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Voyages: le paiement à crédit prend son envol

14 septembre 2018, 00:00

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Voyages: le paiement à crédit prend son envol

«Souvent, les gens renoncent à voyager car les coûts sont trop élevés.» Constat d’une directrice d’agence. Les billets d’avion, l’hébergement et d’autres dépenses faramineuses peuvent décourager à entamer un tel projet. En alternative, le paiement à crédit des voyages fait son petit bonhomme de chemin.

À titre d’exemple, le 6 septembre, l’Employees Welfare Fund (EWF) a introduit le «Holiday Scheme» pour proposer des forfaits voyages. Si les fonds sont insuffisants, un «Welfare Loan» offre la possibilité de payer par tranches. «Ce prêt permettra aux salariés contribuant au National Savings Fund (NSF) de financer les voyages proposés par les agences», explique-t-on à l’EWF. Pour des déplacements par avion, les forfaits incluent le billet, l’hébergement et les excursions. Quant aux croisières, seuls les billets d’avion et de bateau sont compris, ajoute notre interlocuteur.

Si l’EWF s’apprête à faire son baptême de feu avec ces forfaits, plusieurs agences ont déjà pris le train en marche. Telle l’introduction de CIM Voyage, initié par CIM Finance. «Nous avons noté une hausse de demandes. Les clients choisissent ce mode de paiement pour, par exemple, des vacances bien méritées après un dur labeur, la découverte d’une nouvelle destination en famille alors que les économies font défaut. Certains clients préfèrent un remboursement étalé sur plusieurs mois au lieu de puiser dans leurs économies», précise Pritee Ombika-Aukhojee, Senior Manager Product de CIM Finance.

Opérationnel depuis janvier, ce service a été revu pour plus d’accessibilité, ajoute-t-elle. Comment fonctionne-t-il ? En fait, 75 % des coûts du voyage, y compris le billet d’avion ou de croisière, l’hébergement et d’autres services liés aux déplacements, sont financés. Peut-on voyager n’importe où à crédit ? Certaines agences n’imposent aucune limite pour les destinations. En revanche, chez d’autres prestataires, les forfaits s’astreignent à des trajets précis, notamment des croisières à partir de Marseille, d’Inde, entre autres, pour l’EWF.

Au sein des agences de voyage, l’engouement décolle déjà. «Nous recevons des demandes pour des forfaits de voyage vers Rodrigues et aussi juste pour les billets pour les destinations comme Paris, Montréal, La Réunion etc.», déclare Anne Rajoo, Sales and Marketing Executive chez Itineris Ltd. D’autant que cette formule semble prisée pour sa flexibilité avec une échelle de paiement variant de six à 24 mois, ajoutent les prestataires. Chez Shamal Travels, le personnel a également été formé dans ce domaine, assure Ajmal Tincowree, directeur d’agence.

Taux d’intérê

Mais qui dit crédit, dit forcément intérêts. Quels sont les taux applicables? À l’EWF, ceux-ci sont de 8 % annuellement, moyennant un dépôt. Avec un «Welfare Loan», le remboursement s’étale jusqu’à cinq ans au maximum. Chez Itinéris, le dépôt est de 25 % et le taux d’intérêt de 13,5 % annuellement, tel que confirmé d’ailleurs par CIM Finance. Avec ces barèmes, la note s’avère-t-elle salée au final ? Umarfarooq Omarjee, directeur commercial et du développement chez Omarjee Holidays, est de cet avis : «Nous ne proposons pas ce service car les frais peuvent être conséquents pour les passagers. Le taux d’intérêt est élevé. La politique du zéro dépôt n’est pas applicable. Le crédit peut être utile, par exemple pour un voyage familial. De plus, Maurice a un marché restreint pour ce service. À l’inverse, l’Europe dispose d’une dizaine d’organismes de crédit. Aussi, les agences peuvent proposer des conditions intéressantes

Chez CIM Finance, on fait ressortir que l’offre est assortie d’un taux d’intérêt que le client peut comparer à celles d’autres institutions pour effectuer son choix, selon les conditions de remboursement. «Notre objectif est avant tout d’offrir la possibilité au plus grand nombre de réaliser leurs rêves de voyage», ajoute Pritee Ombika-Aukhojee.

Un autre aspect, soit le nonremboursement, peut aussi causer des turbulences. Par exemple, prenons le cas d’un meuble, d’un téléviseur ou de tout autre objet physique acheté à crédit et que le client ne paie plus ses mensualités, celui-ci peut être repris par le revendeur. «Or, pour le voyage, on ne peut récupérer le service au retour du passager s’il n’honore pas ses paiements», prévient Umarfarooq Omarjee. Qu’advient-il dans le cas du voyage à crédit ? D’après CIM Finance, la période étalée sur 24 mois permet «d’assurer que les clients rembourseront leur emprunt selon le contrat établi». Le dossier est visé avant l’allocation du crédit, soutient Ajmal Tincowree.

En cas de défaut de paiement, des rappels sont envoyés au client par e-mail, par SMS, par courrier ou par téléphone, soutient-on à CIM Finance. L’instance précise également qu’un client cumulant les impayés encourt le risque d’être fiché au Mauritius Credit Information Bureau.

CRITÈRES

Pour adhérer au paiement à crédit, tout client doit être employé à temps plein. Il doit aussi disposer de revenus mensuels d’au moins Rs 15 000, soutient Pritee Ombika-Aukhojee. Ensuite, le passager sélectionne son forfait voyage chez un partenaire agréé et présente des justificatifs comme la pièce d’identité, le relevé de salaire, la preuve d’adresse à CIM Finance. La capacité de remboursement est également évaluée et déterminante. En sus de cette facilité, certaines agences autorisent le paiement échelonné par carte de crédit bancaire. «Dans ce cas, la demande est faite à la banque. Si celle-ci est acceptée, un accord est établi pour l’échelonnage du paiement entre le client et son institution financière», soutient Umarfarooq Omarjee.