Publicité

Importation de poisson La Perle: une arête dure à avaler

15 mai 2021, 22:16

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Importation de poisson La Perle: une arête dure à avaler

La décision d’importer 400 tonnes de poisson «capitaine», plus connu comme «La Perle», continue à faire des vagues. Répondant à une question, mardi, au Parlement, le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, a déclaré qu’aucun permis d’importation de poisson frigorifié n’a été donné depuis 2020. Non sans affirmer que des rencontres avec les pêcheurs (industriels, semi-industriels et artisanaux), n’ont eu lieu qu’après que la décision d’importer a été prise.

Pourquoi importer du poisson La Perle ?

Raison officielle donnée par Sudheer Maudhoo pour l’importation de La Perle : une pénurie de poisson frigorifié est prévue durant les mois d’hiver. C’est le 16 avril dernier que le conseil des ministres a donné son feu vert à l’importation de 400 tonnes de La Perle, un produit, «contrôlé» avec un quota annuel de «800 tonnes», a indiqué le ministre.

La colère des pêcheurs

L’annonce que les autorités ont décidé d’autoriser l’importation de La Perle fait des remous. Le mois dernier, des opérateurs de bateaux de pêche industrielle sont descendus devant les locaux du ministère de la Pêche. Du côté du syndicat des pêcheurs, Judex Rampaul nage dans l’incompréhension, estimant que les autorités auraient pu s’approvisionner localement. Avec les hôtels et foires toujours fermés, les restaurants, qui ne proposent que des plats à emporter, il estime que les pêcheurs auront du mal à écouler leurs prises. Il confie que le syndicat envisage d’organiser une manifestation, sauf que Covid-19 oblige, nous sommes toujours sous le coup de l’interdiction de tenir des rassemblements de plus de 10 personnes. Des opérateurs dans la pêche semi-industrielle ont proposé que les permis d’importation leur soient accordés. «C’est à la l’étude», a dit le ministre.

Les causes d’une éventuelle pénurie

Pourquoi les autorités s’attendentelles à une pénurie de poisson sur le marché ? Le ministre de la Pêche a indiqué que les stocks disponibles ont été passés en revue. «En mars 2021, le stock de capitaine était de 225 tonnes.»

D’autre part, Rodia Processing Plant, l’un des deux opérateurs de pêche industrielle, n’a pu travailler faute de main-d’œuvre depuis un an. «Il engage principalement des pêcheurs malgaches, mais n’a pu en embaucher à cause du Covid-19», a indiqué Sudheer Maudhoo. D’où la conclusion des autorités que l’on se dirige vers une pénurie de La Perle. «Depuis 2020, aucun permis d’importation de capitaine n’a été accordé», a affirmé le ministre de la Pêche.

Décision d’abord, rencontre après

«La dernière rencontre que j’ai eue avec des opérateurs dans le secteur de la pêche industrielle date du 19 avril, juste après l’annonce d’importer 400 tonnes de ‘capitaine’». Déclaration du ministre Sudheer Maudhoo, mardi au Parlement. La décision d’importer le poisson La Perle a été prise par le conseil des ministres trois jours avant, le 16 avril.

Qui le pêche ?

Le ministre de la Pêche a donné des détails concernant les opérateurs de ce secteur. «Il y a 24 bateaux de pêche semi-industrielle, qui fournissent du poisson frigorifié. Et neuf bateaux, qui fournissent à la fois du poisson frigorifié (frozen fish) et du poisson réfrigéré (chilled fish). La majorité des bateaux de pêche semi-industrielle fournit du poisson réfrigéré.» Une campagne de pêche dure environ 15 jours. Dans le cas du poisson réfrigéré, la pêche doit être vendue dans les trois jours. Ces poissons n’ont été ni étêtés ni éviscérés. Le poisson frigorifié, lui, est nettoyé et étêté.

Il y a aussi deux opérateurs de pêche industrielle : Sea Lord Fishing Co. Ltd et Rodia Processing Plant. «Un seul bateau de Sea Lord est sorti pour une campagne de pêche entre décembre 2020 et janvier 2021.» 

D’où vient-il ?

Le poisson La Perle frigorifié est principalement importé d’«Indonésie, d’Inde, de Madagascar et d’Oman», a indiqué le ministre de la Pêche. Le prix du poisson frigorifié est libéralisé. «La durée de conservation du poisson frigorifié est d’un maximum de deux ans.» Toutes les cargaisons doivent être accompagnées d’un certificat vétérinaire du pays d’origine, disant que ce poisson est propre à la consommation.

Aucune prise le mois dernier

Le ministre de la Pêche a indiqué que depuis 2018, la quantité de poisson frigorifié en provenance des bancs a «drastiquement diminué». «De 758 tonnes en 2018, c’est passé à 750 tonnes en 2019, pour chuter à 205 tonnes en 2020. Durant les quatre premiers mois de 2021, la production de poisson frigorifié était de 70 tonnes en janvier, 29 tonnes en février, trois tonnes en mars et rien en avril.» Cela est dû aux mauvaises conditions climatiques, avec moins de bateaux, qui sortent pour des campagnes de pêche, a affirmé le ministre. Avant de souligner que l’autorisation d’importer 400 tonnes ne serait valable «que jusqu’à juillet 2021».

Les principaux opérateurs

Qui sont les deux opérateurs dans la pêche industrielle ? Le ministre Sudheer Maudhoo cite Sea Lord Fishing Ltd et Rodia Processing Plant.

Sea Lord Fishing Ltd est une filiale de Hemraj Ghina & Sons, un importateur de produits frigorifiés. La compagnie existe depuis environ 40 ans, à Curepipe, sous le nom de National Cold Storage. En sus du poisson, elle importe des fruits de mer, du boeuf, du mouton, des glaces et des légumes surgelés. C’est en 1993 qu’elle crée sa filiale pour la pêche sur les bancs en réponse à la demande en poisson.

Rodia Processing Plant démarre en 2002, avec Ben Soobramaney à sa tête. Au départ, la société est un abattoir et a une unité de transformation de poulet, avant de s’intéresser au poisson. Elle fait l’acquisition de son premier bateau de pêche en 2009. Elle commercialise du poisson écaillé, tranché et éviscéré sous la marque Suprafoods.

D’où vient le nom La Perle ?

Pourquoi appelle-t-on aussi le poisson capitaine, le poisson La Perle ? Il existe plusieurs versions. Selon la plus répandue, La Perle était le nom d’un bateau, qui s’est d’abord appelé Thelma. Il pêchait sur les bancs à Saint-Brandon en 1939, puis a servi au transfert du poisson frigorifié vers Maurice. Le nom est aussi associé à celui de l’un des îlots de St-Brandon, qui s’appelle La Perle.