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Israël proclame une trêve après le bombardement d'une école

4 août 2014, 14:07

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Israël proclame une trêve après le bombardement d'une école

La trêve unilatérale d'une durée de sept heures proclamée par Israël est entrée en vigueur lundi dans la bande de Gaza au lendemain du nouveau bombardement d'une école gérée par l'Onu dans le territoire palestinien qui a provoqué des violentes critiques.

 

Cette "pause humanitaire" est censée faciliter l'acheminement d'une aide humanitaire à la population et permettre à une partie des dizaines de milliers d'habitants chassés de chez eux par quatre semaines de combats de retrouver leurs domiciles.

 

Mais les autorités de Gaza ont accusé l'armée israélienne de l'avoir violé aussitôt son entrée en vigueur, à 10h00 (07h00 GMT), en bombardant une maison située dans le camp de réfugiés de Shati, près de la ville de Gaza. Achraf Al Kidra, porte-parole du ministère de la Santé, a précisé que la frappe avait fait quinze blessés, des femmes et des enfants pour l'essentiel.

 

Une porte-parole des Forces israéliennes de défense a indiqué que des vérifications étaient en cours.

 

Cette trêve, accueillie avec scepticisme par le Hamas, intervient après les critiques sévères subies par l'Etat hébreu en réaction au bombardement d'une école gérée par l'Unrwa, l'agence de l'Onu chargée de l'aide aux réfugiés palestiniens, qui a fait dix morts dimanche à Rafah.

 

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a dénoncé un acte criminel et le département d'Etat américain s'est dit "horrifié" par un bombardement "scandaleux". En France, François Hollande a dénoncé un "bombardement inadmissible" qui, dit-il, illustre "l'impérieuse nécessité d'un cessez-le-feu".

 

Près de 1.800 morts

 

L'armée israélienne a annoncé que la trêve irait de 10h00 et 17h00 (07h00-14h00 GMT) mais qu'elle riposterait en cas d'attaque. En outre, elle ne s'appliquera pas dans l'est de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, la seule zone urbaine de l'enclave où les chars et troupes israéliens sont toujours présents, après s'être retirés ou redéployés vers les limites du territoire au cours du week-end.

 

"Ce redéploiement (des soldats israéliens) nous permet de travailler sur les tunnels, d'assurer la défense (des communautés israéliennes voisines de la bande de Gaza) et de laisser nos forces prêtes à de prochaines opérations. Il ne s'agit pas de la fin, peut-être d'une phase intérimaire", a dit à la radio le général Motti Almoz, porte-parole de l'armée.

 

Lundi avant l'aube, un haut responsable militaire du Djihad islamique, Danyal Mansour, a été tué dans le bombardement aérien de sa maison, a-t-on appris de source palestinienne. Il dirigeait le commandement nord du groupe armé allié au Hamas.

 

Après 27 jours de combats dans la bande de Gaza, l'Etat hébreu réduit seul son offensive en l'absence d'accord de désengagement négocié avec le Hamas, qui contrôle le territoire.

 

L'armée serait près d'atteindre le principal objectif affiché de l'opération "Bordure protectrice" lancée le 8 juillet, à savoir la destruction des tunnels qui permettent à des activistes palestiniens d'attaquer en territoire israélien.

 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a toutefois prévenu samedi que Tsahal continuerait son combat contre le Hamas s'il continuait à lancer des attaques contre l'Etat juif.

 

Le mouvement islamiste a réagi avec suspicion à l'annonce d'une trêve unilatérale, qui vise selon lui "à détourner l'attention des massacres israéliens". "Nous nous méfions d'une telle trêve et nous exhortons la population à la prudence", a déclaré Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas.

 

Le Hamas est présent au Caire pour des négociations boycottées par Israël, qui accuse le mouvement islamiste d'avoir violé vendredi matin une trêve humanitaire de 72 heures en lançant une attaque à Rafah qui a coûté la vie à trois soldats israéliens. L'accusation, rejetée par le Hamas, a été relayée par l'Onu et les Etats-Unis.

 

Le bilan humain de "Bordure protectrice" frôle désormais les 1.800 morts (1.796) dans le territoire palestinien, en majorité des civils, selon les services de santé de l'enclave. Côté israélien, 64 militaires sont morts, auxquels s'ajoutent trois civils tués par des tirs de roquettes.

 

Le conflit a fait des centaines de milliers de déplacés, plus du quart de la population du territoire (1,8 million d'habitants).

 

Trois mille habitations ont été détruites ou endommagées.

 

"Atrocité morale et acte criminel"

 

De nombreux déplacés ont trouvé refuge dans les abris gérés par l'Onu, dont l'école de Rafah où dix personnes ont péri dimanche dans un bombardement.

 

L'armée israélienne a annoncé avoir "visé trois terroristes djihadistes qui se trouvaient sur une moto aux abords d'une école de l'Unrwa à Rafah".

 

C'est la deuxième attaque à toucher une école gérée par l'Onu en moins d'une semaine, après celle de Djabalia, dans le nord du territoire, mercredi dernier, où 15 personnes au moins ont perdu la vie; la troisième en dix jours -le 24 juillet, 15 personnes ont été tuées dans le bombardement d'une école de l'Unrwa à Beit Hanoun.

 

"Cette attaque, avec d'autres violations du droit international, doivent faire l'objet d'une enquête sans délai et ceux qui en sont responsables devront en répondre. C'est une atrocité morale et un acte criminel", a réagi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

 

Accusant de nouveau le Hamas d'avoir transformé les installations gérées par l'Onu en "points chauds terroristes", Netanyahu affirme lui dans un communiqué diffusé dans la nuit de dimanche à lundi que "le Hamas a intérêt à ce que les habitants de Gaza souffrent, pensant que le monde imputera leurs souffrances à Israël".

 

L'Unrwa dit avoir découvert des roquettes entreposées dans trois de ses écoles.

 

Au Caire dimanche, outre l'assouplissement du blocus israélo-égyptien sur l'enclave demandé par le Hamas, les délégués palestiniens ont réclamé le départ des troupes israéliennes de la bande de Gaza, une aide à la reconstruction et la libération de prisonniers.