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« Nul n’est censé ignorer la loi »

24 juillet 2015, 14:38

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Mon cher Lindley,

 

J’ai pris connaissance de ta lettre ouverte.  Je suis en mission à l’étranger, mais je ne pouvais pas ignorer l’intérêt que tu me portes. Comme le dit si bien Sartre, « j’admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté ». 

 

En considérant tes propos, j’hésite entre aveuglement volontaire ou idéalisme naïf. Ton courrier me rappelle a priori les mots prononcés par César à Brutus quand il reconnaît la traîtrise de son ami intime. Néanmoins, je ne me laisserais pas influencer par la tragédie romaine et je n’ai pas l’intention de ‘play the roman fool and die on mine own sword’. Tu as sacrifié sur l’autel d’une obscure observation politique, une amitié sincère. 

 

Mon cher Lindley, ton discours ressemble étrangement à ceux qui se comportent en donneurs de leçons. Ce n’est pas que je suis fâché contre toi, fin intellectuel que tu es, mais je suis profondément surpris du dédain que tu portes pour notre gouvernement, à travers moi et mes collègues. Certes, si je ne m’attendais pas à des complaisances à mon égard, la perversion de la vérité dont tu sembles être victime, est ahurissante. Il est facile de faire un plaidoyer tranquillement installé dans son fauteuil, mais en politique, l’effort et l’action sont néanmoins recherchés. 

 

Cher ami, ta citation de Friedrich Nietzsche me paraît lourde de sens. Dois-je comprendre que tu souhaites que ce pays à peine sorti de l’ère malsaine sous Ramgoolam soit voué à de sinistres lendemains.

 

Mon cher Lindley, l’imperfection de la philosophie de Nietzsche qui annonçait des prédictions fiévreuses et dénonçait la rigidité des lois, la raideur des codes, la cécité de la justice ou la sévérité des sanctions ne s’agit là d’un éthylisme intellectuel, heureusement assez rare. 

 

Néanmoins, tu comprendras que les crises et périls auxquels le système institutionnel doit faire face, soit en son appareil législatif, réglementaire ou même jurisprudentiel témoignent de ces difficultés bien réelles. Contrairement à la philosophie et les sinistres prédictions de Nietzsche, ce serait manquer de probité intellectuelle que de jeter l’opprobre aux intentions de notre gouvernement, qui a un mandat sans ambiguïté de rétablir et maintenir l’ordre public et prévenir toutes dérives. Puis-je aussi te rappeler que ‘la voix du peuple est la voix de Dieu’.

 

Permets-moi de relever ton si juste « nul n’est au dessus de la loi » et puisqu’on y est, je te rappelle aussi que « nul n’est censé ignorer la loi ». Malheureusement, tu fais dans la surenchère d’analyse approximative sur la séparation des pouvoirs et de notre dispositif judiciaire. Ton exposé sur les « dérives du pouvoir » est d’une légèreté déconcertante. Entre calomnies, jugement caricatural et épithètes, le rôle de l’offusqué idéaliste te sied mal. 

 

Mon cher Lindley, tes propos sur ma personne et notre gouvernement témoignent, d’une sympathie a peine voilée pour cette campagne de dénigrement et de déstabilisation orchestrée par nos adversaires et leurs nouveaux alliés du jour. 

 

Cependant, je voudrais te rassurer que l’insolence de ton verbe ne pourra jamais m’obliger à sacrifier les exigences de ma conscience. Mon parcours de citoyen, comme tu l’as bien décrit dans ta lettre, a été une lutte dévouée à « l’amélioration de la vie de la cité ». Aujourd’hui encore, et pendant les six derniers mois, je lutte avec la même détermination et rigueur contre un système putride, pour assainir notre cher pays. 

 

Cette bataille, je l'ai choisie! C'est de faire de mon pays un état de droit où il fait bon vivre. Et ce fut ma vision quand j'ai pris les rênes de mon Ministère. Ayant découvert tout ce qui a été rendu public, mon cher ami, et ayant jugé les enjeux, on avait le choix de passer l'éponge ou de passer au revêtement. Si on avait choisi la première option, on aurait été complice comme ceux d’avant. Tu noteras comme moi que c’est un combat très long, rempli d’épines et qu'on devra œuvrer vers la patience.

 

In fine, j’ai la profonde conviction que le peuple reconnaît que je travaille dans l’intérêt de ma patrie. J’ai choisi de ne pas flancher aux rythmes des paroles.

 

Amitiés.

 

Roshi

 

24 Juillet 2015.