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L’avocat du diable

25 août 2016, 07:27

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Au départ, la fonction de l’avocat du diable consistait, dans des cercles religieux, à rechercher, puis à étayer, les «mauvaises actions» qu’une personne pouvait avoir commises sous l’influence du «diable». Il fallait donc mettre en doute les mérites de cette personne. L’expression connaîtra ensuite, loin de la religion, et plus près de notre époque, un sens nouveau pour signifier «défendre une opinion contraire à celle de son interlocuteur ou de la majorité, ou une cause considérée comme mauvaise et difficile à défendre».

On peut se faire l’avocat du diable pour différentes raisons : 1) par pur plaisir pour la pratique du droit ; 2) pour l’attention médiatique en défendant une cause choquante ou amorale ; 3) pour l’argent que cela procure ; 4) par amitié «de longue date» ; 5) par corporatisme ; 6) ou par conviction que l’accusé est innocent et qu’il y a lieu de le tirer de cette affaire. Cela peut, bien évidemment, être un mélange de tous ces points avec un dosage subjectif.

Me Rama Valayden peut nous parler, avec éloquence, d’éthique et peut commencer à défendre, dans le tribunal de l’opinion publique, son client Kailash Trilochun – qui, serait, selon lui, «victime d’un complot» – mais le fait brutal demeure : il ne pourra pas échapper à la vindicte sociale.

La raison est simple : c’est Me Valayden, lui-même, qui a remis à l’express, il y a à peine une semaine, une copie d’un échange confidentiel de courriels entre Trilochun et le board de l’ICTA – dans lequel échange on peut suivre la pression qu’exerce Trilochun pour avoir ses millions de l’ICTA. À tel point que Me Valayden nous a fait la déclaration suivante : «Cette affaire est troublante et mérite une commission d’enquête ! Je dois agir dans l’intérêt public.»

Aujourd’hui, Me Valayden tente, à tort ou à raison, une laborieuse gymnastique en essayant d’expliquer que les deux affaires (les frais réclamés à l’ICTA et l’agression au cutter du Chairman de ce même organisme) ne sont pas liées ! Il est libre de le penser et de le dire. Tout comme nous sommes libres de penser autrement et de l’écrire. C’est à la justice de trancher désormais, pas à lui, pas à nous. Mais on est en droit, malgré les explications de Valayden, de se poser des questions. Par exemple, pourquoi le cousin et beau-frère de Nando Bodha choisit-il un avocat travailliste ? Aurait-il été lâché par le MSM ? Et pourquoi le rouge Valayden, qui est en retrait de l’état-major du PTr, défend-il un Trilochun que Navin Ramgoolam a ciblé pour illustrer les passe-droits de Lepep ? Est-ce un pied de nez à son parti ?

Dans la rue, face à l’omerta de la profession et du Bar Council, les gens se demandent, pour leur part, si tous les avocats se protègent, au-delà des clivages politiques.

Me Valayden va répondre, avec son art oratoire, à toutes ces questions. Mais pourra-t-il, cette fois-ci, convaincre tout le monde ?