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Ebola: blocus en Sierra Leone, état d'urgence au Liberia

8 août 2014, 08:16

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Ebola: blocus en Sierra Leone, état d'urgence au Liberia

L'armée a isolé des zones rurales frappées par le virus Ebola jeudi en Sierra Leone, alors que le Liberia a décrété l'état d'urgence mercredi pour lutter contre l'épidémie qui a fait au moins 932 morts en Afrique de l'Ouest.

 

Dans l'est de la Sierra Leone - pays le plus frappé par l'épidémie - le chef des services de police a annoncé que les forces de sécurité s'étaient déployées mercredi soir pour "établir un blocus complet" dans les alentours de Kénéma et de Kailahun.

 

"Personne n'est autorisé à entrer ou à sortir de ces zones", a déclaré Alfred Karrow-Karama à Reuters, précisant que le blocus resterait en vigueur pour 50 jours. Seize points de contrôle ont été établis sur les principaux axes routiers.

 

Des commerçants qui s'étaient enregistrés auprès des autorités ont été autorisés à apporter des denrées alimentaires et des médicaments.

 

Les forces de sécurité patrouilleront à pied pour s'assurer qu'aucun civil ne pénètre ou ne sorte du périmètre défini.

 

La présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, a de son côté déclaré l'état d'urgence mercredi en qualifiant le virus Ebola de menace contre la sécurité de l'Etat.

 

"Le gouvernement et le peuple du Liberia requièrent des mesures extraordinaires pour la survie même de notre Etat et la protection de notre peuple", a-t-elle dit dans une déclaration officielle.

 

L'état d'urgence, qui s'applique avec effet immédiat, sera en vigueur pour une durée de 90 jours.

 

Des Libériens inquiétés par l'ampleur de l'épidémie se sont rués jeudi dans les banques et les commerces alimentaires dans la capitale tandis que d'autres fuyaient les zones infectées à bord de bus.

 

Traitement expérimental

 

D'après les dernières données communiquées mercredi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 516 cas, dont 282 mortels, ont été recensés au total au Liberia depuis le début de l'épidémie, en février.

 

Un des principaux hôpitaux de Monrovia, la capitale, a été fermé mercredi après le décès du directeur camerounais de l'établissement atteint du virus.

 

Alors que la maladie ne cesse de gagner du terrain, le président Barack Obama a déclaré qu'il était trop tôt pour autoriser l'utilisation d'un traitement prometteur contre le virus.

 

"Nous devons laisser la science nous guider et je ne pense pas que nous ayons toutes les informations pour déterminer si ce médicament est efficace", a déclaré le président américain.

 

"Aujourd'hui comme hier, le virus est contrôlable grâce à la mise en place d'une puissante politique publique sanitaire", a-t-il jugé, précisant que la priorité demeurait de contenir la propagation de l'épidémie avant de déterminer si un traitement pouvait se révéler efficace.

 

Cette mise au point de Barack Obama intervient alors qu'une missionnaire américaine est actuellement traitée à Atlanta après avoir été infectée par le virus au Liberia au moyen d'un anticorps expérimental.

 

Un autre Américain, le Dr. Kent Brantly, qui a contracté la maladie en Afrique avant d'être rapatrié, est également soigné au moyen de ce traitement seulement testé sur des singes.

 

Épidémie hors de contrôle

 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS), réunie depuis mercredi à Genève, pourrait demander à des spécialistes de l'éthique médicale d'examiner la question d'une utilisation en urgence d'un traitement expérimental.

 

L'épidémie a fait 932 morts sur 1.711 cas suspects, probables ou confirmés et 45 malades sont décédés sur la seule période du 2 au 4 août.

 

Vingt-sept morts ont été recensés pendant ces trois jours au Liberia, où le bilan provisoire est de 282 décès pour 516 cas recensés et où a été infecté un prêtre espagnol, rapatrié en Espagne pour y être soigné.

 

En Guinée, pays où l'épidémie est apparue, dix nouveaux cas et cinq morts ont été signalés tandis que la Sierra Leone connaît 691 cas recensés et 286 morts.

 

"L'épidémie est sans précédent et hors de contrôle", a commenté Walter Lorenzi, responsable de l'antenne de Médecins sans frontières (MSF) en Sierra Leone. "Nous avons un besoin urgent de nouvelles personnes sur le terrain, pas dans des bureaux ou dans des réunions, mais sur le terrain avec des gants de protection".

 

La situation est critique également au Nigeria où certains médecins refusent de travailler après le décès du ressortissant américain Patrick Sawyer qui s'était rendu au Liberia.

 

"Il s'agit d'une urgence nationale et effectivement le monde est menacé", a commenté le ministre nigérian de la Santé, Anyebuchi Chukwu, après une réunion ministérielle à Abuja.

 

"Personne n'est à l'abri. L'exemple du Nigeria a démontré au monde qu'il suffit qu'une seule personne accomplisse un déplacement en avion pour déclencher l'épidémie".

 

Les autorités nigérianes tentent de retrouver 70 personnes qui ont été en contact avec Patrick Sawyer. Pour l'instant, seules 27 ont pu être identifiées.