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Joe Lesjongard : «Il faut réfléchir à un renouvellement de l’état-major du MMM»

1 mai 2014, 10:43

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Joe Lesjongard : «Il faut réfléchir à un renouvellement de l’état-major du MMM»

Joe Lesjongard, membre du bureau politique (BP) du Mouvement militant mauricien (MMM), jongle entre son opinion personnelle et la ligne de son parti. S’il admet qu’il faut un renouvellement à la tête du parti, il s’en remet, toutefois, au jugement de son leader et de sa direction.

 

 

● Vous étiez absent du pays pendant les négociations Ptr-MMM. Quel regard portez-vous sur ce qui s’est passé pendant votre absence ?

J’étais en Algérie comme observateur de l’élection présidentielle pour le Parlement panafricain. Je suis rentré le mercredi 23. J’ai rencontré Paul Bérenger dans la matinée de jeudi où j’ai été mis au courant de la teneur de ses discussions avec Navin Ramgoolam.

 

Lors de l’assemblée des délégués, Paul Bérenger a confirmé que la réforme électorale a une place très importante dans l’agenda du MMM. Et toute proposition ou discussion qui va dans ce sens nous interpelle pour un élargissement de l’espace démocratique.

 

 

● Mais qu’en est-il de la question de seconde République et d’alliance avec le Parti travailliste ?

Je crois que vous faitesfausse route. Je me suis faitun devoir ce matin de revoirles questions parlementairessur la réforme électoraledepuis 2005, y compris lesquatre Private Notice Questions(PNQ) de Bérenger,qui démontrent avec insistenceune volonté d’avancervers la réforme électorale.

 

 

● Mais la question de seconde République et d’alliance…

La question de seconde République et d’alliance avec le Ptr n’était pas d’actualité…

 

 

● À quel moment avez-vous pris connaissance de ces deux questions?

Quand le projet de nouvelle République avait été abordé par le Premier ministre après sa seconde rencontre avec Bérenger. La question d’alliance n’a pas été évoquée par qui que ce soit…

 

 

● Mais Bérenger en a parlé deux jours avant cette rencontre…

À 10 heures jeudi, le leader m’a parlé de la réforme électorale en me disant que nous étions à deux doigts de réussir.

 

 

● Mercredi, Bérenger a clairement parlé d’une possibilité d’alliance avec le Ptr…

Je vous confirme qu’à aucun moment jeudi matin mention n’a été faite d’une discussion sur une éventuelle alliance avec les travaillistes.

 

 

● Et quand Bérenger annonce qu’il n’y aura pas de réforme ni de seconde République sans alliance avec le Ptr, avez-vous été pris de court ?

Non. Bérenger était confiant de revenir de ces négociations avec de bonnes nouvelles. Et lors de la réunion du bureau politique de vendredi, il nous a fait comprendre que, dès le départ, il avait senti que Ramgoolam avait fait marche arrière. Parce que son interlocuteur avait introduit un nouvel élément concernant le seuil des 8,5 % plus un élu pour la répartition des sieges selon la formule de représentation proportionnelle. Il pensait que ça allait mal tourner et effectivement quand la question de seconde République est abordée, tout capote.

 

 

● Il semblerait que le bureau politique a été, dans un premier temps, tenu à l’écart des discussions ?

Ce que je comprends, c’est que le BP a été tenu au courant de l’évolution des discussions. Et au BP de vendredi, le leader devait venir annoncer la finalization des discussions sur la réforme électorale et l’introduction d’un projet de loi au Parlement.

 

 

● Revenons aux négociations. Il y a eu au moins un intermédiaire…

Je ne sais pas exactement comment les choses se sont passées. Mais j’ai lu dans la presse qu’il y a eu un intermédiaire. C’est une chose courante en politique.

 

 

● La base du MMM semble avoir pri s un coup….

