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Journée mondiale de la liberté de la presse: les politiciens et la presse

2 mai 2015, 08:51

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Les politiciens et la presse entretiennent, ici et ailleurs, un rapport tumultueux. Ils n’arrêteront jamais de polémiquer ou de se chamailler. Cet antagonisme, indispensable à la tonicité de la démocratie, est exacerbé quand l’un devient acide envers l’autre et verse dans l’extrême. Alors la bave devient venin, et le vitriol remplace l’encre. 

 

C’est un fait reconnu que quelques journalistes lynchent et étripent avec délectation des politiciens qu’ils finissent le plus souvent par ruiner et abattre. Il existe des politiciens, enivrés et endiablés par le pouvoir, qui vilipendent des rédactions qu’ils désignent à la vindicte publique, pour ne pas dire partisane. Une telle paranoïa est quelquefois suivie d’actions coercitives. 

 

Dans ce ‘duel’, le politicien, quand il n’utilise pas l’appareil d’Etat pour brimer la presse, cherche l’appui de ses partisans les plus enflammés pour la réprimer. L’organe médiatique, usant de sa force de conviction, s’évertue à gagner à sa cause la société civile ou une opinion publique toujours éprise de justice. Dans la plupart des cas, c’est la presse, et non le politicien, qui aura le dernier mot. Ce serait donc inintelligent, voire risquant, de déclarer la guerre à un journal ou une radio, par exemple, si l’on n’a pas des raisons et arguments fondés, donc solides. Il y a des politiciens qui sont trop orgueilleux et haineux pour comprendre qu’il faut faire de la presse un allié ou, tout au moins, un contradicteur valable. C’est vraiment hypocrite de vomir sur un journal et le boycotter pour ensuite inviter ce même journal à couvrir sa conférence de presse ! On a le droit  de contester un titre, de le traîner en cour pour préjudice, mais on ne le punit pas pour ses opinions et prises de position. On peut ne pas être d’accord avec un membre du corps journalistique, ou même ne pas l’aimer, mais le menacer, s’en prendre à lui physiquement ou l’empêcher d’exercer son métier, c’est du terrorisme. 

 

La presse mauricienne assume bien ses responsabilités en général. Elle jouit d’une belle liberté, mais pas celle de mettre en péril l’harmonie sociale, de blesser les sentiments d’une communauté, de flétrir la réputation d’honnêtes gens. Elle a ses imperfections, ses amateurs et ses histrions. Ses mercenaires et solliciteurs véreux aussi. Alors que, fondamentalement, un journaliste doit faire preuve de grande probité, être au service de la vérité et conserver son indépendance. 

 

Réjouissons-nous de la résurrection du Media Trust, autre victime de délire politique, chloroformé sans aucune explication pendant neuf ans. Outre la formation et la responsabilisation de ses membres, cet organisme aura à enjoindre les journalistes en particulier à ne pas enfreindre la déontologie. Il est impératif qu’ils rehaussent leur image et se fassent respecter.

 

Mieux vaut composer avec la presse que la sous-estimer. Sa liberté, elle nous l’offre. A nous d’en profiter au lieu de la rejeter avec dédain. En décembre 2014, des politiciens, trop sûrs de la victoire, avaient avec mépris refusé tout débat dans les médias. Ils avaient même insulté et ridiculisé des journalistes. Résultat? L’électorat, qui lit les journaux et écoute les radios, leur a flanqué une raclée historique.

 

La presse accompagne celui qui l’accompagne. Elle anéantit celui qui veut l’anéantir. Elle fait et défait. Elle est le pouvoir qui détruit le pouvoir.