Publicité

2011: vent de révolte dans les pays arabes (1/3)

30 décembre 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

2011: vent de révolte dans les pays arabes (1/3)

De la Tunisie à la Syrie, de l''''Egypte à la Libye, un vent de révolte a balayé le monde arabe en 2011, chassé des dirigeants autocrates et modifié les équilibres géopolitiques. Retour en 3 volets  sur un "printemps arabe" qui n''est pas le phénomène d''une saison. 1ere partie : La Tunisie, l’Egypte et la Libye.

La Tunisie, pionnière du printemps arabe

Mohamed Bouazizi un jeune Tunisien s''immole par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid (centre du pays) après la confiscation de sa marchandise par les autorités. Il mourra le 4 janvier, sans connaître l''ampleur des bouleversements provoqués par son geste de désespoir.

Très vite, commerçants et jeunes chômeurs manifestent à Sidi Bouzid puis le pays tout entier est bientôt gagné par la colère. Colère contre un régime répressif et colère contre un clan, constitué autour des Trabelsi, la belle-famille de Zine ben Ali, accusé d''accaparer les richesses du pays. Le président est dépassé et toutes ses initiatives sont vaines face à un mouvement inexorable. Sa police perd son pouvoir d''intimidation. Ses promesses de réformes ne convainquent pas. Pour toute réponse, les Tunisiens lui crient "Dégage". La révolte devient révolution le 14 janvier. L''armée refuse de tirer sur la foule et Zine ben Ali doit fuir en Arabie saoudite après 23 années d''un pouvoir sans partage.

Les premières élections libres en Tunisie ont lieu 9 mois plus tard, pour désigner une assemblée constituante. Les Tunisiens se rendent aux urnes en masse, le taux de participation dépassant les 90%, et les islamistes du parti Ennahda sortent grands vainqueurs du scrutin, avec 90 sièges sur 217, en promettant de ne pas toucher aux fondements laïques de la société tunisienne.

L''Egypte, une révolution en 18 jours

En Egypte, la révolution sera même plus rapide qu''en Tunisie. Du 25 janvier, date de la première manifestation, au 11 février, démission d''Hosni Moubarak, 18 jours suffiront à faire tomber le principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe.

Les manifestations se succèdent, réunissant des centaines de milliers de personnes à travers le pays, notamment sur la place Tahrir du Caire qui devient le symbole de la "révolution du Nil". Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, multiplie les concessions et les adresses solennelles à la nation mais là encore, rien n''y fait. Après des années de résignation, les manifestants ne veulent plus rien d''autre que son départ pur et simple.

Le 11 février, Moubarak s''en va, définitivement. Avec le consentement de la population, qui lui sait gré d''avoir évité un bain de sang, l''armée prend les rênes du pays, promet de transférer le pouvoir à un gouvernement civil et s''engage à respecter les traités internationaux, notamment la paix signée en 1979 avec Israël.

La confiance envers les militaires s''effrite toutefois peu à peu. Le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui et son Conseil suprême des forces armées (CSFA), au fonctionnement opaque, sont soupçonnés de manoeuvrer en coulisses pour conserver le pouvoir et préserver les intérêts tentaculaires de l''armée et les manifestations reprennent en novembre sur la place Tahrir, et se poursuivent en décembre au Caire.

Ce climat tendu n''empêche pas les Egyptiens de voter en nombre à partir du 28 novembre lors d''un scrutin au déroulement complexe dans lequel le mouvement des Frères musulmans, interdit mais toléré par Hosni Moubarak, sort vainqueur, suivi des Salafistes (islamistes radicaux), alors que les partis laïcs sont loin derrière. Le processus électoral se poursuivra début janvier 2012.
 
Guerre civile en Libye

Dans la nuit du 15 au 16 février, des émeutes éclatent à Benghazi, capitale d''une Cyrénaïque basculant rapidement aux mains de l''opposition, tandis que des villes se soulèvent ensuite dans l''ouest du pays.

Mouammar Kadhafi  envoie ses avions de chasse bombarder les manifestants. Et vite,  l''insurrection tourne au conflit armé ( PHOTO). Mal équipés, désorganisés, les insurgés reculent face à l''armée régulière. Menacés de débâcle, ils lancent un appel à l''aide à la communauté internationale. La France y réagit immédiatement et, avec la Grande-Bretagne, elle obtient de la Chine et de la Russie qu''elles laissent le Conseil de sécurité des Nations unies donner son feu vert à une intervention militaire.

La résolution 1973 instaure une zone d''exclusion aérienne et autorise le recours à "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils libyens. Elle ne prévoit pas explicitement le renversement du dirigeant libyen même si, à peine plus d''une semaine après les premières émeutes à Benghazi, Nicolas Sarkozy déclarait déjà que "Kadhafi doit partir", moins de quatre ans après l''avoir reçu avec les honneurs à Paris.

Malgré les bombardements de l''Otan sur les forces kadhafistes, le conflit s''enlise, les lignes de front se figent. Puis en août, subitement, les insurgés fondent sur Tripoli. La capitale tombe le 23 août, le clan Kadhafi prend la fuite et s''éparpille. Mouammar reste longtemps introuvable. Il est finalement retrouvé à Syrte, sa ville natale, qui chute après deux mois de siège. L''ancien "guide" tente de s''échapper mais son convoi est vite arrêté par des avions de l''Otan. Des insurgés le capturent, l''exhibent, le frappent. Mouammar Kadhafi meurt le 20 octobre.

Les ex-rebelles proclament officiellement la "libération" de la Libye, pays à l''unité désormais fragile, menacée par des rivalités entre factions combattantes revendiquant chacune leur part de la victoire contre Mouammar Kadhafi.

(Source : Reuters)