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Sabrina Puddoo : «Le père doit laisser s’exprimer son instinct quasi-féminin»

15 mai 2014, 00:00

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Sabrina Puddoo : «Le père doit laisser s’exprimer son instinct quasi-féminin»

La paternité est un aboutissement dans la vie d’un homme. Il veut être prêt à remplir son rôle de père quand le moment sera venu. La psychologue clinicienne Sabrina Puddoo nous en dit plus.

 

 

Comment l’homme conçoit-il la paternité ?

Contrairement à la femme, l’homme a besoin de se sentir prêt, c’est-à-dire d’être stable sur le plan amoureux, familial, professionnel et, surtout, financier. Il doit avoir un emploi sûr et un salaire permettant d’assumer sa famille. C’est l’image traditionnelle du père comme pilier et protecteur de la famille. Sans cette condition, beaucoup d’hommes ne peuvent pas imaginer devenir pères et leur désir de paternité ne s’exprime pas. Ce désir de paternité dépend aussi beaucoup de l’image que l’homme a de son propre père. L’histoire de chaque homme détermine donc sa facilité ou ses difficultés à s’imaginer en tant que père.

 

Concrètement, comment ce rapport entre le sujet masculin et son père pendant son enfance conditionne-t-il son désir de paternité ?

Deux éléments majeurs influencent l’apparition et le développement du désir de paternité. D’une part, il y a l’histoire personnelle de chaque homme. Si, par exemple, il a été un enfant heureux et que son père représentait pour lui un modèle, l’envie d’être papa ne rencontrera pas trop de difficultés à s’éveiller. Mais si le sujet a eu une enfance peu épanouissante, avec un père absent, alcoolique ou violent, son désir de paternité peut mettre du temps à se révéler. Il aura une peur inconsciente de devenir lui-même ce père qu’il aurait voulu différent.

 

Apprendre du jour au lendemain qu’on sera père comporte-t-il des risques ?

C’est un problème, aussi bien pour le développement de la relation du père avec son enfant que dans la relation de couple. Ne pas se sentir prêt est une chose, ne pas vouloir en est une autre. Dans les deux cas, il faut pouvoir accepter et respecter les peurs, les résistances ou les choix de son partenaire car faire un bébé dans le dos n’est pas sans risque, il s’agit alors d’en assumer les conséquences. Un homme qui ne se sent pas prêt mais qui n’est pas dans le refus d’être père développera un lien avec son bébé grâce au soutien de sa conjointe et au temps qu’elle saura lui donner. L’aide d’un psychologue peut aider à lever les craintes. Mais lorsque le « non » est clair, il s’agit de définir alors si avoir un enfant est essentiel ou non pour que le couple existe.

 

Pourquoi certains hommes envisagent-ils la paternité plus tard que d’autres ?

Chacun homme a son rythme ! Ce n’est pas tout le temps une question de stabilité financière. Il existe des hommes chez qui le désir de paternité n’apparaît que quand leur compagne leur annonce qu’elle est enceinte. Parfois ce désir naît qu’au moment de la première échographie. Chez certains hommes, c’est à l’accouchement qu’ils prennent conscience de leur paternité. Il est bon de savoir qu’il y a certains facteurs qui s’opposent au développement de la fibre paternelle. Devenir père ne va pas de soi. Certains hommes ont peur de perdre leur liberté ou refusent d’avoir un tiers dans la relation avec leur compagne.

Ce passage à la paternité peut être difficile, très difficile, voire ne jamais se faire pour certains hommes. D’autant plus qu’aujourd’hui, la paternité n’est pas la même expérience que nos pères et grands-pères ont vécue. On attend beaucoup plus des pères de la nouvelle génération qu’ils troquent leur costume pour le tablier, qu’ils se montrent « maternels » et laissent s’exprimer leur instinct quasi-féminin.

 

Source : Men’s Style, une publication bimestrielle de Business Publications Ltd