manifester contre l’arrêt des travaux d’un projet qui leur tient à cœur. Ils s’insurgent aussi contre les agissements d’un «agent politique rouge» qui leur mettrait des bâtons dans les roues.

 

Au centre de cette polémique : la construction d’un amphithéâtre pour les jeunes de la localité sur un petit terrain appartenant à l’Etat. «Il y avait un kiosque sur ce terrain, mais il a été rasé en 2008 pour faire place à un parking», explique une habitante de la localité impliquée dans ce projet. Cependant, les habitants se sont soulevés contre la construction de ce parking. La destruction du kiosque, ajoutent-ils, a occasionné des dégâts sur un domicile situé juste à côté. Depuis cette date, le terrain est resté inutilisé.

 

«Comme il n’y a pas beaucoup de place dans la cité et que nous n’avons pas le droit d’utiliser le centre communautaire à chaque fois que nous organisons des événements pour les jeunes, nous devons le faire dans la rue», continue notre interlocutrice. En 2013, les forces vives locales ont donc eu l’idée de profiter de ce terrain vague pour y construire un amphithéâtre et y organiser des événements pour les jeunes et les enfants.

 

Elles contactent donc d’éventuels sponsors pour le projet, et le groupe ENL s’y intéresse. «Il faut savoir qu’avant, ce terrain était sous la responsabilité du conseil de district de Rivière-Noire, et que, depuis, il est passé à la municipalité de Port-Louis», explique Mario Radegonde, Manager d'ENL Foundation. Après avoir cherché à qui demander les autorisations nécessaires pour la construction de l’amphithéâtre, le groupe finit par obtenir l’aval verbal de la mairie.

 

Les travaux sont donc lancés, avant d’être stoppés subitement en août 2013. Raison : la National Development Unit (NDU), qui tombe sous la coupelle du ministère des Infrastructures publiques, n’a pas donné son accord. «C’est à ce moment qu’Aurore Perraud est intervenue», indique Mario Radegonde. A l’époque, la députée bleue était Permanent Private Secretary (PPS) de la circonscription n°1.

 

«Les habitants de cité Jonction m’ont demandé mon aide pour faire aboutir ce projet. Ils m’ont expliqué ce qu’ils comptaient faire, et j’ai trouvé que c’était une très bonne idée», confie Aurore Perraud. Cependant, précise-t-elle, un des habitants de la localité s’est prononcé contre ce développement sur ce terrain. «C’est par la suite que j’ai appris qu’il voulait y construire un parking», affirme la députée. Obligée de choisir entre un parking et un amphithéâtre, elle a pensé que le second projet serait plus bénéfique à la communauté, ajoute-t-elle.

 

Il s’avère que l’habitant mécontent en question serait un agent politique réputé du PTr. «C’est la même personne qui avait fait raser le kiosque en 2008, soutient un autre habitant de cité Jonction. Il siégeait à l’époque au conseil de district de Rivière-Noire

 

De son côté, l’ancienne PPS fait état de «pas mal d’intimidations» par rapport à ce projet. Des personnalités du PTr l’auraient contactée pour la convaincre de renoncer à l’amphithéâtre, sous prétexte que les habitants de cité Jonction sont majoritairement des partisans mauves. Elle affirme également que l’agent rouge lui a donné «mille raisons pour soutenir son projet aux  dépens de l’autre projet».

 

Mais Aurore Perraud explique n’avoir pas cédé aux pressions, car agir autrement aurait été «contre mes convictions». Elle organise donc une réunion entre des représentants des ministères des Infrastructures publiques, des Arts et de la Culture, d’ENL, des habitants et de la mairie, le 7 mai 2014. Des visites du site sont effectuées, le projet étudié. «Par la suite, nous avons reçu une lettre officielle de la NDU nous autorisant à aller de l’avant», précise Mario Radegonde.

 

Depuis ce jour, les travaux ont bien avancé. Jusqu’à ce que notre habitante de la localité remarque un personnage très connu en train de visiter le chantier en compagnie de «l’agent rouge». Il s’agissait, déclare-t-elle, d’Ah Fat Lan Hing Choy, conseiller au bureau du Premier ministre. Il lui aurait expliqué qu’il s’agissait d’une «réunion ministérielle». 

 

Quelques jours après cette visite inattendue, soit le vendredi 15 août, la NDU émet un stop order contre les travaux. «Cette semaine, nous avons appris qu’Ah Fat Lan Hing Choy a envoyé une lettre à la NDU indiquant que nous n’avons pas l’autorisation de la municipalité», soutient notre interlocutrice. «On nous a dit qu’il n’y avait pas de plan, reprend un autre habitant,mais nous avions envoyé tous les plans le 24 octobre 2013

 

«Je n’ai rien contre ce projet», se défend Ah Fat Lan Hing Choy. Il explique cependant qu’il est allé sur place se rendre compte du problème «en tant que conseiller du PM», et qu’il a découvert que les autorisations nécessaires n’avaient pas été émises. Le conseiller ajoute qu’aucun Land & Construction Permit n’a été délivré pour les travaux. 

 

Ce que confirme Mario Radegonde : «C’est vrai, nous n’avons pas de permis de construction. Mais on nous a expliqué que comme le projet est sous la tutelle du ministère des Arts et de la Culture, un tel permis n’est pas nécessaire

 

Le Manager d’ENL Foundation confie, par ailleurs, être exaspéré face à tant d’opposition contre un projet qui se veut pourtant bénéfique à la communauté. «On nous a même accusés de gaspiller les fonds publics, alors qu’ENL finance la totalité du projet et que l’argent pour le projet ne provienne même pas des fonds CSR !» s’exclame-t-il.

 

Le mardi 12 août, indignés, les habitants ont manifesté dans les rues de cité Jonction. Suite à cela, des représentants du ministère des Infrastructures publiques se sont rendus sur place pour faire la lumière sur cette affaire. Une source ministérielle précise que tout est rentré dans l’ordre, et que le feu vert a été une nouvelle fois donné pour la poursuite de la construction.

 

Toutefois, Mario Radegonde répond que les travaux ne reprendront pas tant qu’une «autorisation écrite» n'aura pas été  reçue. Ce qui devrait être le cas dès lundi, renchérit-on au ministère des Infrastructures publiques.