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L’unité syndicale : une utopie ?

7 juillet 2016, 15:50

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L’unité syndicale : une utopie ?

 

On parle d’unité syndicale à outrance et cela depuis des lustres… Y a-t-il lumière au bout du tunnel ? Prend-on des actions concrètes pour y arriver ? Arrivera-t-on vers un semblant d’unité ? Le temps nous le dira.

L’unité est somme toute une des grandes faiblesses du mouvement syndical. Il s’est produit un phénomène de scission et de fragmentation des syndicats, ce qui a bien amoindri leur efficacité, leur représentativité et leur crédibilité. Il existe neuf confédérations syndicales, 29 fédérations syndicales et plus de 400 syndicats pour une population active de 600 000 personnes. Qui plus est, la grosse majorité des travailleurs mauriciens ne sont pas syndiqués.

Le taux de syndicalisation n’avoisine que les 20 %. Ces confédérations/fédérations et autres syndicats se font concurrence au seul bénéfice des adversaires du bien-être des travailleurs, c.- à.-d. les employeurs. Et aussi des institutions, tels le PRB, le NRB, les comités de travail, tels ceux déterminant la compensation salariale et autres salaires minimaux.

La création aléatoire d’organisations non représentatives, inefficientes et inefficaces est devenue au fil du temps une source de division, de confusion et d’abus dans le monde syndical. Cette prolifération excessive découle de plusieurs facteurs dont l’ambition égoïste de plusieurs dirigeants syndicaux, qui se cachent derrière le concept du pluralisme syndical dans une démocratie, en amont des termes de la convention n°87 de l’OIT.

Syndicat concurrent

Une autre raison de la fragmentation des syndicats découle aussi de l’irresponsabilité et du manque de scrupule de plusieurs dirigeants au sein du mouvement syndical qui ne font que s’accrocher aux directions. Plusieurs syndicats ont été artificiellement créés et se sont encore scindés en raison d’individus à la recherche de gains personnels de nature financière qui établissent leur propre organisation, souvent virtuelle, et y assoient leur autorité. Battus souvent lors des élections syndicales, dans les rares organisations où existent des élections démocratiques, ils n’acceptent pas leur défaite et souvent ils quittent l’organisation pour former un syndicat concurrent.

Ce qui amène les travailleurs à ne plus faire confiance à leurs syndicats. Surtout ceux qui sont aux aguets pour des nominations dans des boards avec allocations juteuses et d’autres qui agissent comme pigeons voyageurs, avec des affiliations obtenues auprès des organisations internationales sur des chiffres exagérément gonflés en termes de nombre de membres. Comment attendre qu’on fasse confiance à des syndicalistes qui transitent à Maurice et d’autres qui se bombent le torse pour avancer qu’ils ont plus de 150 voyages dans leur escarcelle, beaucoup plus que le ministre des Affaires étrangères ?

Avant la cérémonie de remise du rapport du PRB 2016 au ministère de la Fonction publique le 1er avril 2016 par le ministre Alain Wong, plusieurs syndicalistes du secteur public firent un show grotesque en criminalisant le rapport et son directeur et en donnant le mot d’ordre de boycott de la cérémonie. Tout cela devant un parterre de journalistes. Les hurlements et les récriminations se firent entendre dans tous les bureaux et les fonctionnaires prirent peur, surtout avec l’arrivée des dizaines de policiers. Aussitôt le ministre installé pour sa conférence de presse, plusieurs syndicalistes qui chahutaient et le critiquaient se trahirent. Contre toute attente ils prirent place aux côtés du ministre. En fin de compte, tous ceux quiavaient agencé le show se solidarisèrent avec le ministre et se bousculèrent pour se prendre en photos en sa compagnie. Grotesque, vous dites ?

D’autres syndicalistes commencèrent une grève de la faim «illimitée», mais qui se termina seulement après 36 heures, sans avoir récolté quoique ce soit de positif en faveur des travailleurs. Tout cela n’augure rien de correct pour les travailleurs. Une réflexion profonde pour faire de l’unité syndicale le fer de lance de la nouvelle stratégie s’avère plus qu’importante.

Le chemin vers cette unité d’action passe par des configurations intersyndicales très diverses qui doivent être respectées. Il passe aussi par une implication sincère de gens sincères qui bâtiront un pacte social de progrès en faveur des travailleurs, avec des revendications qui le charpentent : le statut des travailleurs, le partage des richesses, la protection sociale et les solidarités intergénérationnelles, le développement des services publics et de la fonction publique, la défense de nos métiers, le pouvoir d’achat, la réforme de l’Éducation, la laïcité et la construction d’une société inclusive où chacun trouverait sa place.