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Mesure budgétaire: flou autour de l'emploi des jeunes

19 juin 2018, 03:30

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Mesure budgétaire: flou autour de l'emploi des jeunes

Trois programmes plus un plan ciblant le secteur des petites et moyennes entreprises. Les jeunes en quête d’emplois sont a priori gâtés par le Budget 2018-2019. L’exercice consacre une enveloppe de Rs 1 milliard pour trouver des solutions pour 14 000 jeunes sans travail. Un ensemble qui comprend le National Skills Development Programme, le Youth Service Programme, le National Apprenticeship Programme. En passant par le SME Employment Scheme. Sans oublier le Youth Employment Programme (YEP), qui existe déjà depuis 2013.

Cependant, loin de s’emballer face à ce bloc d’annonces, dans les milieux concernés, on préfère rester prudent. «Ce n’est pas clair comment tout cela va s’articuler», avance une source. «Il manque un fil conducteur. Quelles catégories de gens seront concernées ? Et par quel programme ?»

Du côté du Human Resource Development Council (HRDC), c’est aussi l’attente. Dans le cas du SME Employment Scheme, qui concernera 1 000 diplômés, c’est le HRDC qui doit leur payer une allocation mensuelle de Rs 14 000 pour une période de deux ans. Alors que les frais de transport seront à la charge de l’employeur.

Travailler sur les modalités  

Dans le concret, comment est-ce que cela marche ? «Nous venons de prendre connaissance de ces mesures. Nous allons maintenant travailler sur les modalités», diton à la HRDC. Au ministère du Travail, on indique que les détails seront communiqués ultérieurement.  

Quant au YEP, le Budget prévoit qu’il s’intéresse aux chômeurs post-Higher School Certificate. Il s’occupera du placement de 3 500 jeunes. Dans les milieux concernés, on souligne qu’une étude réalisée en juillet 2017 a montré que «95 % des jeunes ayant complété le stage d’une année ont été embauchés».  

Le YEP a, depuis sa création en 2013, essuyé de nombreuses critiques. Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, avait même déclaré l’an dernier qu’il fallait mettre fin au «Youth Exploitation Programme». Or, dans les milieux concernés, on persiste à dire que le YEP «est un succès, même si des jeunes n’ont pas complété le programme pour diverses raisons».

Une autre source estime, quant à elle, que «les torts sont partagés». Si environ 2 000 employeurs ont participé au programme, il y a eu «quelques brebis galeuses». Notamment ceux qui ne payaient pas régulièrement le stipend ou qui ont «falsifié la signature des étudiants. Ce type d’affaire a été rapporté à la police».  

Du côté des jeunes demandeurs d’emplois, les reproches récurrents concernent le «manque de ponctualité, le manque d’assiduité, les absences répétées». Cela, dans un contexte où «personne ne veut faire des travaux manuels». Et où les jeunes «préfèrent la fonction publique».  

En outre, une source pointe du doigt l’attitude des parents. «Ils décident pour leurs enfants. Ce sont eux qui ont choisi la filière d’études, qui ne convient pas toujours à l’enfant.» Dans les milieux concernés, on souligne qu’il est impératif de «faire une analyse complète de la situation pour que dans un an, nous ne soyons pas étonnés du pourcentage de mesures budgétaires qui ont vraiment été mises en place». 

Travail à domicile : l’Employment Rights Act sera amendée 

C’est une mesure budgétaire qui semble faire l’unanimité. Le Premier ministre a annoncé la possibilité de «work from home» pour les employés du privé. Cela, dans le but de permettre à plus de femmes de travailler. Le gouvernement compte également venir en aide aux employeurs qui choisissent d’appliquer cette formule.

Sollicité, Kevin Ramkaloan, Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius, affirme que cette mesure figurait dans les propositions budgétaires de l’entité. «Nous accueillons favorablement cette mesure. Il faudra trouver un mécanisme et travailler sur les modalités», fait-il valoir.  

Quels sont les postes concernés ? Selon lui, il s’agirait surtout de postes administratifs ou encore d’employés du secteur BPO. «Au-delà des économies que les entreprises pourraient engendrer, la possibilité de travailler de chez soi a surtout été lancée dans le cadre du gender mainstreaming», indique le CEO de Business Mauritius.  

Interrogé, le ministre de l’emploi, Soodesh Callichurn, avance que des amendements devront être apportés à l’Employment Rights Act. «Il faudra d’abord définir ce qu’est le travail à domicile. Les amendements appropriés seront apportés au Finance Bill», dit-il.  

De poursuivre que seuls les postes administratifs ne seront pas concernés. «Il peut également s’agir d’une couturière qui travaille à domicile. Elle peut recevoir des commandes et assurer un certain quota par jour.» 

En chiffres 

Lors de la séance parlementaire du 24 avril, le Premier ministre par intérim d’alors, Ivan Collendavelloo, a d’abord précisé que les jeunes qui suivent le YEP ne sont pas considérés comme étant chômeurs. Il a indiqué que 27 232 jeunes ont suivi le YEP depuis sa création en janvier 2013. De ce nombre, 74 % sont employés. «Il y a actuellement 2 787 jeunes qui ont été placés dans des entreprises via le YEP.» Il a aussi indiqué que depuis novembre 2016, 3 426 stagiaires ont suivi le Skills Development Programme. De ce nombre, 1 846 ont suivi la formation jusqu’au bout. Alors que 1 043 ont obtenu un emploi après le stage.