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Pertes de $ 9 milliards d’Adani: des investissements à Maurice en cause ?

20 juin 2021, 16:32

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Pertes de $ 9 milliards d’Adani: des investissements à Maurice en cause ?

Une nouvelle évoquant l’ambiguïté autour de l’identité et du profil réels des personnes ayant placé leur argent dans trois de ses fonds d’investissement a provoqué, la semaine dernière, une chute de la valeur boursière de six sociétés du milliardaire Gautam Adani dans lesquelles ces fonds ont investi. Nouvelle démentie par le groupe Adani.

Tout est parti d’un article de l’Economic Times en date du lundi 14 juin signé par l’analyste Alex Sazonov. Ce dernier annonce que le National Securities Depository Ltd, dépositaire central des titres de sociétés dont les valeurs sont cotées sur le marché boursier, a procédé à un gel des comptes d’Albula Investment Fund, de Cresta Fund et d’APMS Investment, trois sociétés d’investissement d’une valeur de $ 9 milliards (environ Rs 370 milliards) basées dans la juridiction mauricienne par le conglomérat du milliardaire indien Gautam Adani, dont six entités sont cotées en bourse.

Raison avancée par cette publication pour expliquer le recours à cette suspension synonyme de gel d’échanges de ces titres sur le marché boursier : le manque de transparence sur l’identité de ceux qui détiennent des titres des sociétés du milliardaire indien cotés sur le marché boursier.

De pareilles nouvelles surtout quand elles sont prises par des publications, telles que le Times of India, dont la réputation ne peut être remise en cause, ont toujours pour conséquence la peur des détenteurs existants qui, par crainte de l’avenir, veulent limiter la casse en tentant de vendre leurs titres avant que leur valeur n’enregistre des chutes considérables.

Baisse de valeur boursière

Toute perte de confiance d’un investisseur dans un titre entraîne rarement une hausse mais bien une baisse de sa valeur boursière. C’est ainsi que, selon l’analyse de Bloomberg Billionaires Index, qui base ses chiffres sur le dernier pointage de la situation des titres des sociétés du conglomérat indien réalisé mercredi 16 juin, avance que le milliardaire indien aurait vu sa fortune chuter de $ 9 Mds passant de $ 76,6 à $ 67,6 Mds.

Déjà dans le viseur de deux instances internationales du secteur des services financiers que sont le Groupe d’action financière (GAFI) et l’Union européenne (UE), capables d’anéantir toute juridiction trouvée coupable de fautes graves, la juridiction mauricienne qui attend avec impatience de sortir de leurs listes grise et noire, n’avait pas besoin de cet incident impliquant trois sociétés d’investissement ayant choisi Maurice comme base d’opération pour aller chercher un retour honorable de l’argent que des investisseurs leur ont confié.

Un partenaire privilégié de l’île Maurice et dont le témoin de cette relation rapprochée n’est autre que la signature récente du Comprehensive Economic Cooperation and Partership Agreement (CECPA) – entendez un accord qui est allé le plus loin possible qu’un accord de partenariat peut aller.

Vu sous cet angle, l’Inde aurait dû être le dernier pays dont le citoyen a vécu une expérience traumatisante à cause d’une situation dont l’origine se trouve à Maurice.

Après avoir été perçue par le GAFI et l’UE comme une juridiction à laquelle on reproche des manquements en termes de lutte contre le blanchiment de l’argent sale et le financement du terrorisme, la juridiction mauricienne est maintenant confrontée à une situation qui donne l’impression qu’elle manque totalement de sérieux et de vigilance quant à la vérification de l’identité et du profil des individus à la tête de sociétés d’investissement qui ont choisi de s’installer à Maurice pour exploiter les meilleures positions d’investir ailleurs dans le monde.

Obstacle

Encore un nouvel obstacle que les autorités mauriciennes vont devoir franchir pour que la communauté des investisseurs lui renouvelle sa confiance et de faire la démonstration que ce qui est arrivé n’est qu’un accident de parcours et non pas une pratique implantée dans le fonctionnement du secteur mauricien des services financiers.

Autre facteur susceptible d’aider la juridiction mauricienne à se remettre debout après cet incident est le fait que la direction du conglomérat a, dans un premier temps, parlé d’erreur flagrante destinée à tromper la communauté des investisseurs pour ensuite indiquer que la suspension des trois fonds est la suite d’une ordonnance réglementaire vieille de plusieurs années. Ce même porte-parole a souligné qu’il ne voit aucune raison pour les investisseurs de ces trois fonds de s’inquiéter outre-mesure, vu que depuis ces dix dernières années, ces fonds ont toujours acheté des titres des sociétés du groupe Adani.