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Tout est permis !

23 juin 2014, 15:18

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Tout est permis !

Pendant le Mondial au Brésil, tout le kitsch est permis pour afficher son patriotisme: des ongles peints aux maillots pour chiens, en passant par les préservatifs parfumés à la caïpirinha pour les passements de jambes amoureux…

 

En période de Coupe du monde, le Brésil n'échappe pas à l'étalage habituel des tee-shirts, maillots, drapeaux, perruques et kits de maquillage qui garnissent la panoplie du supporteur.

 

Mais la compétition offre aussi l'occasion aux propriétaires de chiens, fashion victimes et fans excentriques de chercher à se distinguer.

 

A São Paulo, coeur économique du pays, les accessoires pour supporters sont disponibles à chaque coin de rue, chez les nantis comme dans les ruelles populaires.

 

Dans un district cossu, une boutique d'animaux de compagnie propose des sacs de ramassage d'excréments imprimés du dessin d'un ballon.

 

Mais le produit phare du magasin est un maillot canin jaune arborant le numéro 10 de Neymar, la star de la Seleçao brésilienne. Déjà 18 exemplaires ont été vendus à des maîtres conquis.

 

« Il fait froid en ce moment et puis il est mignon comme ça »,explique Regina Saccarelli, une architecte de 34 ans en promenant son bichon maltais tout de jaune canari vêtu.

 

Non loin de là, on offre des remises aux femmes qui souhaitent des ongles peints aux couleurs de leur sélection favorite.

 

Pour l'instant, c'est le jaune, vert et bleu du drapeau brésilien qui a la cote, mais on propose aussi des motifs tels que le Christ rédempteur de Rio ou des empreintes de léopard.

 

« En plus de s'habiller pour les matches, on veut toujours se faire les ongles »,assure Marina Jorkevics, responsable du salon Nailsxpress, qui souligne en outre les vertus esthétiques de ces parures digitales.

 

L'ivresse de l'amour

Surfant sur la vague du Mondial-2014, de nombreux créateurs de mode ont eu l'idée de concevoir des chemisiers, sacs et robes pour les femmes désirant afficher leurs préférences en évitant la contrainte de porter des maillots de football généralement peu seyants.

 

Dans la boutique de mode Mamy de Silveira's Essere, les débardeurs portant des empreintes de léopard et des rayures de zèbre de couleurs diverses se vendent comme des petits pains. Des touristes italiens, néerlandais et russes ont déjà été séduits.

 

« Tout se passe pendant la Coupe du monde. Si c'est pour faire la fête et encourager, ça vaut le coup d'investir dans des articles originaux »,assure Paula Acioli, experte en mode et professeur à l'université de la Fondation Getulio Vargas.

 

Dans ce contexte, « rien n'est kitsch », affirme-t-elle, soutenant qu' « il y a beaucoup de patriotisme au Brésil en dépit des manifestations et des grèves » qui ont marqué l'avant-Mondial.

 

A tel point que certains ont même laissé l'amour du pays passer la porte de leur chambre à coucher.

 

Depuis février dernier, l'ONG américaine DKT International, qui promeut le planning familial et la prévention du VIH, a vendu 2,1 millions de préservatifs parfumés à la caïpirinha, le fameux cocktail brésilien à base de cachaça, l'alcool de canne national, de sucre et de citron vert.

 

Vendue sous la marque Prudence, cette protection de couleur jaune - à l'exception de la pointe verte - est vendue à environ un euro.

 

« Je pense qu'il doit y avoir des étrangers qui vont le rapporter à la maison comme un souvenir pas cher »,avance Daniel Marun, directeur de DKT pour le Brésil pour tenter expliquer ce succès inattendu.

 

« Ce qui est important pour nous c'est de faire passer un message pour les relations protégées, mais aussi amusantes et agréables », plaide-t-il encore.

 

Des pieds à la tête

L'emplacement le plus kitsch et bon marché pour les souvenirs du Mondial-2014 se trouve certainement dans la rue du 25 mars à São Paulo, où les étals qui s'alignent sur les trottoirs exhibent chapeaux d'arlequin, perruques iroquoises et bruyantes vuvuzelas pour à peine plus de trois euros.

 

Mariane Vicente, conseiller parlementaire de 27 ans, cherche son bonheur dans un tas de chapeaux en forme de ballon. Pour le match du Brésil contre le Mexique (0-0), elle raconte qu'elle avait jeté son dévolu sur une robe à paillettes aux couleurs du Brésil.

 

« Il faut s'habiller avec style, être supporter des pieds à la tête », clame-t-elle.