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Emploi des époux étrangers: le gouvernement campe sur ses positions

8 avril 2019, 22:30

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Emploi des époux étrangers: le gouvernement campe sur ses positions

«Mon épouse, qui est Malgache, travaille à temps partiel chez des particuliers dans la région de Cap-Malheureux et de Péreybère comme femme de ménage. Comment fera-t-elle ?» se demande cet habitant du Nord. Mais le gouvernement ne reviendra pas sur sa décision. Les conjoints étrangers des Mauriciens doivent obligatoirement avoir un permis de travail pour exercer à Maurice. C’est ce que le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a fait comprendre à l’express hier. En revanche, son ministère a créé un bureau spécial pour ceux qui auront besoin du précieux sésame. 

Cette nouvelle mesure introduite le 21 mars sous la Non-Citizen Employment Restriction act ne réjouit guère les étrangers ni leurs conjoints mauriciens. Du côté du ministère du Travail, le ministre rappelle que ceux qui ont déjà un emploi auront un moratoire de trois mois pour faire la demande de permis en produisant les documents requis, notamment le contrat de travail, et moyennant un paiement de Rs 700. «Toutes les demandes passeront par un fast-track. Les résidents ayant déjà un emploi auront leur permis dans un temps limité», rassure Soodesh Callichurn. 

Qu’en est-il de ceux souhaitant travailler à Maurice et qui viennent d’épouser un Mauricien ou une Mauricienne ? Ils devront avoir le contrat avec leur futur employeur pour faire la demande. 

Selon les chiffres disponibles au ministère du Travail, quelque 600 étrangers ayant épousé des Mauriciens ont informé le ministère qu’ils travaillent sur notre sol. Toutefois, ils sont estimés à 5 000. Avant l’introduction de ce règlement, il n’était pas nécessaire d’avoir un permis de travail. D’où la raison pour laquelle ils n’ont jamais senti l’obligation de se faire enregistrer.

Mariages blancs

Le ministère du Travail maintient que cette mesure est nécessaire en raison des mariages blancs. «Nous avons noté que beaucoup d’étrangers n’ont épousé des Mauriciens que sur papier pour avoir un permis de résident et du travail sans vivre ensemble. Nous voulons un contrôle plus strict.» 

Par ailleurs, le ministre rejette l’argument selon lequel cette mesure pourrait impacter le secteur financier ou encore décourager la diaspora mauricienne de rentrer au pays. «Si les conjoints de Mauriciens veulent travailler chez nous, ils pourront faire la demande de permis de travailler, qui sera considérée.» 

Les étrangers ne sont pas rassurés par cette décision gouvernementale. «Je trouve cette mesure profondément discriminatoire, sous prétexte qu’on combattrait les mariages blancs. On est prêt à vendre la nationalité mauricienne mais on interdit aux époux des Mauriciens de pouvoir travailler alors qu’ils vivent ici», écrit un internaute. 

Une étrangère qui vit à Maurice craint pour son avenir. «J’ai un papier provisoire dans l’attente de mon permis de résidence en tant qu’épouse de Mauricien. On m’avait dit à l’immigration que j’avais le droit de bosser. Avec ce papier, j’ai trouvé un travail, aujourd’hui on me dit que je n’ai pas le droit de bosser finalement», déclare-telle. D’autant que le fond de l’introduction de cette mesure serait la pression d’un entraîneur qui aurait voulu empêcher un jockey marié à une Mauricienne de monter un cheval au Champ-de-Mars…

Faire revenir la diaspora

L’homme de loi, Marc Hein, a également exprimé sa crainte dans les colonnes de l’express de samedi. «Tout cela vient aussi à l’encontre du projet d’ouvrir l’île Maurice vers le monde et le désir de faire revenir la diaspora mauricienne chez nous.» À ses yeux, c’est une mesure «rétrograde, insensée, qui nous ramène à 45 ans en arrière». Pour le ministre, cette décision n’affectera nullement la politique du gouvernement qui encourage les Mauriciens à retourner investir dans leur pays. 

On peut également se poser la question de l’impact que cette mesure aura sur les épouses. Puisque ce sera plus compliqué de travailler, elles pourraient devoir se contenter de jouer les femmes au foyer…