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Il est où le leader ?

28 août 2016, 11:08

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À chacun sa conception du leadership. La déclaration de SAJ – «Tou dimounn gagn drwa atak zot a mo leadership, mwa mo la e mo pe lead» – prête à sourire tant elle frise une certaine naïveté. Si le Premier ministre a la conviction profonde qu'il est effectivement en train de diriger le pays, et de le faire correctement, il est temps que son entourage lui dise la vérité : que les citoyens ne partagent pas cette opinion, qu'ils s'interrogent sur sa réelle capacité eu égard à la gestion des affaires jusqu'ici. Une gestion qui est loin d'être à la hauteur des promesses de décembre 2014. Quelqu'un oserait-il dire à SAJ que loin de l'image d'un chef respecté, il renvoie plutôt celle d'un Premier ministre ensommeillé que le poids de l'âge semble fragiliser de jour en jour ?

Qui se permettra de lui dire que, pour quelqu'un qui «pe lead», le manque d'une direction claire, précise et visionnaire à la tête du pays fait défaut ? Aujourd'hui, le Premier ministre ressemble à un spectateur assistant, impuissant, à la vilaine comédie des acteurs de son gouvernement qui, chaque semaine, rivalisent d'idées pour nous proposer des scènes les unes plus grotesques que les autres. Faut-il citer le dernier exemple en date, où SAJ se refuse un rôle d'arbitre ou encore de trancher dans le vif devant l'incroyable guerre Bhadain/Sanspeur, préférant, comme il l'avoue lui-même, en rester loin ? Voilà un chef de gouvernement qui, devant une déposition à la police d'un de ses ministres contre un conseiller d'un autre de ses ministres, décide de faire comme si de rien n'était, en affirmant candidement qu'il préfère rester loin. A-t-on déjà vu ça ? En d'autres mots, qu'ils continuent à se trucider tranquillement sur la place publique tant qu'ils le voudront.

À croire que lui, le leader, a décidé de passer son chemin, ne voulant s'interposer entre son fils et son ministre préféré. Et qu'importe s'il règne un certain désordre au sommet de l'État. Au fond, SAJ ne fait que prolonger sa politique de laisser-aller, qu'il pratique depuis qu'il est à la tête du pays : en regardant ailleurs, en refusant de résoudre les guerres de tranchées, quitte à laisser la cacophonie s'installer, le flou régner dans une étouffante ambiance de bazar. N'avait-il pas adopté la même attitude dans la guerre Lutchmeenaraidoo/Bhadain, permettant aux deux protagonistes de laver vigoureusement le linge sale MSM en public, à coups de «méthodes à la KGB» ou de la fameuse roche de l'un pilant sur l'autre, éclaboussant ainsi le gouvernement ? C'est dire que si le Premier ministre arrive difficilement à mettre de l'ordre à l'intérieur même du MSM, il semble presque impossible de faire entendre raison à des ministres issus d'autres factions que constitue l'Alliance Lepep. Et c'est ainsi que ceux-là prennent la liberté d'incroyables sorties de route. N'a-t-on pas écouté Collendavelloo affirmer qu'il y a des têtes fêlées au gouvernement ?

Que dire également des bêtises de Gayan, de ses décisions contestées, de son arrogance, donnant des raisons de croire qu'il n'est pas à sa place au ministère de la Santé ? Certes, de temps en temps, comme pour donner le change, le Premier ministre nous sert un petit «choc». À l'exemple des honoraires de Trilochun qui aura eu le don de le surprendre. Mais ça s'arrête là. Il ne condamnera pas et continuera à nous la jouer observateur. Jusqu'à quand ?

Pendant que les comédiens se creusent la tête pour de nouveaux jeux de rôle, la population, elle, s'impatiente et se demande quand est-ce que mes élus, entre leurs 184 voyages +/ (de l'Arabie saoudite à l'Italie), leurs dépositions  à la police, leurs batailles de camps, de clans, la nomination des membres de leurs proches dans les corps parapublics et les scandales, vont-ils enfin se mettre au travail ? Une année après la lecture de la vision 2030 par le chef du gouvernement lui-même, la relance de l'économie est toujours au stade des discours, et les solutions face au chômage et à la pauvreté se font attendre.

Alors que le leader de Maurice semble s'être endormi...