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L’exemple vient d’en haut

1 octobre 2015, 09:03

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Quinze ans après avoir annoncé son ambition de devenir une cyber-île, Maurice se rend compte qu’elle a encore du chemin à faire. Pour rattraper son retard, elle a décidé de se tourner vers les pays nordiques.

 

C’est ainsi qu’une délégation mauricienne se trouve actuellement en Estonie afin de s’inspirer des meilleures pratiques en matière de technologies de l’information et de la communication (Tic). Une initiative qui est bien accueillie par l’industrie. D’autant plus que depuis des années, les opérateurs ne cessent de réclamer la mise en place d’une stratégie pour la relance du secteur des Tic. Un secteur dont la croissance est descendue sous la barre de 8 % depuis quelques années.

 

Pour comprendre la motivation des autorités mauriciennes, il faut appréhender le modèle estonien. Cet État d’Europe du Nord, avec pratiquement la même population que Maurice, a réussi depuis son indépendance, en 1991, un véritable tour de force numérique. Le parallèle avec Maurice que nous dressait il n’y a pas si longtemps le CEO de Ceridian, Vidya Mooneegan, est d’ailleurs plus que frappant.

 

L’Estonie compte aujourd’hui plus de 10 000 chercheurs en informatique, alors que notre île n’en relève qu’à peine 700. Si son industrie des Tic génère des recettes de $ 4 milliards, en revanche, chez nous, elles ne sont que de $1 milliard, soutient le chef d’entreprise. Cette réussite trouve non seulement écho dans les économies les plus avancées de la planète, mais suscite également une certaine admiration. Rien de surprenant lorsqu’on sait que la plateforme Skype a été développé avec le concours de trois programmeurs estoniens.

 

Il n’y a pas que Skype ! L’Estonie peut également se targuer d’avoir réalisé avec succès la numérisation de toutes les démarches administratives ainsi que le lancement de la signature numérique. Une innovation qui permet à sa population d’accéder aux services gouvernementaux sans avoir à se déplacer et encore moins à subir les longues files d’attente, comme c’est le cas chez nous.

 

De passage à Maurice en avril dernier, l’ambassadeur de l’Estonie en Afrique, Juri Kahn, expliquait à Business Magazine que ces avancées technologiques ont non seulement résulté en des gains de temps mais ont aussi impacté positivement son économie. Selon lui, la numérisation des services publics s’est traduite en une hausse de 2 % du produit intérieur brut. Sans compter son incidence sur la productivité.

 

Maurice veut certes apprendre des Estoniens mais encore faut-il avoir la même volonté. Car si l’Estonie a accompli des progrès significatifs, alors qu’à Maurice nous sommes toujours à esquisser les contours d’une île intelligente depuis plus d’une décennie, c’est grandement en raison d’un manque de détermination politique.

 

Gageons que la délégation qui a fait le déplacement en Estonie ne ramènera pas que des souvenirs dans ses valises mais également la recette de l’e-governance dont l’une des principales caractéristiques est la transparence. À cet effet, Juri Kahn nous confiait que les lois de son pays exigent «de certains groupes de citoyens, dont les politiciens et les hauts fonctionnaires, qu’ils rendent publics leurs avoirs».

 

Des informations accessibles gratuitement à la population sur les sites gouvernementaux. Voilà de quoi inspirer les nettoyeurs !