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Webinar pré-budgétaire: Rama Sithanen situe les problématiques d’une sortie de crise

28 mai 2021, 22:30

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Webinar pré-budgétaire: Rama Sithanen situe les problématiques d’une sortie de crise

L’économiste et ex-ministre des Finances, Rama Sithanen, cerne les paramètres d’une sortie de crise dans le sillage du prochain exercice budgétaire. Il évalue à Rs 20 milliards les économies réalisées du dernier Budget et des fonds non-utilisés, susceptibles de donner au Trésor public une certaine marge de manoeuvre pour financer le déficit fiscal du prochain Budget, chiffré à 11 % du produit intérieur brut (PIB). Il intervenait à un webinar pré-budgétaire organisé mercredi dans les locaux d’Andersen Mauritius, ex-ATax Advisors, à Ébène avec la participation d’Afsar Ebrahim, fondateur de Kick Advisory Services et de Jean-Michel Pitot, CEO d’Attitude Hospitality Management Ltd. 

Rama Sithanen s’appuie sur le contexte économique et sanitaire du moment pour soutenir qu’il est difficile à ce stade de définir une stratégie de sortie de crise vu qu’avec l’apparition de nouveaux variants du Covid-19, la population s’interroge légitiment sur le prochain lockdown du pays. «On est tous d’accord que l’agenda de la réouverture des frontières a changé. Je ne suis pas sûr que la vaccination seule soit la solution aujourd’hui pour cette réouverture, même si la campagne doit être poursuivie avec plus d’agressivité. J’ai tendance à privilégier les quatre T dans cette crise sanitaire, soit ‘Test’, ‘Trace’, ‘Track’ et ‘Treat’.» Le chairman du groupe Sanne poursuit qu’une fois le timing décidé, il faudra se pencher sur la stratégie d’ouverture du pays aux touristes en imposant certaines conditions. «Est-ce qu’on appliquera la quarantaine à chaque touriste qui séjournera dans le pays ou l’on se contentera d’un simple test PCR négatif ou encore l’on exigera la présentation d’un passeport vaccinal ?» 

Certes, la vaccination est une composante clé dans la problématique de la réouverture des frontières. À cet effet, Jean-Michel Pitot est persuadé que le partenariat gouvernement-hôteliers est crucial pour bien mesurer l’enjeu d’une telle réouverture et les bénéfices qui en découleront, tant pour l’industrie touristique que pour le pays en général. «Il est clair qu’au-delà de la levée des restrictions, les entreprises hôtelières sont lourdement endettées et auront toujours besoin d’être soutenues financièrement par l’État pendant un certain temps au risque d’enregistrer des fermetures dans ce secteur.» Dans la foulée, il plaide en faveur d’une reprise des dessertes aériennes par Air Mauritius, sachant que sans la connectivité du pays par la compagnie aérienne nationale et d’autres opérateurs, la décision de rouvrir les frontières sera un non-sens.

Une opinion que partage Afsar Ebrahim, vu que l’ouverture de l’économie passe obligatoirement par l’exportation qui, elle-même, est tributaire de la présence des lignes aériennes, dont Air Mauritius, placée sous administration volontaire depuis plus d’une année. Sur le front maritime, la situation, dit-il, n’est guère brillante avec un manque d’efficience au niveau des opérations portuaires. «Il est urgent que les autorités portuaires remédient à cette situation si on veut réussir notre stratégie de sortie de crise», lâche le fondateur de Kick Advisory Services. 

Et quid du financement du stimulus package ? Pour Rama Sithanen, il est hors de question que le ministre des Finances joue sur le clavier fiscal pour financer son plan de relance. À un moment où le gouvernement doit jouir de la confiance de la population, une augmentation de la taxe ne peut, dit-il, qu’affecter psychologiquement son moral. En revanche, il propose plusieurs pistes susceptibles de permettre au ministre des Finances de lever des fonds pour financer la relance économique. 

Le contrôle des dépenses et l’élimination du gaspillage des fonds publics, relevés d’ailleurs chaque année par le directeur de l’Audit, ainsi que des revenus économisés de 3 % à 4 % du PIB lui ramèneraient environ Rs 15 milliards sans oublier le recours aux fonds nonutilisés. Au total, près de Rs 20 milliards que Renganaden Padayachy pourrait utiliser pour équilibrer son budget. Sans compter les dividendes de la croissance, estimée à 5 % cette année, que le gouvernement peut engranger. Pour le reste, il faudra attendre le 11 juin quand le Grand argentier dévoilera les contours de son plan de sortie de crise.