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Effets post-brexit: l’optimisme malgré tout à Maurice

27 juin 2016, 21:20

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Effets post-brexit: l’optimisme malgré tout à Maurice

«Ne dramatisons pas la problématique du Brexit. Le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne n’est pas la fin du monde pour Maurice, même si cette posture exerce des pressions sur les échanges commerciaux avec les Britanniques pour partenaires. Mais n’allons pas vite en besogne pour dire que le Royaume-Uni va sombrer dans la récession et que Maurice va perdre en conséquence quelques points de croissance», lâche un économiste qui a souhaité garder l’anonymat.

Une analyse que partage l’ancien diplomate de carrière Satiawon Gunessee, qui a longtemps servi comme ambassadeur à Bruxelles. «Il faut relativiser et prôner la mesure dans les propos. Tout n’est pas perdu pour Maurice, à condition qu’on sache négocier avec la Grande-Bretagne en s’appuyant notamment sur notre spécificité, soit notre adhésion au sein du bloc ACP mais aussi comme pays membre du Commonwealth», explique-t-il.

Et d’ajouter que c’est fort de ce soutien que le pays pourrait négocier pour maintenir et bénéficier d’un accès commercial préférentiel sur le marché britannique. De toute façon, avec la fin des quotas des betteraviers européens l’année prochaine, Maurice aura à jouer à fond la carte de la diplomatie économique pour pouvoir préserver ses acquis sur l’exportation de 350 000 tonnes de sucre sur le marché européen, dont 50 000 tonnes spécifiquement en Grande-Bretagne.

Mais il y a mieux. Satiawon Gunessee persiste à croire que dans la posture nouvelle où se trouve actuellement la Grande-Bretagne, Maurice pourrait négocier, en marge d’un Comprehensive Trade Agreement, un volet sur les services. Ce qui dynamiserait davantage ce secteur tout en donnant une plus grande marge de manœuvre à ses opérateurs. «Pour y réussir, il faut renforcer nos missions diplomatiques à Londres et à Bruxelles et revoir la stratégie diplomatique de Maurice.»

«On ne peut pas analyser l’impact du Brexit sur un secteur d’activités sur une si courte période et en se basant sur la baisse de la livre sterling pendant une si courte durée.»

Reste que le manque à gagner pour Maurice, suivant le retrait de la Grande-Bretagne, pourrait se chiffrer à plus de Rs 1,1 milliard, selon une étude d’Axys Stockbroking. Celle-ci porte sur les conséquences du Brexit sur l’économie mauricienne, plus particulièrement sur le tourisme, les exportations et le FDI (Foreign Direct Investment). Des économistes interrogés se posent des questions sur la pertinence de cette étude, notamment sur le manque à gagner. «On ne peut pas analyser l’impact du Brexit sur un secteur d’activités sur une si courte période et en se basant sur la baisse de la livre sterling pendant une si courte durée», notent-ils. En ce qui concerne le secteur du tourisme, Axys Stockbroking estime «the potential receipts shortfall following the GBP’s plunge to 30 Yr-Low at Rs 355 million» et le manque à gagner pour les exportateurs à Rs 750 millions.

Et quid du centre financier de Londres ? Les avis sont partagés sur le nouveau positionnement de la City of London comme référence mondiale dans le secteur. Si certains pensent que la réputation de Londres ne sera outre mesure affectée, d’autres estiment que la City comme «Banking Passport» pour l’Europe pourrait être remise en cause. «Toutes les grandes décisions liées à l’investment banking et l’asset management sont aujourd’hui prises à Londres. Avec le nouveau statut, il n’est pas sûr que tel sera le cas.» Attendons voir…