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Le patron du NSS: «Nous prenons cet incident très au sérieux»

31 mai 2016, 11:15

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Le patron du NSS: «Nous prenons cet incident très au sérieux»

Lundi soir, devant l’ambassade de France, les patrouilles policières avaient été augmentées. Le National Security Service (NSS) est sur le qui-vive, suivant l’attaque perpétrée contre l’ambassade, aux petites heures du matin, le lundi 30 mai. Dans une déclaration à l’express, le directeur Lockhdev Hoolash soutient que «même si c’est un joke, nous prenons cet incident très au sérieux. On ne va négliger aucune piste car il s’agit de la sécurité intérieure du pays».

Vers 22h30, le commissaire de police Mario Nobin expliquait que quatre personnes avaient été interrogées, dont les deux vigiles de l’ambassade. Les policiers misent sur les caméras de surveillance et la récolte des indices sur le terrain pour retrouver les auteurs de cet acte.

À ce stade, trois individus portant des capuchons sont activement recherchés. Ces suspects, qui se déplaceraient à bord d’un tout-terrain, ont été filmés par les caméras de surveillance de l’ambassade et de la police.

Des inscriptions faites aux alentours de l’ambassade de France et de l’hôtel St-Georges.
Des inscriptions faites aux alentours de l’ambassade de France et de l’hôtel St-Georges.

Bien qu’il n’y ait, pour l’heure, aucune indication que ces trois personnes ont des connexions avec des réseaux internationaux, la cellule antiterrorisme, la Criminal Investigation Division (CID) et le Field Intelligence Office (FIO) surveillent de près une quinzaine de Mauriciens radicalisés qui ont fait allégeance au groupe ISIS.

Autre hypothèse considérée : il pourrait s’agir d’un acte délibéré contre la France dans le sillage de la rencontre Hollande-Merkel. Le patron du NSS s’est entretenu avec l’ambassadeur de France, Laurent Garnier, et ses collaborateurs pour échanger des renseignements.

Laurent Garnier: «Il ne faut céder ni à la peur ni à l’intimidation»

<p>Pour l&rsquo;ambassadeur français à Maurice, ce qui s&rsquo;est produit dans la nuit de dimanche à lundi est très grave. Toutefois, &laquo;<em>je crois qu&rsquo;il ne faut céder ni à la peur ni à l&rsquo;intimidation</em>&raquo;. Laurent Garnier d&rsquo;ajouter que &laquo;<em>notre première action ce matin (NdlR, le lundi 30 mai) a été de renforcer la sécurité et notamment la sécurité des agents de l&rsquo;ambassade. C&rsquo;est notre priorité dans le contexte des événements de cette nuit</em>&raquo;. Il souligne qu&rsquo;au vu de la gravité du cas, le ministère français&nbsp;des Affaires étrangères en a été informé.</p>

<p>Compte tenu du fait qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas eu de menace lundi matin, l&rsquo;ambassade a été ouverte au public et le restera. &laquo;<em>La section consulaire reçoit beaucoup de Français et de Mauriciens, donc l&rsquo;ambassade est ouverte. Elle fonctionne normalement, simplement avec un accent particulier sur la sécurité, ainsi que celle des autres emprises françaises à Maurice</em>&raquo;, déclare Laurent Garnier. Il ajoute que l&rsquo;ambassade est en contact régulier avec la police et les autorités pour ajuster le dispositif en cas de besoin.</p>

Le fil des événements

«Vous n’êtes plus en sécurité ici.» «On va vous massacré. Etat Islamique» (sic). C’est ce qu’on pouvait lire sur des murs aux alentours de l’ambassade de France et de l’hôtel St-Georges lundi. Dans la nuit de dimanche à lundi, l’ambassade et l’hôtel St-Georges ont été la cible de coups de feu.

Selon des recoupements, un vigile en poste devant l’hôtel St-Georges durant la nuit de dimanche à lundi aurait vu deux des trois individus. Les malfrats faisaient des graffitis sur un mur donnant à l’angle des rues St-Georges et Desroches. Cet homme aurait alors appelé un autre collègue. En les voyant, les deux individus ont pris leurs jambes à leur cou.

