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Redevabilité, une exigence qui s’impose

24 octobre 2014, 10:16

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Alors que les promesses fusent en ce temps de campagne électorale, un peu à la manière des champignons qui apparaissent après la pluie, notre attention a été attirée par une annonce. Celle-ci porte sur la révision du code de gouvernance d’entreprise datant de 2004. L’objectif étant de maintenir la réputation de Maurice. Voilà qui devrait nous rassurer !

 

Pour ce faire, le ministère des Finances et du Développement économique a chargé un cabinet britannique de mener les consultations en vue de mettre à jour ce code vieux de 10 ans. D’ici à février 2015, nous devrions être en mesure d’y voir plus clair, lorsque les révisions proposées seront publiées.

 

À notre sens, un pays qui aspire à être un modèle pour ses pairs ne devrait pas se contenter de quelques retouches à son code de gouvernance d’entreprise. Au contraire, nous devons être plus ambitieux et aller plus loin dans notre action car nombre de maux dont souffre notre société aujourd’hui sont liés à une crise de gouvernance.

 

Le rapport de l’Audit, dont nous attendons toujours de voir une copie, malgré le fait que le bureau du Premier ministre a indiqué que le document a été soumis au Clerk de l’Assemblée nationale le 5 septembre 2014, devrait certainement relever les manquements et les gaspillages de fonds publics, comme c’est le cas chaque année. Plusieurs scandales révélés ces dernières années sont d’ailleurs illustratifs de cet état de fait.

 

Partant de ce postulat, il est clair que la gouvernance ne se résume pas qu’à une affaire d’entreprise, qu’elle soit privée ou publique. Il est donc impératif de prendre les mesures qui s’imposent pour éviter de commettre les mêmes erreurs. La campagne électorale est l’occasion pour l’électorat d’être plus exigeant envers ceux qui aspirent à se mettre à son service.

 

Au lieu de se réjouir des promesses qui risquent d’hypothéquer l’avenir des futures générations, il est temps de réclamer une loi sur la performance et les résultats de l’administration publique, à l’instar de la Government Performance and Results Act promulguée par les États-Unis en 1993.

 

Une telle législation, si jamais elle est introduite à Maurice, ne manquera pas d’entraîner dans son sillage une révolution de palais. Les habitudes et les pratiques qui freinent le développement céderont la place à une nouvelle mentalité. D’ailleurs, nous estimons que celle-ci s’imposera d’elle-même, car seront redevables devant la loi tous ceux qui sont responsables de disposer de l’argent des contribuables et de mettre en oeuvre les mesures gouvernementales. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. La preuve, en l’absence de cette notion de redevabilité, le directeur de l’Audit continue de prêcher dans le désert.

 

Or, la modernisation de la gestion publique, comme l’ont promis certains dirigeants politiques, ne pourra se faire sans l’imposition de cette obligation de rendre compte dans l’exercice d’une responsabilité.

 

Il y a eu des tentatives dans le passé d’exercer un meilleur contrôle sur les finances publiques à travers le Programme-Based Budgeting notamment, mais le résultat laisse à désirer. Du fait que les indicateurs de performance ne sont pas très souvent respectés par manque de suivi ou de compétences au sein des ministères. Il a aussi été démontré qu’une mauvaise formulation des politiques et un manque de coordination peuvent donner lieu à des incohérences.

 

C’est à la classe politique de changer la donne. En aura-t-elle la volonté ? Attendons la fin de la saison des promesses pour le savoir !