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Boeing malaisien abattu en Ukraine: les deux camps s’accusent

18 juillet 2014, 13:40

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Boeing malaisien abattu en Ukraine: les deux camps s’accusent

(Mis à jour) Les secouristes ont retrouvé, ce vendredi 18 juillet, la seconde boîte noire de l'avion de la Malaysia Airlines qui s'est écrasé hier dans l'est de l'Ukraine avec 298 personnes à son bord, selon un cameraman de Reuters présent sur les lieux. Les séparatistes pro-russes avaient déclaré jeudi qu'ils avaient récupéré le premier enregistreur du Boeing.

 

Le Boeing 777 de Malaysia Airlines  a probablement été abattu par un missile sol-air, estiment les Etats-Unis. Ce, tandis que Kiev et les séparatistes pro-russes se renvoient la responsabilité de cette catastrophe qui a fait 298 morts.

 

Selon un membre de l’administration américaine, Washington soupçonne fortement les séparatistes d’être responsables du tir. Rien n’indique que les forces ukrainiennes aient fait usage d’un missile et aucun ne manque dans leur arsenal, a-t-il précisé.

 

On ignore d’où provenait le tir, a toutefois déclaré un autre haut fonctionnaire américain. Le vice-président Joe Biden a quant à lui estimé qu’il ne s’agissait probablement pas d’un accident.

 

Pour les autorités ukrainiennes, l’avion, parti d’Amsterdam à destination de Kuala Lumpur, a été abattu par les séparatistes à l’aide d’un missile sol air SA-11 de fabrication soviétique, tiré avec l’aide de membres des services de renseignement militaires russes.

 

Niant toute responsabilité, les représentants de la «République populaire» et autoproclamée de Donetsk mettent en cause l’aviation ukrainienne.

 

Vladimir Poutine, qui parle, pour sa part, d’une «tragédie», a également imputé la responsabilité de la catastrophe aux autorités ukrainiennes, coupables selon lui d’avoir relancer leur offensive contre les séparatistes après la trêve observée il y a deux semaines. Le président russe ne s’est toutefois pas prononcé sur l’origine du tir.

 

Un vol Kuala Lumpur-Pékin de Malaysia Airlines avec 239 personnes à bord avait déjà mystérieusement disparu début mars.

 

«S’il s’avère que l’avion a bien été abattu, nous insistons pour que les responsables soient rapidement traduits en justice», a déclaré le Premier ministre malaisien Najib Razak, lors d’une conférence de presse organisée en fin de nuit à Kuala Lumpur.

 

«C’est un jour tragique et c’était déjà une année tragique pour la Malaisie», a-t-il ajouté.

 

Une boîte noire aux mains des séparatistes

 

Le président ukrainien Petro Porochenko, qui a ordonné aux forces gouvernementales de redoubler d’efforts pour en finir avec les séparatistes, s’est entretenu avec son homologue américain Barack Obama et s’est efforcé de rallier l’ensemble de la communauté internationale à sa cause. «L’agression extérieure dont l’Ukraine est victime n’est pas seulement notre problème, c’est une menace pour la sécurité européenne et mondiale», dit-il dans un communiqué.

 

Déjà malmené par l’évolution du conflit israélo-palestinien, les marchés financiers ont accusé le coup.

 

Mêlés aux débris de l’appareils, les corps des passagers, dont 154 étaient de nationalité néerlandaise, ont été disséminés près de Hrabove, à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, dans un secteur tenu par les séparatistes, qui disent avoir retrouvé l’une des boîtes noires. L’accès au site pourrait donner lieu à de nouvelles tensions.

 

Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu, a demandé l’ouverture d’une enquête internationale et transparente. Le Conseil de sécurité de l’Onu doit se réunir à 14h00 GMT pour une séance extraordinaire qui devrait donner lieu à l’adoption d’une déclaration.

 

 

Le texte rédigé par la Grande-Bretagne, dont Reuters a pu prendre connaissance, invite «toutes les parties à fournir aux enquêteurs un accès immédiat au site de l’accident pour qu’ils puissent en déterminer les causes» et faire en sorte que les «responsabilités soient établies».

 

L’événement pourrait amener les chancelleries occidentales à redoubler d’efforts pour obtenir la fin du conflit.

 

Lorsque Petro Porochenko l’a annoncé, Barack Obama était au téléphone avec Vladimir Poutine. Les deux chefs d’Etat évoquaient les nouvelles sanctions de Washington et de ses partenaires de l’Union européenne visant à contraindre Moscou de faire plus pour amener les séparatistes à déposer les armes. Obama a évoqué la possibilité de nouvelles mesures de rétorsion, selon la Maison blanche.

 

Un tir de missile buk ?

 

Selon Malaysia Airlines, 283 passagers et 15 membres d’équipage se trouvaient à bord de l’appareil. Outre les 154 Néerlandais, pour lesquels une journée de deuil national a été décrétée, il y avait 28 Malaisiens, 27 Australiens, 11 Indonésiens, six Britanniques, quatre Allemands, quatre Belges, trois Philippins et un Canadien. On ignore la nationalité des 45 autres passagers. Tous les membres d’équipage étaient Malaisiens.

 

Une centaine de corps ont été retrouvés, d’après un membre des services de secours. Les débris sont dissémines sur 15 km, a-t-il précisé.

 

Bien que plusieurs avions militaires ukrainiens aient été abattus dans le secteur ces derniers mois, dont deux cette semaine, et malgré les accusations réitérées de Kiev selon lesquelles les forces russes ont joué un rôle direct dans ces opérations, les couloirs aériens ukrainiens étaient restés ouverts.

 

Selon Malaysia Airlines, l’aviation civile ukrainienne a perdu le contact avec le vol MH-17 à 14h15 GMT alors qu’il survolait l’est de l’Ukraine en direction de la frontière russe.

 

L’appareil se trouvait alors à 33.000 pieds (10.000 mètres environ), soit son altitude de croisière.

 

A cette altitude, il était hors de portée des roquettes que les rebelles ont utilisées pour abattre les hélicoptères et les autres appareils de l’armée ukrainienne volant plus bas, mais pas d’un missile SA-11.

 

«A l’instant, au-dessus de Torez, des terroristes ont abattu un avion de ligne civil à l’aide d’un système anti-aérien Buk que Poutine leur a gentiment remis», écrit Anton Guérachtchenko, du ministère ukrainien de l’Intérieur, sur Facebook. Il publie en outre une photo montrant un lanceur Buk dans le centre de Torez, non loin de Hrabove.

 

Le Buk, également appelé SA-11 Gadfly, est un missile guidé par radar des années 70. Il pèse 55 kg et sa portée est de 28 km.

 

Selon la presse russe, les séparatistes en auraient bien acquis un. Un des groupes rebelles aurait dit avoir utilisé un SA-11 lundi pour abattre un Antonov An-26, une perte que les autorités ukrainiennes ont confirmée cette semaine en même temps que la destruction d’un chasseur Su-25 mercredi.