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PNQ sur le MV Wakashio: «Cela prend du temps pour mettre les mesures en pratique» dit Husnoo

4 août 2021, 11:45

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PNQ sur le MV Wakashio: «Cela prend du temps pour mettre les mesures en pratique» dit Husnoo

Cette phrase du vice-Premier ministre, Anwar Husnoo, qui est aussi responsable du National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NCRRMC) a été son leitmotiv hier, mardi 3 août, alors qu’il répondait à la Private Notice Question (PNQ) sur le MV Wakashio, un an après. Le leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, voulait savoir s’il allait déposer le rapport, s’il y en a, provenant du NDRRMC sur les lacunes identifiées, indiquant ainsi les mesures correctives recommandées et qui ont été mises en œuvre à ce jour pour éviter un naufrage similaire et faire face aux menaces qui en découlent. 

A chaque question supplémentaire, Anwar Husnoo rétorquait que «cela prend du temps pour mettre les mesures en pratique.(…) It doesn’t happen overnight». XLD, lui, a campé sur sa position en affirmant que «rien n’a été fait pendant un an». «Le ministre est-il au courant si le PM a désigné des sea lanes pour le passage sûr des navires afin de les obliger à garder leur distance des côtes de Maurice ?», a demandé Xavier Duval à Anwar Husnoo. Sa réplique : «We can design ship routing. Une enquête est en cours par le National Disaster. Nous étudions ces problèmes. Cela prend un peu de temps. Nous devons informer le UNCLOS.»

Dans sa réponse, le ministre a expliqué que suivant un rapport sur le naufrage du vraquier japonais en accord avec la Merchant Shipping Act et les Merchant Shipping (Preliminary Inquiries and Formal Investigations of Shipping Casualties) Regulations 2017 soumis le 27 août, 21 recommandations ont été identifiées pour résoudre le problème de sécurité. Ainsi en vertu de l’article 22 de l’UNCLOS, un Etat côtier comme Maurice peut, «si nécessaire, en égard à la sécurité de la navigation, exiger des navires étrangers exerçant le droit de passage innocent à travers sa mer territoriale d’utiliser les voies maritimes (sea lanes) et les dispositifs de séparation du trafic qu’il désigne ou prescrit pour la réglementation du passage des navires». Aussi, Maurice peut adopter les mesures de «Zones à éviter» qui sont des zones situées dans des limites définies dans lesquelles la navigation est particulièrement dangereuse. Le leader de l’opposition a fait ressortir que depuis l’incident du MV Wakashio, trois navires ont eu des pannes dans nos eaux territoriales pendant ces trois derniers mois. «Si le ministre avait désigné un couloir de navigation maritime (sea lane), cela n’aurait pu se produire.»

Autre question qui fera bondir Anwar Husnoo, c’est celle sur l’acquisition de remorqueurs. «En tant que responsable du NDRRMC, pourquoi le gouvernement n’a pas encore fait l’acquisition d’un remorqueur puissant pour retirer l’un de ces navires de la zone de danger ?», s’enquiert XLD. «Trying to buy a tug, is it something you get off the shelf like that?», réplique Anwar Husnoo. Et d’ajouter: «Vous devez décider pour quel type de navire et quelle capacité. Cela prend du temps. C’est dans le rapport. Nous allons le considérer. Nous allons le faire. Après vous allez venir critiquer pourquoi ce remorqueur et pourquoi pas un autre.»

Justement, une des recommandations du rapport est l’utilisation d’un Emergency Towing Vehicle (ETV) ou un Salvage Tug en cas d’urgence notamment un incendie, un échouement ou un navire qui a besoin d’être remorqué jusqu’à un endroit plus sûr et pour la prévention de la pollution. Ce remorqueur puissant devra être en permanence prêt à intervenir dans les eaux mauriciennes et dans la Zone Economique Exclusive (ZEE). XLD ne lâche pas l’affaire. «Au moins un remorqueur aurait pu être commandé or un appel d’offres lancé. Pas d’appel d’offres en un an», ironise-t-il. Pourtant, un remorqueur privé, le Ionian Sea Fos, qui fait 72 m de long et a un bollard pull de 102 tonnes, est en stand-by au port depuis 2011. Pour rappel, dans la soirée du 25 juillet 2020, aucun remorqueur du port n’a été envoyé à Pointe-d’Esny pour stabiliser le vraquier. Le Sir Edouard, qui a un bollard pull de 70 tonnes, était, lui, au port et le Da Patten en cale sèche. L’Ionian Sea Fos aurait pu stabiliser le vraquier du moins jusqu’à ce que d’autres remorqueurs arrivent sur le site, mais il était parti pour une autre mission. 

