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L’oligarchie politique à l’île Maurice: un mal répandu ou un lien qui nous tient

23 septembre 2015, 15:44

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L’oligarchie politique à l’île Maurice: un mal répandu ou un lien qui nous tient

À Maurice, nous sommes dans une situation d’alerte face à l’ampleur de la dynastie politique. Le but de cet article est de situer cette oligarchie politique afin de faire un constat, d'engager une réflexion et de s’engager dans une action soutenue d’un esprit réconciliateur dans l’intérêt du pays.

 

L’orientation de l’oligarchie politique

 

L’oligarchie politique s’oriente vers un système politique dans lequel le pouvoir se restreint à un petit nombre d’individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, on a vécu une opposition à une monarchie (gouvernement d’un seul) et à une oligarchie (gouvernement de quelques-uns). On s’est battu pour une démocratie (gouvernement de tous). (Adapté du Centre national de ressources textuelles et lexicales).

 

De nos jours, on retrouve l’oligarchie politique au niveau d’une dynastie familiale. Aux États-Unis, après son père et son frère, Jeb Bush se lance pour être le candidat républicain à la présidence.

 

Étaler l’oligarchie politique au grand jour

 

Je me réfère à l’éditorial de Nad Sivaramen dans l’express du 8 août 2015, titré : Nos champions de l’oligarchie politique qui établit entre autres le phénomène de cette mainmise de la direction des partis politiques. A priori, il suscite notre prise de conscience.

 

J’accueille les propos de l’interview de José Moirt dans l’express du 14 août 2015. Ce lancement de «Zot Tu Parey» s’élève contre cette oligarchie des partis politiques. Son but est de situer le débat et d’émettre la responsabilité à tous car il lance les principes de «ki nu pou fer ek ki nu kapav fer

 

Raj Meeterbhan de son éditorial Procèdes Monarchiques dans l’express du 9 septembre, parle des droits résolus de Pravind Jugnauth quant à l’utilisation d’un garde de corps et d’une voiture officielle. Ceci démontre une conséquence de cette oligarchie politique. On s'interroge sur le bon sens, l’utilité et la légitimité de cette démarche. Toutefois, on salue la déclaration du lea- der du MMM, qui affirme que sa famille et lui sont contre les dynasties politiques. Au-delà des bonnes intentions, il s’agit de l’action de cette démocratie politique.

 

Se situer dans le contexte mauricien

 

La direction des partis politiques est basée sur la famille du leader historique - du père au fils. Actuellement, on a le PTR de Ramgoolam, le PMSD de Duval et le MSM de Jugnauth.

 

La scène politique s’appuie sur le charisme du leader. Ainsi, malgré les défaites et la perte d’influence dans le pays, les leaders maintiennent leur prise au pouvoir le plus longtemps possible. Ainsi, on parle du symbole historique de la parenté du leader comme successeur éventuel au leadership du parti.

 

Au-delà de la perception, les grands partis politiques sont dirigés par des dynasties familiales. Cette oligarchie s’amplifie à l’encontre de la compétence des autres éventuels leaders.

 

Les retombées sur les partis politiques

 

L’oligarchie politique à la mauricienne, fait du tort à la démocratie et à la méritocratie. Tout ceci cause le dérapage des principes de «succession plan» et de bonne continuité d’un parti politique. En attendant que le fils soit prêt à prendre le flambeau du parti ou de passer le relais aux siens, on s’entoure d'adjoints temporaires.

 

Cependant, on se demande ce qu'il adviendra du PTR de Ramgoolam car il n’a pas de fils, du MSM de Jugnauth dont l’avenir dépendra des retombées de la cour d’appel et du MMM de Bérenger qui attend qu’un des siens lui emboîte le pas. Désormais, on se retrouve avec des leaders qui n’ont pas de successeurs apparentés. Verra-t-on un renouveau du leadership de ces partis ?

 

L’étendu de l’oligarchie politique

 

De cette oligarchie politique qui se concentre sur la dynastie familiale, il y a la possibilité d’une dictature et de népotisme avec effet de l’usure du pouvoir. Le plus inquiétant est l’ampleur et l’étendue dans les affaires du pays. C’est la prolifération de l’oligarchie comme une oligarchie d’influence financière, de contrôle et de monopole. Dans ce sens, l’oligarque use de la loi, une pratique invisible mais soutenue et qui devient une pratique acceptable.

 

On se demande si les décideurs politiques ne cherchent pas davantage à sauvegarder leurs intérêts personnels et familiaux en se servant de l’appareil d’État. C’est un danger grandissant qui va à l’encontre de la bonne gouvernance. Ce qui est susceptible d’entraver la justice sociale et de briser la relance économique du pays. Ainsi, on se doit d’être vigilant et de prendre les mesures qui s’imposent.

 

L’héritage du leader historique

 

De l’ampleur de l’oligarchie politique, on s’appuie sur l’héritage et l’attachement au leader. Ainsi, le proche du leader part avec un avantage par rapport à son encadrement politique. On parle de «dilo swiv kanal» ou de «sa piti so papa». L’héritier a vécu son apprentissage sous la férule de son père et souvent attire l’enthousiasme de la classe politique.

 

Cependant, le fils qui devient leader a son propre style de leadership de par sa personnalité et sa génération. Certes, il y a le «Nature and Nurture». Il existe d’autres personnes compétentes qui ont le potentiel d’être «Nurtured» et qui ont une affinité sociale et politique. Cependant, de cette inégalité initiale, il faut pourvoir une égalité dans le processus afin de gérer les meilleurs éléments au décompte final. Il y a d’autres Ramgoolam, Duval, et Jugnauth in the making si on les laisse venir à l’avant-plan.

 

Un trait d’union avec la nationalité mauricienne

 

On se fait à la réalité mauricienne de par sa culture, sa religion, son éducation, son entourage et l’héritage de ses ancêtres. On s’affirme en alignant, entre autres, l’attrait d’une affinité ethnique ; sa classe sociale; l’appartenance de son association parfois sectaire; l’identité de son statut au sein de la diversité mauricienne.

 

On se demande où se trouve le mauricianisme de notre société. Nelson Mandela soutient : «It falls upon a generation to be great. You can be that great generation. Let your greatness blossom. » Cependant, il faut se doter de la volonté d’agir. Je citerai Martin Luther King : «There comes a time when one must take a position that is neither safe, nor political, nor popular, but one must take it because his/her conscience tells him/ her that it is right.»

 

En résumé

 

Pour conclure, je dirai qu’il faut avoir un esprit éclairé pour un équilibre et un partage équitable afin de donner la chance à tous. Il serait prudent de faire une synthèse entre l’oligarchie sans opposition et l’abolition de cette pratique. Au-delà d’un leadership responsable et de la mesure du «power to the people», j’ajouterai que «nu diferan ek nu pu amen vrai zansman».

 

C’est sans doute, pour effacer l’ampleur du «laisser-faire», et d’affirmer que de vrais changements sont à la portée d’un peuple uni et de bonne volonté. Il serait utile d’établir les meilleures conditions pour un «succession plan of action» aux principes d’un «great and valuable leadership» pour maintenir la continuité d’un parti politique. Il faut reconnaître les retombées du passé et nous remettre à une réconciliation vers une résolution pragmatique pour une maturité politique digne de nos espérances.

 

Que ce peuple pluraliste sache faire primer sa sensibilité vers l’épanouissement de son destin avec le sens du «togetherness in mastering our destiny». On se doit de passer de la passivité de Human being à l’action de Human Doing pour nous mener concrètement vers un avenir meilleur.