Publicité

La semaine vue par Gilbert Ahnee

7 février 2016, 08:21

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La semaine vue par Gilbert Ahnee

 

Lundi 01 février 2016

 

Z’avez vu en page 3 de l’express ? Grande convivialité entre le leader du ML et une militante. C’est sain une direction proche du coaltar…

 

Adopter ce pléonasme…

 

Tri sélectif. Par définition, un tri l’est nécessairement. Mais adoptons la tautologie si elle peut assainir notre gestion des déchets. Les nouveaux règlements quant aux sacs en plastique comportent, à leur Third Schedule, des normes – ASTM International, EN et ISO – pour les plastiques biodégradables et compostables. Il incombe au directeur de l’Environnement et, dans une certaine mesure, à celui de la MRA, de garantir le caractère sain du compost produit. Soit de la conformité aux normes des plastiques mis sur le marché. Tout cela est rigoureusement défini par la GN 233, amendant les Environment Protection (Banning of Plastic Bags) Regulations 2015. Reste à savoir si nous comptons prendre avantage des possibilités de recyclage que permet le tri séléctif.

Quel est l’intérêt des sacs en plastique compostable ? De toute évidence, de pouvoir les composter, d’en obtenir du compost, de promouvoir une agriculture biologique. Le principe du tri sélectif est d’avoir une filière pour le verre puis, l’ayant séparé du reste, mettre d’un côté ce qui n’est pas recyclable et, de l’autre, ce qui l’est. Sommes-nous prêts pour le recyclage complet du papier, des cartons, des emballages en métal et en plastique ? Si tant est que nous utilisions du plastique compostable, comment récupérer les sacs contenant des déchets pour les envoyer au compostage ?

Puis, dernière question : peut-on attendre du laboratoire des polymères de l’Université de Maurice une solution à base autre – sucre, algues ? – que l’amidon de pomme de terre ou de maïs ?

Mardi 02 février 2016

Un ministre des Finances membre du parti majoritaire, le Senior Partner, c’est plutôt la norme. Reste à savoir si SVL entend s’y conformer…

Ki kalite gard sa ?

Funny policing. On arrête sans preuves réelles, on détient pendant une dizaine de jours au titre d’une provisional charge, on libère finalement, sous caution, en dépit du fait que le prévenu est soupçonné d’être un terroriste. Tout cela va finir par nous coûter cher.

Ish Sookun est présumé innocent. Devant un tribunal, il incomberait à l’accusation d’établir sa culpabilité. Mais si elle était confrontée à un cas semblable, avec un accusé s’étant réellement livré aux actes qu’on lui reproche, notre police, sa brigade informatique, seraient-elles capables de confondre un coupable, d’établir sa culpabilité ? Nos hommes en uniforme disposent-ils réellement des compétences techniques pour enquêter de manière fiable dans l’univers technologique ? Si de réels malfaiteurs attaquaient le serveur d’une banque ou la base de données d’un service public, le savoir-faire de notre police serait-il suffisant pour qu’on ait quelque chance de retrouver les assaillants ?

Ish Sookun annonce des poursuites contre l’État. S’il était établi qu’il avait été arbitrairement privé de liberté, dans le cadre d’une enquête d’amateurs, insuffisamment documentée, quelle pourrait être la compensation accordée par les juges ? Si Ish Sookun, ou un autre demain, obtenait gain de cause pour privation arbitraire de liberté, ce serait le contribuable, le déficit budgétaire qui seraient encore atteints. Parce qu’une pratique – les provisional charges – et une incompétence s’allient en un déni de droit exécrable. Autre observation : alors qu’on a arrêté sans preuves convaincantes deux très plausibles innocents, il doit y avoir, au moins, un vrai coupable qui ricane.

Mercredi 03 février 2016

Quelle banque, quelle Credit Union, quel casseur décaisse subito presto les Rs 85 millions qui faisaient défaut à la Signora di Parma ?

Staging a revival

Revoilà de l’intérêt. De leur propre chef ou grâce au retour de l’Association internationale des maires francophones, nos collectivités locales semblent manifester un intérêt renouvelé pour la rénovation des théâtres de Port-Louis et de Rose-Hill. Les deux méritent d’être sauvés, les deux apporteraient une bouffée d’oxygène fort appréciable à nos arts de la scène et du spectacle. Mais force est d’admettre que le projet de restauration urbaine à Port-Louis peut faire de son théâtre davantage un asset pour la convivialité qu’une liability pour le trésor public. Faute d’un projet urbain – la galerie Max Boullé ouverte en soirée, le Café de Chine réinventé, un stade éclairé rendu au foot et à l’athlétisme, etc. – à Rose-Hill, le Plaza restera un joyau isolé. Plus vraiment à sa place dans une ville livrée au vacarme, à l’alimentation de masse, à l’anarchie le jour, à ses facettes les plus glauques dès la nuit tombée.

À Port-Louis, non seulement peut-on insérer un théâtre rénové dans l’offre de montée en gamme de l’espace urbain; bien plus, il est possible d’utiliser cet équipement culturel comme levier de valorisation de l’ensemble. Et il faut peut-être envisager la gestion des salles de spectacle disponibles – théâtre de Port-Louis, Citadelle, Plaza, Serge Constantin – de manière coordonnée. S’il a été possible de couvrir le court central de Wimbledon, il devrait être aisément possible d’en faire autant pour la Citadelle.