Xavier Duval a interrogé le responsable du NDRRCC sur des bouées qui émettent des signaux aux navires de passage afin de les prévenir du danger de s’approcher de Maurice à cause du trafic maritime dense. En effet, 30 000 navires traversent notre zone chaque année. «Pourquoi n’avoir pas fait l’acquisition de ces bouées pour les placer sur la côte est ?». «Nous regardons les droits de passage. Cela prend du temps. L’enquête a été faite. Nous avons eu le rapport. Vous êtes au courant de la situation dans laquelle nous vivons de nos jours. Il y a le Covid. Il y a beaucoup de restrictions actuellement. We cannot have anything done overnight.» 

Selon le leader de l’opposition, le budget du NDRRMC pour l’acquisition d’équipements a été réduit. Il est passé de Rs 8 miilions l’année dernière à Rs 800 000 cette année. Du coup, il n’y a pas assez d’argent pour entreprendre quoi que ce soit au cours des 12 prochains mois.

La question de gérer une marée noire a également était soulevée. «Pouvons-nous gérer une marée noire de 100 tonnes métriques ?», a demandé Xavier Duval. Et au vice-Premier ministre de répondre : «Nous avons essayé d’identifier les problèmes et essayer de les régler. Nous allons agir dessus.» Dans sa réponse, Anwar Husnoo avait affirmé que le National Emergency Operations Command (NEOC) et le National Oil Spill Contingency Plan (NOSCP) avaient été activés dans la nuit du 25 juillet suivant l’échouement. Selon lui, le NEOC a été activé pendant 25 jours. «Le NEOC a été reclassé du niveau II au niveau III à partir du 6 août 2020. Un nombre total de 62 rapports de situation ainsi que des notes quotidiennes ont été préparés et envoyés à de hauts responsables, y compris les principaux membres du National Crisis Committee à 12 heures d'intervalle depuis le 25 juillet 2020. » Cependant, Anwar Husnoo dira que le NEOC a eu des difficultés pour obtenir des informations opportunes et cohérentes d’un certain nombre de parties prenantes (stakeholders). «Un NEOC Oil Spill Incident Action Plan doit être élaboré, qui précisera son rôle de coordination.»

Les travaux de la Cour d’investigation du 15 juillet sur le MV Wakashio avaient mis en lumière les lacunes du National Emergency Operations Command (NEOC). «Alors que c’est un incident localisé, nous savions qu’il pourrait devenir une urgence. Depuis Benita, nous savions que la situation pourrait détériorer. Nous avons la culture d’être proactifs. Nous avons pris une série de mesures proactives», avait affirmé Anerood Sookareea du National Disaster Risk Reduction and Management Centre (NDRRMC). Or, ses explications n’avaient pas convaincu le président Abdurafeek Hamuth et ses deux assesseurs, Jean Mario Geneviève et Johnny Lam Kai Leung, Marine Engineer et Marine Surveyor respectivement. «Le Wakashio a été en mer pendant 11 jours lorsqu’il s’est échoué. Et ce n’est qu’après la marée noire que les autorités locales sont montés à bord pour faire une évaluation de l’état du navire », avait demandé Jean Mario Geneviève. Une question à laquelle le témoin a été incapable de répondre. Selon Anerood Sookareea, la première réunion de ce comité s’est tenue le 7 août 2020 après la marée noire. «S’il y a une première réunion après la marée noire, il n’y a pas du tout de préparation?», avait lancé Jean Mario Geneviève. «Aussi longtemps que le risque était minime, rien ne se passait , avait répondu le représentant du NDMRRC. Only when the spill occurs that everybody start jumping around», ironisait Abdurafeek Hamuth.