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Egypte-Lourdes peines pour les reporters d'Al Djazira

23 juin 2014, 19:27

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Egypte-Lourdes peines pour les reporters d'Al Djazira
L'Australien Peter Greste, basé au Kenya, et le Canado-Egyptien Mohamed Fahmy, chef du bureau d'Al Djazira en anglais au Caire, ont été condamnés à sept ans de réclusion pour avoir soutenu une "organisation terroriste" - expression qui désigne vraisemblablement les Frères musulmans. Leur collègue égyptien Baher Mohamed a écopé d'une peine supplémentaire de trois ans de prison pour détention d'armes.
 
Les trois journalistes, détenus au Caire depuis le 29 décembre, étaient poursuivis pour avoir publié de fausses informations de nature à saper l'intérêt national et d'avoir fourni de l'argent, du matériel et des informations à un groupe de 17 Egyptiens.
 
Les 17 autres accusés devaient répondre de chefs d'appartenance à une "organisation terroriste". Deux ont été acquittés, dont Anas Beltagi, fils d'un haut responsable des Frères qui est actuellement derrière les barreaux.
 
Quatre autres ont été condamnés à des peines de sept ans de réclusion et les onze restants, jugés par contumace, se sont vu infliger des peines de dix ans.
 
Présent à l'audience, le frère de Mohamed Fahmy, Adel, estimait lui que ce procès constituait une "chance" pour les nouvelles autorités égyptiennes, qui avaient, disait-il, l'occasion de prononcer un acquittement et ainsi de montrer leur attachement à la liberté d'expression.
 
DÉFI LANCÉ A LA LOGIQUE
 
Le bureau d'Al Djazira en Egypte a fermé le 3 juillet 2013, jour de la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi issu des Frères musulmans.
 
La chaîne est financée par le Qatar, monarchie du Golfe soutenant la confrérie, déclarée fin 2013 "organisation terroriste" en Egypte. Al Djazira a jugé absurdes les accusations retenues contre ses trois journalistes.
 
Les sentences ont été annoncées au lendemain de la rencontre au Caire entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le président Abdel Fattah al Sissi, au cours de laquelle a été évoqué le sort réservé aux Frères musulmans et de la transition politique.
 
A l'annonce du verdict, le chef de la diplomatie américaine a appelé son homologue égyptien, Sameh Choukri, pour lui faire part de son mécontentement.
 
"A l'évidence, la condamnation prononcée aujourd'hui est à la fois glaçante et d'une extrême sévérité", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Bagdad.
 
"Quand j'ai entendu le verdict, j'étais si préoccupé, si déçu que j'ai immédiatement décroché mon téléphone pour appeler le ministre égyptien des Affaires étrangères et lui manifester notre profond mécontentement."
 
La chaîne qatarie a demandé à l'Egypte d'invalider le verdict et les sentences rendus à l'encontre des trois journalistes, jugeant les peines de sept ans injustifiées et défiant toute logique.
 
Dans un communiqué, Al Anstey, directeur général du service anglophone d'Al Djazira, a estimé que les trois journalistes avaient été déclarés "'coupables' d'avoir couvert des sujets avec grand talent et intégrité, 'coupables' de défendre le droit du peuple à savoir ce qui se passe dans le monde où il vit".
 
"Il n'y a aucune justification à la poursuite, même d'une seule minute, de la détention de nos trois collègues. Les avoir détenus pendant 177 jours est une honte. Les avoir condamnés défie la logique, le bon sens et tout semblant de justice", a-t-il ajouté.
 
"Une seule issue sensée est envisageable: que le verdict soit invalidé (...)", lit-on également.