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« Lectures Croisées » : L’histoire politique du pays vue par Cuttaree, de l’Estrac et Rivière

17 février 2012, 00:00

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« Lectures Croisées » : L’histoire politique du pays vue par Cuttaree, de l’Estrac et Rivière

Jayen Cuttaree, Jean-Claude de l’Estrac et Lindsay Rivière qui ont publié ou préfacé des livres relatifs au monde politique ont partagé leur vision de cette sphère. C’était lors d’un débat à Audi Zentrum, le jeudi 16 février.

« Le Livre politique : Quels regards sur le théâtre de la politique et ses acteurs ? » C’est autour de cette interrogation que les auteurs Jayen Cuttaree et Jean-Claude de l’Estrac ainsi que le préfacier Lindsay Rivière ont ouvert le débat, le jeudi 16 janvier, à Audi Zentrum, Réduit. Ils étaient les invités d’Issa Asgarally à la rencontre « Lectures Croisées ».

Jayen Cuttaree, ancien ministre et leader adjoint du Mouvement militant mauricien, vient de publier un ouvrage intitulé : Behind the Purple Curtain : A Political Autobiography. Jean-Claude de l’Estrac, qui a aussi quitté la politique active, est lui au troisième élément de sa trilogie sur l’histoire de Maurice : Passions Politiques (1968-1982). Quant à Lindsay Rivière, il a préfacé le livre Guy Rozemont : le défenseur des plus démunis, écrit par son oncle Mée Rivière.

Si Cuttaree et de l’Estrac ont été des acteurs de premier plan dans le monde politique, Rivière a choisi de demeurer un spectateur de ce « panier à crabes ». Mais il a été un spectateur averti, attentif, participant aux débats, car il a été, pendant plus de dix ans, le rédacteur en chef du journal Le Mauricien et plus tard le Directeur de Business Publications. Aujourd’hui, il est le président du conseil d’administration du groupe La Sentinelle.

Mais quelles sont les motivations pour écrire sur le monde politique, se demande l’animateur Issa Asgarally. De l’Estrac est prompt à répondre : il a voulu permettre à un large public de connaître l’histoire du pays. « Je ne suis pas un historien. Je suis un journaliste qui s’intéresse à l’histoire et j’ai voulu rendre notre histoire lisible à des Mauriciens », affirme-t-il. Cuttaree lui a voulu raconter les coulisses de la politique mauricienne, surtout la période s’étalant de 1982 à 2005. « J’ai été encouragé par Jean-Claude de l’Estrac pour continuer l’histoire racontée dans son dernier ouvrage », dira Jayen Cuttaree.

Lindsay Rivière a, pour sa part, voulu s’interroger sur ce qui ce qui aurait été le paysage politique si Rozemont n’avait pas disparu aussi tôt. Il est d’avis que le Parti travailliste aurait été, sans doute, différent si les tribuns comme Guy Rozemont ou Renganaden Seeneevassen étaient toujours vivants. « Le Parti travailliste aurait été plus radical et davantage national », a-t-il lancé.

Un autre thème abordé, lors des discussions est celui relatif à l’amitié en politique. Cuttaree a expliqué qu’il maintenait ses liens d’amitié, peu importe le bord politique de ses amis. Toutefois, il fait la différence entre loyauté et amitié. « C’est vrai qu’ils sont mes amis mais je n’ai pas de double-loyauté. J’ai été loyal envers mon parti et envers Paul Bérenger. Mais je fais toujours la différence entre la politique et l’amitié », dit-il.

Ces liens d’amitié avec des acteurs politiques qui s’opposent ont permis à Cuttaree de rapprocher ce qui est épars, en se faisant l’homme-pont entre ceux qui s’opposent. « Il a été tout le temps été le raccommodeur de service », dira de lui Jean-Claude de l’Estrac.

Jean-Claude de l’Estrac, lui, estime que la véritable amitié est plutôt rare en politique. Celui qui a été ministre dans le passé et qui sera le prochain secrétaire général de la Commission de l’Océan Indien trouve qu’il y a en politique beaucoup de calculs et de passion.

Il estime, d’ailleurs, que les cassures des alliances politiques qui ont fait tant de mal au pays et aux politiciens trouvent leur source dans des blessures personnelles ressenties par l’un ou l’autre acteur. « A chaque fois, la rupture d’une alliance est survenue parce que l’un des leaders politiques s’est senti humilié », avance-t-il.

Pour illustrer son propos, il racontera comment le Premier ministre Navin Ramgoolam s’est senti humilié quand son adjoint Paul Bérenger assumant la suppléance avait médiatisé ses journées de travail pour faire accroire que le titulaire ne travaillait pas.

Où encore comment Paul Bérenger n’avait pas apprécié une instruction du Premier ministre à un ambassadeur pour renverser une décision du conseil des ministres prise en l’absence du chef du gouvernement.

La soirée a pris fin avec les auteurs lisant chacun un extrait de leur ouvrage. Les membres de l’assistance disent avoir apprécié le débat, mais ils étaient nombreux à avoir regretté de ne pas avoir pu interroger les auteurs. Issa Asgarally a expliqué que cela n’a pu être fait, faute de temps.