Il y a un projet – culturel mais aussi économique – à développer autour de nos scènes. Enjeu de convivialité.

Jeudi 04 février 2016

Un cabinet d’embauche indique les 12 métiers jugés les plus porteurs… mais il suffit d’une innovation… il y eut un avant puis un après iPad…

Arbitraire es-tu là ?

Libres de leurs opinions. Les Rohumally ne sont pas des agitateurs. L’époux, Hassenjee Rohumally, est très présent sur Facebook, principalement comme diffuseur de coupures de presse. Des informations qu’il considère importantes ou des opinions qu’il partage ou pas. À l’exception de sa phrase d’introduction, presque toujours plus neutre que polémique, il s’exprime, lui-même, assez peu. Cela n’a pas empêché le couple d’être incarcéré, accusé d’avoir diffusé de fausses informations au sujet de Showkutally Soodhun. De telles affaires servent-elles réellement la cause du pouvoir ?

Pour une raison qui lui est propre, l’amitié peutêtre, Hassenjee Rohumally a choisi de prendre avec un très gros grain de sel les accusations portées contre les entités du groupe BAI. Puisque nous ne sommes pas appelés à faire son procès en perspicacité, nous pouvons au moins reconnaître qu’il a droit à ses opinions. Et ce n’est pas en le tenant en détention, avec son épouse de surcroît, qu’on arrivera à le convaincre que l’arbitraire est exclu.

La diffusion par X – pour être plus juste, la rediffusion – sur Facebook d’une facture indiquant que la somme due par un ministre a été written off expose-t-elle X à des poursuites ? L’authenticité et la véracité du document peuvent-elles peser dans la balance ? En revanche, si le document était un faux, le plus pressant ne serait-il pas de remonter à sa source ? Qui est l’auteur de ce faux, pourquoi aurait-il tenté de manipuler Rohumally ? Ce dernier peut-il plaider la bonne foi ? Une vraie enquête.

Vendredi 05 février 2016

S’il y a bien des Bangladeshis sans papiers à Maurice, c’est qu’il doit y avoir aussi des employeurs prêts à les faire travailler au black…

As usual, no-nonsense

Pas obligés de revenir. On ne s’y attendait peut-être pas mais c’est sir Anerood Jugnauth qui l’a dit, ce vendredi : les lauréats peuvent aussi servir leur pays en restant à l’étranger. Alors qu’il venait de signer les documents officialisant la désignation des boursiers de la cuvée 2015, après avoir dit qu’il les encourageait à choisir des professions dont le pays aura besoin, le Premier ministre a suggéré qu’il comprenait que certains puissent choisir de ne pas revenir travailler à Maurice. Mais que cela n’excluait pas qu’ils soient néanmoins à son service.

Voici 50 ans, la plupart des étudiants ne revenaient pas en vacances de toute la durée de leurs études – même de longs cursus médicaux – mais ils se faisaient un point d’honneur de rentrer au pays à la fin de leur formation. Aujourd’hui, les plus privilégiés reviennent parfois pour un bref séjour dès leurs premières vacances de décembre. Mais ces mêmes étudiants, liés à leurs proches et à l’actualité du pays par Skype, Facebook, lexpress.mu, lslradio, Viber, WhatsApp and what not, ces mêmes étudiants peuvent très bien envisager de passer un mois tous les ans, auprès de leur famille, mais pas de travailler à Maurice.

Sans doute devons-nous approfondir les raisons pour lesquelles nos jeunes les plus prometteurs et les plus généreusement soutenus par le trésor public pour leur formation ont d’autres ambitions que de faire carrière chez eux. Avant de pouvoir modifier en profondeur les conditions qui nous valent cela, la perspective de SAJ mérite d’être explorée.

Samedi 06 février 2016

L’Amicale. Si les détenus étaient finalement disculpés, la police aurait-elle les moyens de retrouver les vrais coupables ? Libres depuis 99…

Trading rotis for puris

Floppy disks. Propos d’Ish Sookun au sujet des policiers de la IT Unit : «Ils ne comprenaient même pas des mots techniques, comme proxy […] comme si un client disait à un marchand que les rotis et dhollpuris sont pareils.» Au-delà de la jolie formule, subsiste une inquiétude, celle de savoir – ou d’obtenir confirmation – que notre unité censée combattre le crime digital manque singulièrement de moyens et de compétences pour cela. Dans son interview ce samedi à l’express, Ish Sookun décrit – en alignant quelques procédures simples – comment un cybercriminel peut se rendre invisible. De quoi frémir. Et raison de plus pour espérer une police maîtrisant les outils de délinquance en ligne.

FBI struggling to hire hackers who haven’t smoked cannabis,titrait le quotidien britanniqueThe Daily Mail, voici un peu moinsde deux ans. Et ce titre résumaitbien la situation de la policefédérale américaine : il lui fallaitabsolument recruter un nombreimportant de hackers prêts àpasser du bon côté de la légalité.Mais la plupart d’entre eux étaientdes pot smokers. En France, en Australie, en Grande-Bretagneet ailleurs, les autorités policières ont été obligées de considérerle recrutement de jeunes pétris de culture informatique et capables de penser comme les délinquants. Dont la plupart n’ont pas de diplôme mais ont les bons réflexes.

Faudra-t-il, à Maurice aussi, songer à recruter des clones d’Ish Sookun au sein de la police ? Histoire de ne pas confondre à nouveau badia et chana puri.