Il ne faut pas se voiler la face et dire que les militants ne sont pas en colère. Ce qu’il faut comprendre, c’est pourquoi les militants sont en colère. Pour moi, premièrement, c’est parce  qu’ils aiment leur parti. Deuxièmement, parce qu’ils veulent nous envoyer un message clair. Ils ne sont pas prêts à accepter certaines choses. Maintenant est-ce que nous avons une bonne communication avec les militants ? Hier, (jeudi à l’assemblée des délégués) il y a eu une question très intéressante d’une jeune militante. À travers sa question, elle propose deux choses. D’abord revoir notre stratégie de communication générale etdeuxièmement revoir la manière dont l’information circule à l’intérieur du parti à différents niveaux.

 

 

● Et que pensez-vous de la présence des militants à Rivièredu- Rempart ?

Sir Anerood Jugnauth ne s’était pas exprimé depuis deux semaines. Cela a suscité de la curiosité.

 

 

● Ne pensez-vous pasqu’il y a une hémorragie à la base du parti ?

Non. Par contre, admettons- le, il y a une démobilisation des militants. Je serais malhonnête de ne pas le reconnaître. Le gros travail dans les semaines à venir c’est de mobiliser nos militants.

 

 

● Cette démobilisation, ne résulte-t-elle pas de l’attitude de la direction mauve ?

Non. Quelle a été l’attitude du MMM ? Une attitude constante, je vais vous dire pourquoi…

 

 

● Il n’y a pas eu de constance entre janvier et maintenant sur la question d’alliance que ce soit avec le MSM ou le Ptr ?

C’est la où je ne suis pas d’accord. Nous ne pouvons aborder la question d’alliance séparément…

 

 

● Mais c’est le MMM qui a toujours dit que la question d’alliance n’était pas liée à la réforme électorale et constitutionnelle ?

Moi je ne suis pas d’accord qu’on prenne la question d’alliance séparément. Depuis qu’on discute de réforme électorale cela a toujours été une priorité pour Paul Bérenger. Maintenant si Navin Ramgoolam veut jouer au malin, c’est son problème et non celui de Bérenger.

 

 

● Pensez-vous que la direction du MMM a toujours la confiance de sa base ?

Oui. Il y a une démobilisation, mais il y a une totale confiance de la base envers la direction. Et la façon don’t s’est déroulée l’assemblée des délégués en est la preuve. Mon analyse c’est que le militant a envoyé un signal clair pour dire qu’il ne veut pas qu’on l’emmène au pouvoir à n’importe quel prix.

 

 

● Il n’y a pas eu d’élections au sein des instances du MMM depuis longtemps et le démissionnaire Ivan Collendavelloo souhaite qu’elles soient organisées rapidement ?

Ivan Collendavelloo a fait des commentaires qu’il aurait dû faire avant de démissionner. Cela ne sert à rien de démissionner pour ensuite faire des commentaires. Mais pour retourner aux élections, moi je pense qu’il faut effectivement y songer …

 

 

● À un moment, où est-il temps ?

Je ne dirais pas qu’il est temps. Il y a un gros travail à faire au niveau du parti. On ne peut tout faire en même temps. La priorité doit être la mobilisation de la base.

 

 

● Parmi les militants présents à Rivière-du- Rempart, il y avait ceux déçus par les propos de sir Anerood à l’encontre de Bérenger, mais aussi ceux qui dissent comprendre. Et vous ?

Les propos tenus reflètent sa personnalité, son franc- parler et sa manière de dire les choses. Mais la virulence de son intervention est blessante. Il est bon de rappeler qu’à chaque fois que sir Anerood est devenu Premier ministre, exception faite de 1983 et 1987, il était en alliance avec le MMM.

 

 

● Les jeunes semblent voir à la tête du MMM, et d’autres partis également, des gens dépassés…

C’est méchant de dire cela. Il faut dire aux jeunes que les grandes idées qui sont véhiculées dans notre pays émanent du MMM. Il faut transmettre les valeurs du parti…

 

 

● Le pouvoir décisionnel aussi ?

Je pense qu’il faut réfléchir sérieusement à certaines choses qu’on doit revoir au sein du parti. Cela doit se faire à l’intérieur des instances du parti.

 

 

● Y compris un renouvellement de l’étatmajor du MMM ?

Je pense que oui. Pourquoi pas ? Mais c’est au BP et au leader d’en décider.