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Narendra Modi entre triomphalement à New Delhi

17 mai 2014, 16:18

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Narendra Modi entre triomphalement à New Delhi
Avec 282 sièges à la Lok Sabha, la Chambre du peuple, dix de plus que la majorité absolue, la victoire du BJP, la plus nette de ces trente dernières années est sans conteste. Elle va permettre à l'Inde de sortir de 25 ans de coalitions gouvernementales et, surtout, met un terme à la dynastie des Nehru-Gandhi qui domine la vie politique indienne depuis quatre générations.
 
De l'aéroport de New Delhi au siège national du BJP, Modi s'est offert un bain de foule, le corps à moitié sorti de la voiture le conduisant vers le centre de la capitale indienne.
 
Nationaliste issu du Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), un mouvement servant de terreau idéologique aux groupes hindous, le futur chef du gouvernement suscite les craintes des minorités religieuses - musulmans (13,4% de la population) et chrétiens (2,3%) - qui n'ont pas oublié les émeutes confessionnelles de 2002 dans l'Etat du Gujarat. Un millier de personnes, des musulmans pour l'essentiel, avaient été massacrées après l'incendie d'un train transportant des pèlerins hindous. Modi dirigeait alors l'exécutif local.
 
Ses adversaires s'inquiètent en outre du caractère autocrate qu'ils lui prêtent.
 
Mais dans sa course effrénée - il a parcouru au total 300.000 km depuis son investiture par le BJP, en septembre dernier -, Modi s'est attaché à faire passer les questions religieuses à l'arrière-plan, insistant d'abord et avant tout sur les questions de développement économique.
 
Trois fois "chief minister" (chef de l'exécutif régional) du Gujarat, un Etat situé sur la côte occidentale de l'Inde dont il n'a eu de cesse de mettre en avant les succès économiques lors de la campagne, Narendra Modi n'appartient pas aux élites du pouvoir de Delhi.
 
Issu d'une caste inférieure - son père était vendeur de thé dans une gare -, son accession au pouvoir marque la fin d'une ère dominée par les descendants du premier Premier ministre de l'Inde indépendante, Jawaharlal Nehru.
 
"Quatre à cinq générations ont été perdues depuis 1952", a-t-il lancé à ses troupes.
 
Se présentant lui-même comme un "ouvrier", il a rendu hommage à la mobilisation de ses partisans, qui l'ont couvert de pétales de rose à son arrivée au siège du BJP.
 
Il devait entamer des consultations sur la formation du gouvernement mais ne prêtera pas serment avant la semaine prochaine, sans doute mardi, a précisé la direction du parti.
 
"L'INDE, C'EST MODI, MODI, C'EST L'INDE"
 
Après proclamation de la quasi-totalité des 543 sièges de la Lok Sabha, le BJP devrait remporter au final 282 sièges, quand la majorité absolue est à 272. Avec ses alliés, il représentera 337 élus, un résultat sans équivalent depuis le raz de marée qui avait porté Rajiv Gandhi au pouvoir en 1984 après l'assassinat de sa mère, Indira Gandhi, la fille de Nehru.
 
Le Parti du Congrès, émanation politique de cette dynastie, s'effondre avec 44 élus seulement.
 
Dans son ultime discours à la nation, samedi, Manmohan Singh, le Premier ministre sortant, a souhaité un franc succès à la future équipe. "J'ai confiance dans l'avenir de l'Inde. Je crois fermement que l'émergence de l'Inde comme une puissance majeure de l'économie mondiale en pleine évolution est une idée qui va advenir", a-t-il dit avant de remettre sa démission.
 
Dans son édition de samedi, le quotidien The Economic Times traduit ce basculement en titrant: "L'Inde, c'est Modi, Modi, c'est l'Inde", en réminiscence du slogan usuel sous Indira Gandhi ("L'Inde, c'est Indira, Indira, c'est l'Inde.")
 
"La capacité de Modi à s'élever pour passer de rien à tout a démontré que les Indiens ne sont plus prêts à accepter que l'appartenance à une dynastie ou l'affirmation de prouesses universitaires à l'étranger servent de substitut à une argumentation convaincante", analyse Jagdish Bhagwati, un économiste influent qui se dit prêt à conseiller Modi.