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Le Collectif Arc-en-Ciel: «Les transgenres sont les plus à plaindre»

20 mai 2022, 21:00

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Le Collectif Arc-en-Ciel: «Les transgenres sont les plus à plaindre»

Commémorer la décision de l’Organisation mondiale de la santé, en 1990, de ne plus classifier l’homosexualité comme un trouble mental. C’est le but de cette Journée mondiale choisie par Louis George Tin, rappelle Jean-Daniel Wong. À ce jour, cette journée est célébrée dans plus de 130 pays. Il a souligné que les deux dernières années, marquées par la pandémie du Covid-19, ont mis l’accent sur les corps, les vies et les droits, thème choisi cette année, et que les corps et les vies sont intrinsèquement liés à l’orientation sexuelle, identité du genre, expression de genre, et caractéristiques sexuelles (OSIEGCS). «Celles-là ne devraient sûrement pas conférer de droits spécifiques aux personnes LGBTQIA++ mais tristement, dans plusieurs parties du monde, dont Maurice, elles représentent une barrière aux droits égaux et aux services dont ceux de santé publique. Et il y a encore des lois qui pénalisent l’OSIEGCS», a affirmé le Manager du CAEC. Il a rappelé que l’objectif principal des mobilisations du 17 mai est d’accroître la sensibilisation sur la violence, la discrimination et la répression dont font l’objet les communautés LGBTQIA++ à travers le monde et qu’en retour, ces mobilisations offrent l’opportunité de prendre des actions et d’engager le dialogue avec les décideurs, les médias, l’opinion publique et la société civile dans son ensemble. 

Cette table ronde du CAEC sert non seulement à évaluer comment le pays peut mieux faire dans ce domaine mais aussi à discuter, échanger, inspirer et soutenir les actions favorisant une meilleure inclusion des personnes LGBTQIA++ dans leur diversité pour qu’elles obtiennent les droits égaux à Maurice. «Nous avons des droits humains parce que nous existons (…) c’est indépendamment de nos identités du genre.» Il a rappelé que l’article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme spécifie que nous naissons tous égaux en droit et en dignité, et que cela incluent les LGBTQIA++. 

Or, bien qu’il y ait des lois ce type de discrimination (l’Equal Opportunities Act et le Workers Rights Act,) Jean- Daniel Wong a rappelé qu’elles ne tiennent pas compte des personnes transgenres. De plus, bien que la thérapie hormonale soit offerte dans les hôpitaux de l’île, l’État civil leur refuse le droit de prendre une identité du genre autre que celle obtenue à la naissance. 

Selon lui, le gouvernement seul ne peut pas mettre fin à la violence et la discrimination vis-à-vis des personnes LGBTQIA++. «Nous sommes convaincus que notre rôle dans la société est de contribuer à mettre en place un environnement sûr, où tout le monde peut s’épanouir et vivre sa vie pleinement.» 

La mission du CAEC est également d’avoir le soutien d’alliés. «Être un allié est bien plus qu’une acceptation silencieuse. C’est être là pour les membres de votre famille, vos amis, collègues, voisins LGBTI, comprendre leur expérience et les aider à mieux appréhender les vôtres, c’est se soutenir mutuellement dans les temps durs, c’est donner un exemple positif aux autres, c’est créer une société plus aimante et inclusive où chacun est valorisé, indépendamment de qui il est et qui il aime, c’est promouvoir une culture de respect et d’égalité sur le lieu de travail et au sein des communautés où chacun vit.» 

Vincent Degert, ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Maurice et aux Seychelles, un des principaux bailleurs de fonds du CAEC, a rappelé que cette institution reste pleinement engagée et mobilisée dans la lutte contre la stigmatisation et la violence envers les personnes LGBTQIA++ et pour le respect de leurs droits humains. Il a cité le premier article de la Déclaration universelle des droits de l’homme, précisant que ce principe est la pierre angulaire qui fixe l’engagement de l’UE dans la lutte contre l’homophobie. Dans ce contexte, l’UE vise à renforcer l’inclusion par l’évolution des mentalités à Maurice et Rodrigues, d’où le financement, pour trois ans, des organisations qui oeuvrent en ce sens sur le terrain. 

Il a rappelé que l’UE à Maurice travaille à trois niveaux pour favoriser le respect des droits humains. D’abord, l’institution entame un dialogue politique annuel avec le gouvernement au cours duquel elle aborde des questions relatives aux droits humains et invariablement celle de la constitutionnalité de l’article 250 du Code pénal, de même que de l’importance du Gender Equality Bill, qui n’a toujours pas été présenté au Parlement. Ensuite, l’UE travaille avec les institutions engagées dans la protection des droits humains et finance des formations auprès des employés des organismes chargés de faire respecter l’ordre et aussi au sein des écoles. 

Vincent Degert a rappelé que la société est évolutive, citant l’exemple de son mandat en tant qu’ambassadeur en Serbie et où la Marche des Fiertés, en 2010, avait déclenché des émeutes et fait énormément de dégâts. Or, sept ans plus tard, les Serbes élisaient une présidente ouvertement lesbienne. «Les mentalités changent et évoluent.» 

Neina Mudhoo, Program Support Officer au CAEC, a fait une présentation des pays où les personnes LGBTQIA++ jouissent pleinement de leurs droits humains, comme par exemple en Afrique du Sud, premier pays au monde à les protéger contre la discrimination et à légaliser le mariage entre personnes de même sexe, l’Inde, la Grande-Bretagne, La France, les États-Unis et l’Australie. Mais elle a rappelé que même dans certains de ces pays, il y a encore des obstacles, pour la communauté comme par exemple en Afrique du Sud où bien que la Civil Union Act autorise le mariage entre personnes du même sexe, sous cette même loi, il est dit que le fonctionnaire appelé à enregistrer l’union peut y objecter si cela va à l’encontre de sa conscience, de sa religion ou de ses croyances. 

En Grande-Bretagne où le changement d’identité du genre est légal, la personne doit donner une explication médicale valable par rapport à son refus de se prêter à une réassignation sexuelle. Par rapport à ces pays, Maurice est à l’autre extrême car il ne coche presque aucune case par rapport aux droits humains des personnes LGBTQIA++. Un premier pas a été fait par des jeunes de la YQA et le CAEC qui ont intenté une action en Cour suprême pour contester la constitutionnalité de l’article 250 du Code pénal. Leurs avocats présenteront leurs soumissions écrites à la fin mai.