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Océans: «Nous avons failli à notre devoir de protéger nos ressources»

8 juin 2014, 21:36

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Océans: «Nous avons failli à notre devoir de protéger nos ressources»

L’état de lieux que dresse Vassen Kauppaymuthoo, océanographe, sur notre lagon est alarmant. Pour lui, cette Journée mondiale des océans, célébrée ce dimanche 8 juin, aurait dû mener à une prise de conscience. Car « nos lagons et nos océans sont fortement dégradés, nos ressources en poissons sont surexploités, et nous avons failli à notre devoir de protéger nos ressources et les gérer de façon durable».

 

Comment expliquer cet état des lieux ? «On est allé trop vite en besogne et on n’a pas regardé assez loin pour assurer notre futur», explique Vassen Kauppaymuthoo. Par exemple, les coraux qui sont essentiels pour la survie des lagons se meurent, «écrasés» ou «nettoyés par certains hôtels peu scrupuleux qui veulent créer des zones de baignade ou de ski nautique. Ils sont recouverts par des sédiments utilisés pour combler les lagons et créer des plages artificielles».

 

Puis il y a ces lagons dragués pour faire des passages pour les bateaux, les eaux usées non traitées qui y sont déversées… Autant de pratiques que dénonce Vassen Kauppaymuthoo. A quand une prise de conscience ? «Il faut dénoncer les actes irresponsables et lancer des mouvements citoyens, il faut punir ceux qui détruisent les coraux à travers des lois sévères, et il faut protéger nos lagons de façon urgente en créant des aires marines protégées. Voilà les actions urgentes à effectuer», relève l’océanographe.

 

Ce dernier estime qu’il faudrait aussi créer un cadre institutionnel et juridique pour préserver les coraux à Maurice. Après tout, Maurice «doit sa beauté et son industrie touristique aux coraux qui indirectement fournissent un repas quotidien à beaucoup de familles et de pêcheurs artisanaux».

 

 

Vassen Kauppaymuthoo, océanographe, sondant les dégâts causés
au lagon mauricien de par une surexploitation.

 

Las de constater que ses campagnes de sensibilisation ne mènent à rien, l’océanographe compte se lancer en politique. Pour faire avancer les choses. «Il faut agir au plus haut niveau pour nos océans et notre environnement», estime-t-il. Ses reproches aux autorités, ils sont nombreux.

 

«Le ministère de la Pêche se vante d'avoir signé un accord historique avec l'Union européenne pour vendre notre thon à Rs 2,40 le kilo ! Le même ministère met en avant des projets aquacoles de grande envergure sans se soucier des dégâts environnementaux et économiques par rapport au secteur touristique», s’insurge-t-il.

 

Tandis que ses critiques sont également dirigées vers le ministère de l'Environnement et du Développement durable, «qui n'a jamais cessé de donner des licences EIA à toutes sortes de projets qui sont souvent au détriment de notre environnement marin. Tout cela doit et va cesser. Il faut avoir une vue d'ensemble des problèmes liés à notre environnement marin. Quand nous ferons le bilan, nous verrons que nous avons grandement affecté notre économie en laissant se dégrader nos océans»