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Edgard Razafindravahy: «Il n’y a que des mafias politiques»

18 juin 2014, 15:59

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Edgard Razafindravahy: «Il n’y a que des mafias politiques»

Sans concession. Discret depuis quelque temps, Edgard Razafin­dravahy, ancien candidat à la présidentielle malgache, est sorti de son silence. Invité dans une émission de la Radio Antsiva, l’ancien prétendant à la magistrature suprême a vivement critiqué le comportement des acteurs politiques.

 

«Rappelez-vous mes propos durant la propagande sur le fait que la pratique politique doit être droite et claire. Toutefois, ce n’est pas le cas. Et ce n’est pas étonnant, car la démocratie n’est pas encore ancrée à Madagascar, encore moins une pratique politique saine. Ce qui existe dans notre pays, ce sont des mafias politiques (…) L’ethique n’est pas encore de mise dans la pratique politique à Madagascar», a déploré l’ancien président de la Délégation spéciale de la ville d’Antananarivo (PDS).

 

Durant près de trois quarts d’heure, Edgard Razafin­dravahy s’est prêté au jeu de questions-réponses, avec comme interlocuteur Ismaël Razafinarivo, journaliste de la Radio Antsiva. Questionné sur plusieurs sujets tantôt concernant son parcours, tantôt sur l’actualité, l’homme politique a été particulièrement acerbe à l’endroit de ses pairs au sein du microcosme politique.

 

Fidèle à sa ligne de conduite, Edgard Razafin­dravahy a une nouvelle fois mis en exergue la nécessité de l’éthique politique dont l’absence, selon ses dires, a été la raison de sa situation singulière durant la présidentielle. Élu candidat du «Tanora Malagasy vonona» (TGV), lors de son congrès en avril 2013, il a été «lâché» par les Oranges au profit de Hery Rajaona­rimampianina, actuel président de la République.

 

Ligne de conduite

 

Dans son élan, l’ancien PDS d’Antananarivo a également imputé au manque d’éthique des acteurs politiques, la situation actuelle. Ismaël Razafinarivo lui a notamment demandé de donner son point de vue sur l’attitude des politiciens qui ont échoué aux élections et qui «se sont soit rués à la course aux sièges, soit précipités à trouver une manière pour désta­biliser le pouvoir en place».

 

En réponse, l’ancien prétendant à la magistrature suprême n’y est pas allé par quatre chemins. «Ce qui devrait être la norme dans une démocratie est que celui qui a gagné les élections, son équipe et sa famille politique, dirigent. Ceux qui ont été défaits, même s’ils sont nombreux, doivent se mobiliser, s’unir et constituer l’opposition», s’est-il exprimé.

 

Constatant les faits actuels, l’ancien premier magistrat de la capitale a cependant tonné que «ce qui est déplorable, actuellement, c’est que tous les adversaires de Hery Rajaonarimampianina se sont bousculés à ses côtés. En première ligne, il y a la mouvance Ravalomanana qui, au second tour, a eu un candidat qui a fait face à l’actuel président. Alors qu’elle est actuellement parmi les premiers soutiens du chef de l’État à l’Assemblée nationale. Il en est de même pour le candidat arrivé troisième aux élections et sa formation politique, membre de la PMP [Plateforme pour la majorité présidentielle]. Il y a également Roland Ratsiraka (arrivé quatrième au premier tour) et Camille Vital et son “Hiaraka Isika”».

 

Défendant sa ligne de conduite, Edgard Razafin­dravahy a souligné qu’il n’avait soutenu aucun candidat au second tour. «J’ai juste appelé les électeurs et ceux qui ont voté pour moi à voter et faire le bon choix, vu l’importance de l’événement pour la nation», a-t-il affirmé, précisant que jusqu’ici, il s’en tient à cette ligne de conduite. «Il me serait difficile de faire partie du pouvoir», a-t-il pourtant indiqué, en expliquant que «la raison pour laquelle l’on a été concurrent durant la présidentielle est que nous ne partageons pas les mêmes idées et programme. Par exemple, durant la campagne, j’ai prôné la bipolarisation de l’Assemblée nationale, avec une distinction claire entre les partisans et les opposants, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui».

 

Au sujet de l’opposition, Edgard Razafindravahy a soutenu que «cela ne devrait pas avoir pour objet de détruire le pouvoir. Aux opposants d’exposer leur programme, la population fera son choix lors des élections. (…) Pour les tenants du pouvoir, le vrai changement serait d’appeler ceux qui ne partagent pas leurs idées pour échanger, car de là pourrait naître du positif».

 

Garry Fabrice Ranaivoson