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Finances: Le nouveau grand argentier suscite l’adhésion

27 mai 2016, 08:55

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Finances: Le nouveau grand argentier suscite l’adhésion

 

Ouf ! Plus que la personne, c’est son accession aux Finances qui fait la quasi-unanimité parmi les opérateurs économiques. Pravind Jugnauth rassure, de par sa personnalité certes, mais surtout par la touche personnelle qui est attendue de lui, selon les nombreux acteurs de la finance interrogés. «Le jugement favorable de la Cour suprême sur Pravind Jugnauth est une opportunité pour lui et le pays. Je pense que c’est un facteur qui va favoriser la stabilité dans le pays et dans le gouvernement, vu le caractère posé de la personne», martèle Rajiv Servansingh, observateur économique et politique.

Une analyse qui traduit l’optimisme des opérateurs et autres analystes financiers quant à la décision du Premier ministre de nommer le leader du Mouvement socialiste militant (MSM) au ministère des Finances, suivant son acquittement mercredi 25 mai dans l’affaire MedPoint. Toutefois, la question qui se pose est celle-ci : est-ce que le nouveau Grand argentier saura saisir cette opportunité ?

«Nous souhaitons qu’il le fasse dans l’intérêt du pays, car je suis persuadé que c’est largement dans son intérêt. Il est aussi assez intelligent pour comprendre que sa future carrière de Premier ministre dépendra dans une grande mesure de sa capacité à réaliser un parcours sans faute aux Finances», poursuit Rajiv Servansingh. Et cela, dit-il, en prenant des mesures appropriées pour relancer l’économie, tout en posant des conditions pour créer des emplois dans le prochain Budget.

Certes, la décision de repousser la présentation du Budget 2016-2017 d’une ou deux semaines permettra au gestionnaire du Trésor public d’y apporter sa touche personnelle. Et de définir dans la foulée la vision de son avenir.

LEADERSHIP ÉCONOMIQUE

Un constat dressé par des spécialistes et que l’économiste Azad Jeetun, ex-directeur de la défunte Mauritius Employers’ Federation, partage volontiers. Cette nomination va-t-elle apporter plus de visibilité dans la gestion des affaires économiques du pays ? Pas nécessairement, réplique l’économiste, ajoutant que c’est le même gouvernement qui est au pouvoir. «Le seul changement, c’est un nouveau ministre des Finances en la personne de Pravind Jugnauth, qui va nécessairement suivre la même orientation économique définie par son père, le Premier ministre», insiste Azad Jeetun.

Cependant, il ne cache pas que la décision de nommer un ministre des Finances à plein-temps ne peut que rassurer opérateurs économiques et investisseurs. «Il nous faut un ministre des Finances dédié à ce poste pour qu’il puisse démontrer un leadership économique. Sir Anerood Jugnauth assurait l’intérim à ce poste. Il démontrait déjà un leadership politique comme Premier ministre du pays. On peut accepter que le Premier ministre cumule les fonctions de ministre des Finances pendant un court laps de temps mais à la longue il faut nommer un ministre dédié à ce poste», dit-il. Tim Taylor, président du conseil d’administration du groupe Cim, souscrit à cette opinion et accueille positivement la nomination du nouveau ministre des Finances.

TROISIÈME FOIS AUX FINANCES

Pravind Jugnauth n’est pas un étranger à ce ministère. Il a occupé ce poste d’octobre 2003 à juillet 2005 sous le gouvernement MSM-Mouvement militant mauricien. Et de mai 2010 à juillet 2011, sous un gouvernement dirigé par Navin Ramgoolam. Du coup, il connaît bien les rouages. Cependant, sa marge de manoeuvre n’est plus la même aujourd’hui. Sa priorité est d’attirer suffisamment d’investissements directs et étrangers pour relancer la croissance, qui est historiquement basse depuis les cinq dernières années, soit à moins de 4 %.

Dans le même temps, il y a urgence à créer des emplois pour les jeunes. Un jeune sur quatre (de 16 à 24 ans) est aujourd’hui sans emploi, soit quelque 26 % d’un taux de chômage de 7,9 %. Sans compter la dette publique, dont le montant devrait se limiter à 50 % du PIB en 2018, et le déficit budgétaire appelé à baisser davantage. En 2015-2016, ce déficit s’élevait à 3,5 % du PIB.

Reste à savoir toutefois si des projets phares chers à Pravind Jugnauth, comme le concept de duty-free island, se retrouveront une nouvelle fois dans ce deuxième Budget de l’alliance Lepep.

Réponse avant la date butoir du 30 juin.