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Visite surprise de John Kerry à Bagdad

23 juin 2014, 12:42

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Visite surprise de John Kerry à Bagdad

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé lundi à Bagdad pour une visite impromptue destinée à presser les dirigeants irakiens de former un gouvernement élargi face à l'offensive des djihadistes sunnites.

 

Deux semaines après la prise de Mossoul, la deuxième ville irakienne, dans le nord, les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont au cours du week-end renforcé leurs positions dans l'ouest de l'Irak, à la frontière syrienne.

 

Le chef de la diplomatie américaine, qui doit s'entretenir avec le Premier ministre irakien, le chiite Nouri al Maliki, et d'autres dirigeants, va "discuter des actions américaines en cours pour aider l'Irak face à cette menace et exhorter les dirigeants irakiens à progresser aussi vite que possible dans le processus de formation d'un gouvernement qui représente les intérêts des Irakiens", a dit la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki.

 

Dimanche, John Kerry soulignait, à la suite de Barack Obama, qu'il n'appartient pas aux Etats-Unis de choisir les dirigeants au pouvoir à Bagdad mais ajoutait cependant que la pratique du pouvoir de Maliki avait provoqué le mécontentement parmi les Kurdes, les sunnites et une partie des chiites, majoritaires en Irak.

 

Washington, a-t-il ajouté, souhaite que les Irakiens "trouvent une direction prête à être inclusive et à partager le pouvoir".

 

Le président américain Barack Obama a annoncé la semaine dernière que les Etats-Unis étaient prêts à une "action militaire ciblée et précise" en Irak et qu'ils allaient envoyer jusqu'à 300 conseillers militaires pour aider les autorités de Bagdad.

 

Mais il a aussi appelé les dirigeants irakiens à mener une politique incluant toutes les composantes de la population irakienne, chiites, sunnites et Kurdes, seule à même, a-t-il dit, de sortir le pays de la crise.

 

Maliki sur la sellette

 

Dans l'entourage de Kerry, on note que l'avancée des djihadistes de l'EIIL et de leurs alliés sunnites sur Bagdad s'est nettement ralentie. "Par conséquent, la menace sur Bagdad n'a plus le caractère immédiat qu'elle avait encore il y a quelques jours", a ajouté ce responsable du département d'Etat.

 

L'administration Obama, qui a décidé du retrait des forces américaines d'Irak fin 2011 après huit années de présence, peine à aider les autorités irakiennes face à la progression des insurgés sunnites.

 

Washington s'inquiète en outre de la politique menée par Maliki, vue comme un des facteurs du succès de l'EIIL.

 

De récents entretiens entre le Premier ministre irakien et des responsables américains se sont déroulés dans une atmosphère tendue, rapporte-t-on de sources au fait des relations entre Washington et Bagdad.

 

Des émissaires américains ont même indiqué, en termes diplomatiques, que Washington était "ouvert" à un départ du Premier ministre en place depuis mai 2006.

 

L'administration américaine a opportunément fait fuiter vendredi que les agences du renseignement américains avaient alerté à plusieurs reprises ces deux dernières années sur les risques de la politique menée par Maliki.

 

Ces rapports signalaient explicitement que le gouvernement irakien suscitait une violente animosité parmi la communauté sunnite, qui représente 35% environ de la population, au point de renforcer l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), émanation d'Al Qaïda dirigée par le mystérieux Abou Bakr Al Baghdadi.

 

A l'inverse, un proche allié de Maliki rapporte que le Premier ministre chiite, qui avait officiellement demandé l'aide de l'aviation américaine, est de plus en plus irrité par l'attitude de Washington.