Mais environ une demi-heure plus tard, soit à 2h56, ces hommes portant des capuchons seraient revenus et auraient tiré des coups de feu. L’ambassade de France a été la première touchée. Deux coups de feu ont été tirés en direction du bâtiment. L’une des balles a atteint une imposte et la seconde s’est logée dans un mur. L’hôtel St-Georges a ensuite été pris pour cible. Deux balles ont traversé une baie vitrée. La direction de l’hôtel St-Georges a alors fait appel à la police.

Ce n’est qu’après l’arrivée des policiers et des membres du Scene of Crime Office (SOCO), qui inspectaient le lieu, que des impacts de balles ont été découverts sur le bâtiment abritant l’ambassade de France. Il était environ 9 heures. L’enquête devait alors prendre une tout autre tournure.

DEUX ARMES

Outre la police régulière des Casernes centrales, menée par l’inspecteur Rajcoomar Seewoo, la CID, le Central Criminal Investigation Department, dont le surintendant de police Soman Appaya et l’assistant surintendant de police Vishwamitra Rubur, le patron de la cellule antiterrorisme et du NSS se sont personnellement rendus sur les lieux

Pendant plusieurs heures, des techniciens du SOCO ont passé au peigne fin la rue St-Georges et les alentours. Les techniciens se sont aussi rendus à la rue Auguste-Rouget, située à l’arrière du bâtiment abritant l’ambassade de France. Ils y ont découvert d’autres graffitis. Sur une porte était écrit «Etat Islamic» (sic), à gauche : «Cela c’est pour avoir insulter notre prophète (psl) Abu Bakr Baghdadi. Allahu Akbar. Nous sommes partou!» (sic).

De la peinture blanche a été utilisée, dès l’arrivée des policiers sur les lieux, pour recouvrir ces graffitis pro État islamique. Selon un premier constat, deux armes différentes ont été utilisées, dont un fusil de chasse. Depuis lundi matin, les hommes du sergent Ah Tock, du FIO, et ceux du NSS travaillent sur le terrain afin de pouvoir remonter jusqu’aux auteurs de ces coups de feu et graffitis

Sollicité pour une réaction, le ministre des Affaires étrangères, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a, par le biais de son service de presse, déclaré qu’il s’est entretenu au téléphone avec Laurent Garnier un peu plus tôt dans la journée. Ce dernier lui a affirmé être en communication permanente avec la France qui suit l’affaire de près.

Les caméras de la capitale sont-elles fiables?

<p>Alors que l&rsquo;enquête sur l&rsquo;incident qui s&rsquo;est déroulé à la rue St-Georges se poursuit, la police compte sur les images prises par les caméras de surveillance pour identifier les coupables. Toutefois, selon une source policière proche de l&rsquo;enquête, celles-ci ne devraient pas être d&rsquo;une grande aide aux enquêteurs, étant défectueuses. Information démentie par la cellule de communication de la police.</p>

<p>&laquo;<em>Aucune des caméras de surveillance n&rsquo;est défectueuse, </em>soutient Shiva Coothen, <em>Inspector in Charge</em> du Police Press Office. <em>Au contraire, nous sommes en train d&rsquo;analyser les images pour l&rsquo;enquête, même de celles aux abords de l&rsquo;ambassade.</em>&raquo;</p>

<p>Les caméras sont-elles dotées de la technologie infrarouge?&nbsp;À en croire Dev Sunnasy, président de la <em>Mauritius IT Industry Association</em>, le système d&rsquo;infrarouge n&rsquo;existe quasiment pas. Avec cette technologie, &laquo;<em>on peut distinguer les traits et les plaques minéralogiques, mais pas en couleur</em>&raquo;.</p>

<p>Dev Sunnasy affirme que l&rsquo;appel d&rsquo;offres lancé en 2014 pour l&rsquo;allocation du contrat pour l&rsquo;<em>upgrading</em> et l&rsquo;entretien des caméras de surveillance a fait l&rsquo;impasse sur cette technologie. Selon lui, le <em>commissioning</em> n&rsquo;a pas été fait dans les règles.</p>