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Economie bleue: les défis face aux ambitions de l’Etat

2 septembre 2015, 19:19

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Economie bleue: les défis face aux ambitions de l’Etat

Créer 25 000 postes jusqu’en 2019 grâce à l’économie bleue, secteur qui a été jusqu’ici sous-exploité. Telle est l’ambition affichée du gouvernement. L’Indian Ocean Rim Association tient d’ailleurs le mercredi 2 et le jeudi 3 septembre une conférence consacrée à l’économie océanique dans la région. Scientifiques et hommes d’affaires, entre autres, débattront des possibilités qu’offre ce secteur appelé à devenir un pilier de l’économie locale.

 

Cependant, plusieurs contraintes pratiques et financières jonchent la route qui mène vers l’économie bleue. Elles ne sont pas insurmontables pour autant. Cela prendra du temps et de l’argent. Zoom sur quelques-uns de ces obstacles.

 

Infrastructures

 

Des 3 000 bateaux qui s’arrêtent à Port-Louis, environ 1 000 sont des bateaux de pêche. «Ils viennent pour les réparations, le réapprovisionnement, entre autres, et pour l’instant, nous sommes bien équipés mais pour un plus grand nombre de bateaux, il faut agrandir le port, faire le ‘bunkering’, les quais et plus de facilité de transbordement», dit Daroomalingun Mauree, ancien directeur de la pêche.

 

Ramalingum Maistry, président de la Mauritius Ports Authority (MPA), confirme que développer le port est incontournable. Les autorités misent, dans un premier temps, beaucoup dessus car ce sont les activités portuaires qui généreront le plus d’emplois et d’activités. Surtout avec la transformation de la zone Bain-des-Dames–Jin Fei.

 

Le port de pêche de Bain-des-Dames sera développé conjointement par les Chinois et les Indiens. À l’hôtel du gouvernement, l’on explique qu’une vingtaine de bateaux de pêche chinois exploiteront ainsi notre zone économique exclusive suite à un accord ratifié avec le gouvernement mauricien. Il y aura également une industrie de la transformation des produits de la mer

 

Compétitivité

 

Il ne faut pas oublier les ports équipés de Singapour, d’Afrique du Sud et des Seychelles qui sont aussi bien situés géographiquement. Il faut donc augmenter la visibilité de Port-Louis et proposer de nouveaux services à des prix compétitifs qui pourraient attirer les bateaux.

 

Pour l’heure, comparer Port-Louis aux ports phares de la région comme celui de Durban (Afrique du Sud) ou celui de Singapour, c’est comparer une fourmi à un éléphant. Du moins en termes de taille.

 

À n’importe quelle heure du jour, il y a pas moins d’un millier de cargos dans le port de Singapour, indiquent des données sur les activités de la Marine and Port Authority de Singapour. Toutes les 2/3 minutes, un bateau touche ou quitte le port de ce pays.

 

Singapour n’est pas producteur de carburant. Et pourtant en 2013, toujours selon les statistiques de la Marine and Port Authority de Singapour, son secteur d’avitaillement (bunkering) a permis de manipuler quelque 42 millions de tonnes de carburant, soit le volume de 17 000 piscines olympiques réunies.

 

Les ports de Singapour et de Durban se situent sur des trajectoires stratégiques de l’itinéraire de la marine marchande. Cependant, ce positionnement géographique n’aurait pas eu d’effet si les gouvernements de ces deux pays n’avaient pas investi massivement dans des projets de développement portuaire.

 

«On ne peut pas parler de compétitivité de Maurice comparativement à ces ports phares de la région», indique Gupta Gopaul, président de l’Association des Transitaires de l’île Maurice. «Pour atteindre un niveau de développement portuaire comme on l’a vu soit à Durban soit à Singapour, il aurait fallu que les autorités s’asseyent autour d’une même table et parlent un même langage.»

 

La position géographique de Maurice ne fait pas de Port-Louis un sérieux concurrent pour des ports phares de la région. Le port est en effet éloigné des lignes maritimes internationales. Qu’à cela ne tienne, le défi consistera à surmonter certains obstacles.

 

Main-d’œuvre

 

Le facteur temps est important, le moins de temps un bateau reste bloqué à quai, le mieux c’est pour l’armateur. Pour offrir un service rapide, il faut une main-d’œuvre qualifiée et des équipements modernes. Le secteur étant en expansion, il faut une formation afin d’assurer un meilleur service.

 

Sécurité

 

Le problème de la piraterie est plus ou moins contrôlé même s’il n’est pas éliminé : «S’il y a trop de piraterie dans la région les bateaux de pêche ne viendront pas, c’est important de mettre des ressources pour la surveillance», fait ressortir Daroomalingun Mauree. Pour cela nous avons le patrouilleur Baracuda et le programme de la Commission de l’océan Indien pour la surveillance dans la région.

 

Financement

 

Pour développer le port et d’autres secteurs de l’économie bleue, comme la biotechnologie ou la pharmaceutique, il faut attirer l’investissement. Les investisseurs prendront-ils le risque de venir vers un petit marché comme Maurice ? «Nous avons de gros compétiteurs qui ont le potentiel», dit un consultant en sustainable development. Selon lui, il faut des partenariats avec des pays tels que Dubayy, Singapour, entre autres.

 

Prix du carburant

 

Le prix du carburant à Maurice serait à près de 60 % plus cher qu’à Singapour et en Afrique du Sud. De quoi décourager les bateaux à s’arrêter à Port-Louis.

 

Des données obtenues auprès des sources proches du gouvernement, il ressort que le prix le plus bas d’une tonne de carburant à Maurice est supérieur de $84 du prix pratiqué par Singapour, qui est de $291 par tonne. L’écart entre le prix le plus élevé d’une tonne de carburant à Maurice, soit $468, est supérieur de $171,5 du prix pratiqué à Durban, soit $269,5.