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Quelles conséquences si Air Mauritius n’est plus cotée en Bourse ?

22 octobre 2021, 21:15

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Quelles conséquences si Air Mauritius n’est plus cotée en Bourse ?

À la fin de l’administration, Airport Holdings Ltd (AHL) détenait 40,4 % de l’actionnariat d’Air Mauritius (MK), Airports of Mauritius (AML) 20,9% et le gouvernement 6,6% (voir tableau). Le total de 67,9 % était donc détenu par un groupe homogène. Comme ce groupe a dépassé les 51 % de l’actionnariat, elle pouvait lancer et a déjà lancé un Mandatory Offer pour acheter les actions restantes.

Il y a deux semaines, les actions de Rogers (3,4 %) et de la SIC (3,6 %) ont été également rachetées. Le groupe dominé par AHL détient donc à ce jour 74,9 %. Si Air France (2,2 %) et Air India consentent à vendre leurs actions à AHL ce qui semble très probable - le groupe AHL détiendra alors 79,1 %. Il reste les 1,6 % de la NPF qui seront sans doute rachetées. Ce qui amènera l’actionnariat à 80,7 %.

Ils restent les 19,3 % de parts détenues par les petits actionnaires. Si un nombre suffisant de ces petits actionnaires acceptent de vendre à Rs 5,80 et que l’actionnariat du groupe AHL passe au-dessus de 90 %, le Mandatory Offer serait remplacé par un achat forcé des actions restantes. Ceux qui ne veulent pas vendre recevront leur chèque par la poste et basta ! Tout dépend donc du nombre de petits actionnaires qui accepteront de vendre leurs actions.

Selon nos informations, il existerait une poche de résistance, qui ne veut pas vendre même si les Rs 5,80 sont plus que la valeur réelle – près de zéro– de l’action. Parmi ces personnes, ces personnes, Raj Ramlugun qui ne veut pas «offrir» la compagnie à une clique, dit-il. Mais combien de petits actionnaires le suivront sur cette voie ? Pour un autre petit actionnaire, si l’on a déjà subi la baisse du prix de l’action acquise à Rs 60 (ou Rs 22,50 pour les employés de MK) à Rs 5,80, il ne voit pas pourquoi l’on devrait s’en débarrasser surtout si le prix remonte avec la reprise des activités aériennes.

Si AHL arrive quand même à ses fins et rachète les parts des petits actionnaires, quelles seront les conséquences sur la transparence de ce conglomérat qui brassera des milliards et qui est main- tenant financé totalement par l’argent public, non seulement par l’injection des Rs 12,5 milliards mais aussi par les capitaux préexistants du gouvernement, d’AML et d’AHL? Il est à noter qu’après le rachat de toutes ces actions, MK sera délistée de la bourse.

S’il n’y a plus de petits actionnaires chez MK, nous disait Raj Ramlugun, secrétaire de l’Association des petits actionnaires, cette association ne pourrait plus poser de questions à la direction pour des raisons évidentes. En revanche, il est clair que les questions au Parlement ne pourraient plus être évitées par le gouvernement car AHL n’est pas (pour le moment) cotée en Bourse. Il faut savoir que normalement, les questions au gouvernement sur AHL, la SBM et d’autres compagnies d’État cotées en Bourse sont systématiquement laissées sans réponse, les ministres récitant machinalement que «la compagnie est soumise aux règles régissant la Stock Exchange». Cela, bien que dans le passé, des ministres comme Paul Bérenger, avaient accepté de répondre aux questions sur Air Mauritius. Mais sinon, c’est le black-out total sous le prétexte que la compagnie est cotée en Bourse.

Arvin Boolell, Roshi Bhadain et Megh Pillay craignent cependant que le gouvernement vienne de l’avant avec un autre argument: celui du secret commercial d’une compagnie privée. Le député travailliste souligne, toutefois, que le gouvernement ne devrait pas refuser de répondre aux questions parlementaires et celles des journalistes, car la nouvelle entité est financée par l’argent des contribuables. C’est l’avis partagé également par Raj Ramlugun.

Rappelons qu’Airport Holdings Ltd englobe non seulement Air Mauritius, Airports of Mauritius, ATOL mais aussi d’autres compagnies qui viseraient à prendre le business de certains opérateurs privés à l’aéroport. Pour Arvin Boolell, «cette situation permettra au gouvernement non seulement de contrôler l’argent d’Air Mauritius mais aussi de ces autres entités comme AML dont les revenus pourraient par le principe de vases communicants se mélanger à ceux de MK». Ce qui fait dire à Roshi Bhadain qu’on est en route vers «Lakwizinn Airways».