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Le duel père-fils…

21 août 2016, 11:00

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Donc, au-delà du match Bhadain-Sanspeur, le nouvel acte de la comédie burlesque du MSM nous propose de suivre l’épisode d’un ministre voulant défier son leader. Si ce n’est pas ça, on se demande comment qualifier la déposition de Bhadain contre Sanspeur, sachant que Pravind Jugnauth lui-même a défendu son conseiller en confirmant que celui-ci avait agi avec son consentement.

 Question : est-ce que les contours de cette guerre se limitent aux deux protagonistes Pravind-Roshi ? Ou devrait-on pousser davantage la lecture pour y voir une incroyable bataille de rapport de forces entre le Premier ministre et le leader du MSM ? Bref, assistons-nous à une divergence d’opinion père-fils dans la gestion des affaires, débouchant sur cette crise dans les arcanes du pouvoir ? Une question qui mérite d’être posée à voir les postures contraires des deux Jugnauth. Ainsi, c’est SAJ lui-même qui a tenu à révéler à l’Assemblée nationale sa tristesse devant la suppression de l’Heritage City, un projet qui lui «tenait à cœur».

Mais, parce qu’«exerçant dans une société démocratique», il s’est, dit-il, incliné devant une «décision collective». Il ne faut pas chercher loin pour voir, dans cet état d’âme, un soutien envers le tonitruant Roshi Bhadain qui s’est d’ailleurs précipité pour répandre la déclaration de SAJ sur sa page Facebook, en n’oubliant pas de remercier «wholeheartedly for your support» ceux qui ont cru en son travail “entrusted” par le Premier ministre.

Quand on sait que c’est le conseiller de Pravind Jugnauth qui a tranquillement préparé le cercueil de l’Heritage City, avec l’accord du leader du MSM qui, dès les premiers tirs croisés Bhadain/Sanspeur, a soutenu avec force son conseiller («ou al lor board kouma maryonet ou pou al travay ?»), on peut s’interroger sur le fond de la guerre. Est-ce que Roshi Bhadain et Gérard Sanspeur ne seraient finalement que des boucliers entre deux capitaines, l’un dirigeant le pays, l’autre le MSM, que sont le père et le fils ? Car c’est une situation invraisemblable à laquelle on fait face. Un ministre de la République qui consigne une déposition contre le conseiller de son leader. Et ce, en n’étant pas dupe que ledit conseiller a le soutien du leader du parti soleil ?

Il n’y a pas une centaine d’options. Soit Bhadain – forcé à mettre fin à ses agitations intempestives depuis le retour en force de Pravind Jugnauth, et n’ayant rien à perdre, après avoir tout tenté, y compris un grotesque baisemain – veut se transformer en un kamikaze politique, soit il s’est assuré du soutien du Premier ministre qui, jusqu’ici, est un des rares à se montrer publiquement solidaire de son ministre de la Bonne Gouvernance. SAJ n’a-t-il pas, après avoir témoigné de sa tristesse devant l’enterrement de l’Heritage City, traité ceux qui ont critiqué le gouvernement sur la renégociation du traité de non double imposition avec l’Inde d’«hypocrites et égoïstes» ? Quand on sait que c’est le même Bhadain qui a mené les discussions avec la Grande Péninsule, ne devrait-on pas voir là un autre signe bienveillant de SAJ envers le ministre de la Bonne gouvernance ?

On aura aussi noté que, pendant que Pravind Jugnauth a déclaré, hier, sur le clash Bhadain/Sanspeur, qu’il prend les choses en main, SAJ, lui, dans une déclaration au Défi, a affirmé qu’il «res lwin ar sa». Incroyable, surréaliste, inconcevable qu’un Premier ministre assiste passivement à ces salves qui embarrassent son gouvernement  au plus haut point, sans qu’il ne juge utile de faire une déclaration publique. Une fois de plus, tout comme dans le clash Bhadain/Lutchmeenaraidoo (un Lutchmeenaraidoo proche de Pravind que SAJ n’a pas manqué d’égratigner en affirmant au Parlement que le Budget de son ancien ministre des Finances était irréalisable !!!), le Premier ministre démontre la fragilité de  son leadership. Si ce n’est un certain isolement au sein de son propre cabinet à l’écouter avouer qu’il doit se ranger du côté de la majorité.

En clair, se dessinent donc deux camps au Sun Trust : celui du père d’un côté et celui du fils de l’autre. Pile : le Premier ministre apportant son soutien à Bhadain. Face : Pravind Jugnauth aux côtés de Sanspeur. Qui sortira gagnant de cet affrontement dont l’opinion publique voudrait s’en passer tant il retarde la progression du pays ? À écouter Bérenger qui, hier, en conférence de presse, s’est acharné contre la lâcheté de SAJ, il semble avoir, lui, déjà choisi son camp, après avoir oublié – comme à son habitude – ses diatribes contre celui qu’il considérait, hier encore, comme un ti crétin…