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12-Mars à l’UoM : La constance de l’ethnicité empêche d’être entièrement Mauricien

12 mars 2012, 00:00

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12-Mars à l’UoM : La constance de l’ethnicité empêche d’être entièrement Mauricien

Ils sont venus, ils ont chanté et ils ont applaudi. Des étudiants de l’Université de Maurice s’étaient rassemblés, vendredi dernier 9 mars, à l’auditorium Octave-Wiéhé pour fêter la nation. Ils ont présenté un défilé de grands symboles de la diversité mauricienne et le Motherland dans le langage des signes.

L’auditorium a vibré, mais à l’extérieur, sur le campus, c’était un jour comme les autres. Quand on pose la question sur l’appartenance à la nation et la célébration du 44e anniversaire de l’indépendance, un mot revient toujours dans les esprits : l’ethnicité.

C’est le facteur qui divise, constate Manorama Akung, étudiante en histoire. « Il y a une guerre froide, une lutte sournoise pour le pouvoir qui historiquement a abouti a une division en termes de religions de castes et de classes. Une division superficielle mais en même temps enracinée dans la société mauricienne. On peut le constater à travers la pratique qui consiste à nommer des responsables des corps para-étatiques en fonction de leur appartenance ethnique et castéiste. Parallèlement, nous assistons à des dérapages dans les débats autour du kreol et du bhojpuri à l’école et des agissements malsains des groupes socioculturels qui bénéficient des allocations de l’Etat. »

Le passage du pays au statut de république en 1992 n’y a rien fait, ajoute Manorama Akung : « Une république veut dire une nation laïque, donc sans influence religieuse dans les affaires de l’Etat. Mais l’Etat mauricien subventionne encore les groupes socioculturels avec l’argent des contribuables. »


Il existe pourtant un moment où l’identité mauricienne prend le dessus sur son appartenance communautaire. « On se sent Mauricien, on se dit Mauricien, quand on est à l’étranger. On ne se pose pas alors de questions sur sa caste ou sa religion », regrette Esha Dwarka, ex-étudiante en sciences politiques à l’université de Maurice.

Alors que faire, pour déconstruire cette tendance ? Pour Jocelyn Chan Low, Professeur d’histoire à l’Université de Maurice, la réponse est dans un changement constitutionnel. « Nous avons un discours politique extrêmement passéiste qui fait beaucoup de tort à la nation mauricienne. Quarante-quatre ans après l’indépendance, le temps est venu de changer notre constitution. Il nous faut des réformes de fond, changer de fond en comble la philosophie de la constitution et notre système électoral. Et ce changement doit respecter le vœu de l’ensemble de la population et ne doit pas être imposé par des politiciens. »

Voir le reportage vidéo :