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Brexit : Réactions de Mauriciens établis au Royaume-Uni

25 juin 2016, 21:15

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Brexit : Réactions de Mauriciens établis au Royaume-Uni

 

Des Mauriciens vivant en Grande-Bretagne se disent choqués que les Britanniques aient choisi le Brexit. Immigration, études ou encore emplois sont autant de sujets qui les inquiètent. Témoignages.

Dany Prasadam : «Les Anglais se posent beaucoup de questions  à présent»

À Londres, c’était le double choc, si on en croit ce que dit Dany Prasadam, une infirmière mauricienne vivant en Angleterre depuis 12 ans et spécialisée en soins intensifs pour les nourrissons.  «Un choc d’abord à l’annonce du résultat du référendum en faveur du Brexit mais aussi après avoir appris la démission du Premier ministre David Cameron», affirme-t-elle.

Dany Prasadam explique que les Londoniens qu’elle a rencontrés au cours de la journée d’hier sont particulièrement émus de voir partir le Premier ministre.  Mais une fois que le choc s’est dissipé, que reste-t-il ?

«Il y a tout plein de questions que se posent les Anglais en ce moment. Ce sont des questions pratiques. Allons-nous survivre à cela, économiquement ? Est-ce que l’Angleterre va imposer plus de taxes ? Est-ce que dans le futur, nos jeunes pourront aller étudier aussi facilement dans d’autres pays d’Europe ?», avance cette mère de deux jeunes filles.

Dany Pradasam évoque également l’appréhension des Anglais quant à la situation en Écosse. En effet, ce pays compte faire un second référendum pour savoir si les Écossais veulent continuer à faire partie du Royaume-Uni. «C’est comme un divorce entre ceux ayant voté pour et ceux ayant voté contre le Brexit. On appréhende une séparation entre l’Écosse et le reste du Royaume-Uni», poursuit l’infirmière.

Pascal Menelas : «On pouvait ressentir l’animosité partout dans Londres hier»

Ce Mauricien qui a la nationalité française travaille en Angleterre depuis plusieurs années. «Depuis l’annonce, je suis incertain de ce qui va m’arriver. Je travaille et j’ai construit ma vie au Royaume-Uni. Qu’adviendra-t-il de moi ? Seul le temps pourra le dire». «Ce matin  (NdlR : hier), on pouvait ressentir l’animosité partout dans Londres. London is just a dead city today. Sad! This Brexit will definitely bring division in the country.»

Selon lui, les jeunes ont voté en majorité pour le maintien dans l’Union européenne. «Les jeunes ont fait ce choix pour plus de sécurité sur les lois du travail. Les lois européennes sont très respectées. Désormais, j’ai peur pour la sécurité d’emploi, surtout étant un étranger en Angleterre. Le Brexit va affecter les droits des travailleurs en première lieu.»

Alexandra Webber Issacs : «C’est un premier pas vers le continent fasciste»

Alexandra Webber Issacs, étudiante à Durham, fait partie des Mauriciens vivant en Angleterre pour qui le Brexit n’augure rien de bon. «C’est un premier pas vers le continent fasciste, et j’espère que les autres pays membres vont se rendre compte que la Grande-Bretagne n’est pas l’exemple à suivre. Même les étudiants asiatiques commencent à être de plus en plus victimes de commentaires racistes, ce qui est un phénomène nouveau. Les institutions éducatives ont, pour la majorité, été pour le maintien du pays dans l’Union. La peur que les générations futures doivent réparer les dégâts causés par cette décision s’installe. Ce référendum a causé la mort d’une députée, et j’ai peur que la situation n’empire.»

Rakshita Fowdar : «Beaucoup ont voté pour faire partir les immigrés»

Vivant en Angleterre depuis quelques années, Rakshita Fowdar est choquée que les Britanniques aient choisi le Brexit. Mariée à un Anglais, elle travaille dans une firme de gestion de ressources humaines. «Je suis triste que le leave l’ait emporté d’une petite marge. Je suis inquiète pour la suite. J’espère que les Britanniques ne regretteront pas leur geste. J’ai voté pour le maintien de l’Angleterre, pour l’unité du Royaume-Uni avec l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord. Ce référendum va ouvrir la voie à la division.»

Selon elle, c’est la frustration qui a parlé. «Les gens qui sont partis voter ont pris en compte des sujets tels que l’immigration, le chômage. Mais là, il n’y aura plus de filet de protection. Beaucoup ont voté pour faire partir les immigrés. Est-ce que sortir de l’Union européenne va pousser ces derniers hors du Royaume-Uni ? Très peu probable.»

Kevin Brigemohane : «Un pas en avant»

Kevin Brigemohane, qui vit en Angleterre depuis 20 ans, est pro-Brexit. Selon lui, sortir de l’Union européenne est un pas en avant. «Une des raisons de sortir, c’est l’immigration. Ceux venant d’autres pays d’Europe utilisent le système au détriment des Britanniques eux-mêmes. À titre d’exemple, le système de santé gratuit. Je suis conscient que l’économie va souffrir mais cela s’améliorera avec le temps», explique ce jeune homme.

«Je suis sûr que d’autres pays vont suivre l’exemple du Royaume-Uni. Mais tout dépend des traités et des accords du retrait de l’Union européenne»,  déclare ce dernier.

Hamish Ramdharry : «La Grande-Bretagne s’est exprimée de vive voix»

Hamish Ramdharry est d’avis que c’est la politique de l’Europe qui est remise en question. «C’est le manque de politique économique claire et aussi le manque de solution quant à l’immigration qui ont poussé les Britanniques à sortir de l’Europe. La crise des réfugiés syriens est un épineux dossier qui a été déterminant dans ce référendum. Il y a une mauvaise application des directives de l’Union européenne. Cela a été un échec. La Grande-Bretagne s’est exprimée de vive voix», souligne cet ancien journaliste.

Shelly Conhye : «L’avenir semble incertain»

«Nous avons voté pour que l’Angleterre ne sorte pas de l’Union européenne. On veut rester dans l’UE. Elle n’est pas parfaite mais elle est plus sûre. Je crois dans le leadership de David Cameron. Suivant les résultats et le retrait de Cameron, l’avenir semble incertain. L’incertitude du marché sera la clé de la façon dont une récession sévère va influer sur les prix des maisons, les actions, l’Internet, etc.»

Pliny Soocoormanee : «Il faut maintenant redoubler de vigilance»

«J’ai milité pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. Le système n’est certes pas parfait mais le concept de pays qui travaillent ensemble, sans la pression des armes, était à maintenir. Ceux qui ont voté pour que la Grande-Bretagne quitte l’UE ont leurs raisons, et elles incluent la frustration de la perte d’emploi et le déclin des industries. Mais dans une démocratie, c’est la voix du peuple qui compte. Il faut maintenant redoubler de vigilance afin que les migrants et les autres minorités ne soient  pas stigmatisés.»